La Vierge Marie est très souvent décrite comme belle, mais cela est-il écrit dans la Bible ? Pourquoi sa beauté est-elle légendaire ?
Aujourd’hui, on vous invite à vous laisser toucher par la beauté des hymnes syriaques en l’honneur de la Vierge Marie. On vous laisse écouter cette merveille :
La beauté de Marie, la Mère de Dieu, n’est jamais évoquée dans le Nouveau Testament. Relisons la célèbre annonce de l'Ange faite à Marie :
Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David et le nom de la vierge était Marie. Et, après être entré chez elle, l'ange dit :
— Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre les femmes.
Après qu'elle eut vu cela, elle fut troublée par ses paroles et elle réfléchissait : quelle pouvait être cette salutation ?
Et l’ange lui dit :
— Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici, tu concevras dans [ton] sein, et tu enfanteras un fils et tu l'appelleras du nom de « Jésus ». […]
Marie dit à l’ange :
— Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?
Et, répondant, l’ange lui dit :
— L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre et c’est pourquoi ce qui est né de toi sera appelé saint, « Fils de Dieu ».
Ah ça, elle est belle, la Vierge Marie. Mais au fait, qui nous l’a révélé ? La Bible ? Pas si simple...
Car, contrairement aux dizaines d’occurrences, soulignant explicitement la splendeur physique féminine dans l’Ancien Testament, l’Évangile ne la mentionne jamais. C’est entre les lignes qu’il faut la voir.
Marie est donc dite « vierge », « pleine de grâce », « bénie », sous « l’ombre du Très-Haut ». Si on peut penser que de « grâce » à « gracieux » il n'y a qu'un pas, il n'en reste pas moins qu'elle n'est pas explicitement belle.
Un coup d’œil à la tradition hymnique, ou iconographique, suffit pourtant à se souvenir que la plus belle entre toutes, pour des myriades de peintres et de sculpteurs, est bien la Vierge Marie.
Toujours pas convaincus par cette beauté sans pareille ? Allons voir du côté de la tradition liturgique :
Au « bénie » de l’ange, la tradition a habilement substitué « belle ». Et un cantique, nettement plus récent, commence par ces mots : « Merveille de beauté… » (Deiss, XXᵉ siècle)
Ce qui compte, visiblement, c’est ce qui est « beau aux yeux de Dieu » (Ac 7,20 ; 1 Tm 2,3). Car Dieu ne se prononce pas sur l’apparence (Is 11,3).
Dieu seul est capable de connaître la pureté, la splendeur unique d’un être. Et il est aussi seul capable de rendre beau. Ainsi :
Comme une confirmation céleste de la Tradition, les enfants ayant eu la grâce d’apparitions mariales disent bien souvent avoir vu une « très belle dame ».
La poésie ne fait pas exception et suit cette grande tradition culturelle qui proclame la beauté de la Vierge. Tel un amoureux, incapable de déclarer sa flamme et intimidé par la beauté de celle qui est face à lui, Charles Péguy nous encourage à prier la Vierge :
« Il faut prendre son courage à deux mains.
Et s’adresser directement à celle qui est au-dessus de tout.
Etre hardi.
Une fois.
S’adresser hardiment à celle qui est infiniment belle.
Parce qu’aussi elle est infiniment bonne.
A celle qui intercède.
La seule qui puisse parler avec l’autorité d’une mère.
S’adresser hardiment à celle qui est infiniment pure.
Parce qu’aussi elle est infiniment douce. »
Charles Péguy, Le Porche du Mystère de la Deuxième vertu, Cahiers de la Quinzaine, 1911.