Découvrez qui est le prophète Élie dans la Bible. Pourquoi annonce-t-il une sécheresse ? Qu’est-ce qu’une idole ?
En 2019, le groupe italien Mind Enterprises sort un tube devenu légendaire : Idol. Si le nom du groupe ne vous dit rien, écoutez le morceau... Son refrain entêtant vous reviendra !
Mais ce n'est pas seulement pour ces délicieuses mélodies disco des années 80 italiennes que nous convoquons cette référence ! En fait, le titre « Idol » reprend un mot éminemment biblique... Une « idole », c'est la représentation d'une divinité adorée à la place de la divinité elle-même — bref, une idole, c'est un peu un « faux dieu ». Et dans la Bible, un certain Élie fait du combat contre les idoles... son « cheval de bataille » (comme les 2 DJ italiens !!)
De quoi parle-t-on au juste ? Réponse aujourd’hui ! Allez, direction le Premier Livre des Rois !
Petite remise en contexte : les rois du peuple d’Israël se tournent de plus en plus vers des idoles et non vers Dieu. C'est alors que le roi Acab monte sur le trône…
Acab, fils d’Omri, fit le mal aux yeux de YHWH, plus que tous ceux qui furent avant lui : il ne lui suffit pas de marcher dans les péchés de Jéroboam fils de Nebat. Il prit pour femme Jézabel, fille d’Ethba'al, roi des Sidoniens et alla servir Baal et se prosterner devant lui. Il érigea un autel à Baal dans la maison de Baal qu’il bâtit à Samarie. [...]
Et Acab fit encore davantage pour irriter YHWH, le Dieu d’Israël, plus que tous les rois d’Israël qui avaient été avant lui ! [...]
Élie le Tishbite, un habitant de Galaad, dit à Acab :
— Il est vivant, YHWH, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens : il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à la parole de ma bouche.
Petite remise en contexte : le roi Acab est le septième roi d'Israël. Et il va encore plus loin que ces prédécesseurs dans la désobéissance à Dieu :
En fait, à l'époque, adorer un Dieu unique est une exception et une totale nouveauté ! Les Israélites sont des monothéistes... contrairement aux autres qui sont polythéistes.
Pour eux, l'idolâtrie est un péché grave : cela consiste à adorer une image de Dieu — par exemple une statue — comme si c'était Dieu ! En effet, c'est une interdiction énoncée dans les 10 paroles du Décalogue... Bref, c'est loin d'être anecdotique !
« Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ; tu ne te feras pas d’image sculptée ni aucune ressemblance de ce qui est dans le ciel, en haut, de ce qui est sur la terre, en bas de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre ; tu ne te prosterneras pas devant eux et tu ne les serviras pas » (Ex 20,3-6)
Bon, maintenant qu'on a posé le décor, on comprend mieux pourquoi Dieu est en colère :
« Et Acab fit encore davantage pour irriter YHWH, le Dieu d’Israël, plus que tous les rois d’Israël qui avaient été avant lui ! » (1 R 16, 33)
On vient de présenter Acab et Jézabel… et voilà qu'un nouveau personnage débarque d'un coup : Élie ! Il surgit et apparaît un peu out of the blue, comme disent les Anglais !
« Élie le Tishbite, un habitant de Galaad, dit à Acab :
— Il est vivant, YHWH, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens : il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à la parole de ma bouche. » (1R 17, 1)
Analysons simplement l’entrée en scène de ce personnage. Ce court verset raconte la première apparition du prophète Élie dans le texte biblique. Relevons 3 choses :
Pour l’anecdote de savant, sachez qu’on parle notamment d’entrée in medias res pour qualifier ce procédé littéraire qui consiste à placer le lecteur dans une situation déjà lancée, sans introduction préalable.
Les présentations sont à peine faites qu’Élie agit aussitôt… Allez bim, sécheresse !
Élie arrive dans l'histoire, et aussitôt il ordonne une sécheresse. À première vue, on ne comprend pas trop pourquoi… mais ce n’est pas sans raison ! En fait, la sécheresse est liée à la lutte d'Élie contre Baal. On s’explique :
Mais une sécheresse, ça a des conséquences. Qui dit sécheresse dit famine…
Si on se penche sur le texte, on constate que le prophète Élie s'exprime assez bizarrement.
Cette sécheresse semble donc dépendre non pas de Dieu… mais d’Élie lui-même ! Élie ordonne cette sécheresse de son propre chef. Cette étonnante initiative peut suggèrer un certain triomphalisme d'Élie. Pris de confiance, se laisse-t-il aller à l’orgueil de posséder le vrai Dieu ?
Au passage, cela nous montre qu’un prophète n'est pas parfait et n'obéit pas toujours à Dieu. Les personnages bibliques ne sont pas seulement des modèles : ils sont aussi parfois des contre-modèles.
Gardons bien en tête la tendance triomphaliste d’Élie… on y reviendra dans un prochain numéro.
Dominique Simonet, poète contemporain, aborde aussi le sujet de la sécheresse.
« Seul, en ces lieux perdus, le sable se pavane !
L'oasis va périr car la terre se fend
Sous les rayons de feu, par cet air étouffant...
Plus une goutte d'eau ne perle de la vanne.
Dans ce désert immense, après l'âpre savane,
D'une terreur étrange à peine on se défend
De croiser un squelette, une image d'enfant...
Le souffle du vent chaud pousse la caravane.
Devant elle, un mirage et ses remous houleux
Font resplendir, danser, des intenses flots bleus,
Où la soif, au soleil, s'accroit ivre d'envie.
Épuise, chacun court, oubliant sa torpeur,
Pour s'abreuver d'espoir et poursuivre sa vie
Vers l'horizon mortel où luit ce lac trompeur ! »
Dominique Simonet, « Sécheresse »