Découvrez quel est le véritable nom de Dieu. Quelle est la signification et la symbolique du tétragramme YHWH dans la Bible hébraïque ?
La première lettre du tétragramme YHWH (on vous explique tout dans L’éclairage pas de panique) se prononce /ya/.
Or le mot alléluia (« hallelujah » en anglais) signifie littéralement Louez Ya, autrement dit : « Louez Yahvé ». Comme ça vous y penserez la prochaine fois que vous le prononcerez ou que vous entendrez cette reprise fameuse de Jeff Buckley !
Cet épisode intervient peu après le buisson ardent.
Moïse dit à Dieu :
— Voici, j’irai vers les fils d'Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. Mais ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirai-je ?
Et Dieu dit à Moïse :
— Je suis celui qui suis. Il dit : Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : « Je-suis » m’a envoyé vers vous.
Dieu dit encore à Moïse :
— Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : YHWH, le Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous — c’est mon nom pour toujours, c’est mon mémorial de génération en génération. Va, rassemble les anciens d’Israël et tu leur diras : YHWH, le Dieu de vos pères, s’est fait voir à moi, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.
Si on vous demande quel est le nom de Dieu dans la Bible, vous allez peut-être simplement répondre : Dieu. Et bien non. Dans les traductions de la Bible, le nom commun « dieu »* est devenu un nom propre, « Dieu », mais ce n'est pas le cas dans la Bible en hébreu.
*Ce nom commun « dieu » vient du latin deus. Des comme le grec Zeus semblent vouloir dire originellement « lumière », « jour ».
Alors du coup on s’est posé la question :
On attribue de nombreux noms à Dieu dans la Bible hébraïque, en voilà au moins trois :
C'est une même conception du nom divin qui traverse toute la haute antiquité en Orient et au Proche-Orient : si quelqu'un connaît le nom de son dieu, il peut s'adresser à lui, le rendre présent et bénéficier de son pouvoir. Pour cette raison, la révélation du nom divin est une grâce.
Sur l’impossible connaissance du nom de Dieu : Eschyle s’exclame : « Zeus... quel que soit son vrai nom, si celui-ci lui agrée, c’est celui dont je l’appelle » (Agamemnon, Invocation à Zeus pendant la parodos).
Or, quand Moïse demande à Dieu son nom au buisson ardent, la réponse a de quoi laisser pantois : « Je suis celui qui suis » Puis Il donne son nom : « YHWH ».
L’une des interprétations juives est que Dieu lui-même ne donne pas son nom, ineffable, et se dévoile en se voilant. Cette révélation serait marquée d’une ironie profondément pédagogique.
Le « Nom » est tout ensemble (attention deux termes très compliqués mais très stylés) cataphatique et apophatique :
Si Dieu donne son nom, la tradition rabbinique assure cependant que ce nom ne pouvait être prononcé hors de l’enceinte du Temple. Voilà pourquoi on continue d’écrire sans les vocaliser ces 4 lettres : YHWH.
Alors les Français, incorrigibles, ont quand même tenté des vocalisations : Yahweh Yahvé ou sont les reconstitutions les plus communément admises.
Autre vocalisation du tétragramme : « Jéhovah ». Cette vocalisation problématique a été popularisée en particulier dans les traductions anglaises de William Tyndale, de la King James Version ou de la Bible de Genève.
On pourrait conclure en vous disant que vous savez tout. Mais ce serait vous mentir tant il y aurait à dire pour continuer à découvrir les interprétations innombrables que ces 4 lettres ont suscité depuis des siècles.
Impossible de ne pas laisser le mot de la fin, à l’immense Père de l’Église Grégoire de Nazianze qui vécut au IVème siècle en Cappadoce (Turquie actuelle) :
« Ô Toi l’au-delà de tout,
Comment t’appeler d’un autre nom ?
Quel hymne peut te chanter ?
aucun mot ne t’exprime.
Quel esprit peut te saisir ?
nulle intelligence ne te conçoit.
Seul, tu es ineffable ;
tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable ;
tout ce qui se pense est sorti de toi.
[…]
L’universel désir, le gémissement de tous
aspire vers toi.
[…]
Tu n’es pas un être seul, tu n’es pas l’ensemble :
Tu as tous les noms,
comment t’appellerais-je ?
Toi, le seul qu’on ne peut nommer ;
quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui voilent le ciel lui-même ?
Aie pitié, ô Toi, l’au-delà de tout ;
comment t’appeler d’un autre nom ? "
Grégoire de Nazianze, « Poèmes dogmatiques », recueillis dans Quand les hommes parlent aux Dieux, Ed. Bayard, 2003.