Comment David se rend-il compte de sa faute ? Quelle est sa réaction ? Dieu pardonne-t-il tous les péchés ?
Au cours de votre lecture, écoutez le célébrissime Miserere composé par Allegri dans les années 1630 à l'usage exclusif de la liturgie des Papes.
Plus d'un siècle après, en 1770, Mozart âgé de 14 ans entendit cette merveille dans la chapelle Sixtine — seul lieu où elle pouvait être jouée — et de retour chez lui, grâce à son extraordinaire mémoire auditive, il fut capable d’en réécrire intégralement la partition.
Ainsi donc Le Seigneur envoya Nathan à David et lorsqu'il vint à lui il lui dit :
— Il y avait deux hommes dans une ville, un riche et un pauvre. Le riche avait des brebis et des bœufs en très grand nombre, mais pour le pauvre, rien du tout : seulement une petite agnelle qu'il avait achetée et avait laissée vivre, elle avait grandi avec lui et avec ses fils ensemble — elle mangeait de son pain, buvait de sa coupe et dormait sur son sein : elle était pour lui comme une fille ! Mais comme un certain étranger était venu chez le riche, celui-ci s'abstint de prendre de ses brebis ou de ses bœufs pour apprêter le repas pour cet étranger qui était venu chez lui. Il prit l'agnelle de l'homme pauvre et prépara des mets à l'homme qui était venu chez lui.
David s'enflamma d'une forte colère contre cet homme et il dit à Nathan :
— Par Le Seigneur vivant, digne de mort est l'homme qui a fait cela ! Il va rembourser l'agnelle au quadruple pour avoir commis pareille chose et n'avoir pas eu pitié!
Et Nathan dit à David :
— C'est toi : tu [es] cet homme. Moi, Je suis !
Après avoir commis l’irréparable — pour tous les détails— David prend conscience de l'homme qu'il est, lamentable, en entendant les paroles prononcées par Nathan au Nom de Celui qui est.
Pour mesurer l’intensité de son repentir, il faut tourner les pages de la Bible et aller au livre des Psaumes, recueil de poèmes lyriques adressés à Dieu, en prière. On y trouve un chant attribué à David, le fameux « Miserere » (le titre est la traduction en latin de son premier mot : « Aie Pitié »).
Ce sera carrément notre éclairage aujourd'hui : car au fond, c’est la Bible elle-même qui révèle le mieux la réaction que David face à Nathan. Découvrez ce cri de repentir poignant, qui a inspiré les plus grands musiciens !
Voici l'intégralité de ce poème de contrition qu'est le Psaume 51 :
Au vainqueur. Cantique de David.
Lorsque Nathan le prophète vint le trouver après qu’il fut allé vers Bethsabée.
Aie pitié de moi, ô Dieu, selon ta miséricorde
Selon l'abondance de tes compassions efface mes péchés !
Lave-moi complètement de ma faute et purifie-moi de mon péché !
Car mes fautes je les connais, et mon péché est constamment devant moi :
Contre toi seul j’ai péché ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait...
Afin que tu sois trouvé juste dans tes sentences, victorieux quand tu juges.
Voici que j'ai été conçu dans l’iniquité et ma mère m’a enfanté dans le péché.
Voici que tu aimes la vérité, tu m'as révélé le secret et le mystère de la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope et je serai pur, lave-moi et je serai plus blanc que neige !
Annonce-moi joie et allégresse et les os que tu as brisés se réjouiront !
Détourne ta face de mes péchés ! Efface toutes mes fautes !
O Dieu, crée pour moi un cœur pur ! Renouvelle en mes entrailles un esprit ferme !
Ne me rejette pas loin de ta face ! Ne m'enlève pas ton Esprit saint !
Rends-moi la joie de ton Jésus ! Affermis-moi d'un esprit puissant !
J’enseignerai tes voies aux rebelles et les pécheurs reviendront à toi.
Délivre-moi des sangs, ô Dieu, Dieu de mon salut et ma langue louera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange :
Car tu ne veux pas de sacrifice —je t'en offrirais!—
Tu ne prends nul plaisir à l'holocauste : le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé.
Dieu, tu ne mépriseras pas un cœur contrit et humilié.
Dans ta bonté, fais du bien à Sion : bâtis les murs de Jérusalem :
Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes alors on offrira des taureaux sur ton autel.
L'une des particularités de la Bible est qu'elle ne cesse de se faire écho à elle-même. Pour approfondir le sens d'un passage donné, il faut tourner les pages et retrouver avant ou après d'autres passages qui donnent toute sa résonance à ce texte :
En multipliant les genres littéraires, en enchevêtrant les histoires tout au long de ses livres, la Bible dévoile petit à petit son sens et livre à l’homme attentif les secrets de sa Sagesse.
Le retournement intérieur de David, révélé dans ce psaume dévoile sa vraie grandeur. Celle-ci dépend moins des nombreux actes vertueux effectués tout au long de sa vie, que du moment où il reconnaît sa petitesse. Et cela, Ambroise de Milan l’a dit bien avant nous au IVème siècle :
« David a péché, ce dont les rois sont coutumiers. Mais il a fait pénitence, il a pleuré, il a gémi, ce dont les rois ne sont pas coutumiers. Il a avoué sa faute, il a imploré miséricorde ; étendu à terre, il a pleuré sa misère, il a jeûné, il a prié, et en racontant sa douleur il a transmis à toute la suite des siècles le témoignage de sa confession. […] Il a péché : c’est la marque de sa condition ; il s’est prosterné, c’est la marque de son amendement. Sa faute, c’est le lot commun ; mais sa confession, c’est son mérite distinctif. Ainsi être tombé dans le péché, c’est le propre de la nature, mais avoir lavé sa faute, c’est le propre de la vertu. »
Ambroise de Milan, Apologie de David, Sources Chrétiennes SC 239
On vous propose de suivre des cours aux Bernardins