D'où vient l'adage populaire « il y a un temps pour tout » ? De la Bible ! Replongeons dans le texte pour en saisir la profondeur et la beauté.
« Il y a un temps pour tout » : c'est l'une des expressions bibliques passées dans le langage courant les plus connues. Pourtant, nous ne portons pas forcément attention à ces multiples inscriptions dans la culture contemporaine.
Elle a été reprise, entre autres, par le fameux groupe The Byrds en 1965. Le refrain chante alors « to every thing, [turn! turn! turn] there is a season, and a time to every purpose ».
Il y a un temps fixé pour tout, un temps pour toute chose sous le ciel :
Un temps pour naître, et un temps pour mourir ;
un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ;
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ;
un temps pour abattre, et un temps pour bâtir ;
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ;
un temps pour se lamenter, et un temps pour danser ;
Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour en ramasser ;
un temps pour embrasser, et un temps pour s’abstenir d’embrassements.
Un temps pour chercher et un temps pour perdre ;
un temps pour garder, et un temps pour jeter ;
Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire, et un temps pour parler ;
Un temps pour aimer, et un temps pour haïr ;
un temps pour la guerre, et un temps pour la paix ;
Quel est l’avantage, pour celui qui travaille, de la peine qu’il se donne ?
J’ai examiné le labeur auquel Dieu impose aux enfants des hommes de se livrer.
Dieu a fait toute chose belle en son temps, il a mis aussi dans leur cœur l’éternité, mais sans que l’homme puisse comprendre l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin.
Et j’ai reconnu qu’il n’y a rien de meilleur pour eux que de se réjouir et se donner du bien-être pendant leur vie,
Et en même temps que si un homme mange et boit, et jouit du bien-être au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu.
Voilà un texte magnifique, un morceau de sagesse qu'il est bon de lire et de méditer.
Pour la première fois dans l’Ancien Testament, on observe dans cet extrait le « je » de l’homme adoptant la posture d’un investigateur qui enquête avant d'émettre jugements ou conclusions. L’intelligence et la rationalité fondées sur l’expérience sont désormais posées comme critères et valeurs de la connaissance.
Cet écrivain au style lapidaire s’impose par son autorité : ses sentences sont fondées sur l’expérience personnelle approfondie par la méditation et sur une vaste moisson d’observations. Il n’y a donc qu’un conseil à donner à propos d’une telle sagesse : la relire encore et encore pour approfondir la méditation.
La vanité des choses est un thème prépondérant du Qohélet, qui déclarera dans son livre : « Vanité des vanités, tout est vanité » (Qo 1,2)
C’est d'ailleurs du Qohélet que vient le nom d’un genre artistique particulièrement cultivé par l’âge d’or hollandais : les Vanités, véritables allégories du temps qui passe. On y retrouve plusieurs éléments caractéristiques : un crâne humain indiquant la fin certaine de l’homme, un sablier qui décompte le temps qui passe et des fleurs. Que du plaisir.
Comme l'esclave qui durant les triomphes des généraux romains leur glissait à l'oreille Memento Mori (« souviens-toi que tu vas mourir »), les Vanités rappellent à celui qui les regarde qu'il est mortel et que sa vie s'achèvera un jour. Mais comme le poète elles lui disent aussi Carpe Diem (« Profite d'aujourd'hui ! »).
Tout un programme.
Ces morceaux de sagesses enracinés en Orient ont des échos ou des parallèles latins à Rome. Ovide en donne un parfait exemple dans ce passage :
« Comme une vague est poussée par une vague, et la précédente est pressée par celle qui vient, et elle presse la précédente, ainsi pareillement les moments fuient, et pareillement suivent, et sont toujours nouveaux. »
Ovide, Métamorphoses 15,181, Ier siècle avant Jésus-Christ
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