Jésus part seul au désert et est tenté par le diable. Mais qui est le diable ? Que signifient ces noms dans la Bible : Satan, Diable, Tentateur ?
Parce qu’une victoire 3-0 se fête toujours au son so 98 de Gloria Glaynor, on vous laisse écouter le titre qui vous rappellera forcément Zizou, Aimé Jacquet et Thierry Rolland… — Pour nos lecteurs qui comme Mbappé sont nés après juillet 1998, le visionnage de l’avant-gardiste Les yeux dans les Bleus s’impose pour comprendre un peu de quoi on cause !
On vous explique ensuite le 3-0 de Jésus face au diable.
Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour être tenté par le diable.
Ayant jeûné quarante jours et quarante nuits il eut faim.
Et le tentateur s’approchant lui dit :
— Si tu es fils de Dieu dis que ces pierres deviennent des pains.
Il lui répondit :
— Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Alors le diable l’emmena dans la ville sainte, le posa sur le pinacle du Temple et lui dit :
— Si tu es fils de Dieu jette-toi en bas car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te prendront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
Jésus lui dit :
— Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
Le diable de nouveau l’emmena sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde avec leur gloire et il lui dit :
— Je te donnerai tout cela si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi.
Alors Jésus lui dit :
— Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et lui seul tu serviras.
Alors le diable le laissa
et voilà que des anges se mirent à le servir.
Vous avez aimé Ronaldo – Messi, adoré Nadal – Federer ou Borg – McEnroe, vous hésitez encore entre les Rolling Stones et les Beatles ? Cette fois-ci, on vous parle d’un face-à-face d’un autre niveau, le genre d’événement dont on parle encore 2000 ans plus tard : Jésus vs Satan.
Score final : 3 – 0.
3 tentations, 3 punchlines puissantes du Christ, une victoire sans appel. Comme nous sommes curieux, on a voulu refaire le match pour comprendre la tactique adverse en posant une question : Qui est Satan ?
Pour répondre à cette question, le texte de l’Évangile selon saint Matthieu est d'une grande aide. Il affuble le diable de trois noms : « diable » (on se répète, on sait), « Satan » et « tentateur ».
Passons par la case étymologie pour comprendre ce que ces trois mots signifient et disent de l’ennemi public n°1.
Bref, un tentateur, un accusateur, une bête à poils… Voilà le diable.
En marge de cette première victoire par K.O. de Jésus sur le diable, les mystiques chrétiens soulignent un point important pour les pauvres pécheurs que nous, nous sommes : le sentiment de culpabilité, quand il ne conduit pas à la conversion, est le fruit d'une accusation diabolique. Dieu, lui n' « accuse » pas : s'il dévoile les péchés, c'est pour faire miséricorde au pécheur.
Bien que l'emplacement précis de la tentation du Christ ne soit pas mentionné dans l'Évangile, la tradition médiévale le localise sur une montagne surplombant la vallée de Jéricho, connue sous le nom de Jabal al-Qarantal en arabe (amusant : le mot arabe est en fait... latin : Mons Quarantania — où l'on retrouve les « quarante » dont on a déjà parlé !). Pèlerins et touristes le connaissent plus banalement comme le « Mont de la Tentation ».
Au Moyen Âge, la grotte où l’on vénérait le séjour de Jésus pendant 40 jours fut transformée en église, et à la fin du XIXe siècle un monastère grec-orthodoxe fut construit autour d'elle. Une autre grande grotte sert de salle à manger et de cuisine aux moines. Et pour la petite info, ces grottes se visitent encore aujourd’hui.
Dans une situation narrative originale, C.S. Lewis prend le point de vue d'un vieux démon s'adressant à un jeune démon, pour lui expliquer son écœurement devant l'amour que Dieu porte aux hommes :
« Mais l’obéissance que l’Ennemi demande à l’homme est une toute autre affaire. Il nous faut voir les choses en face : ce qu’il dit de son amour pour les hommes et de la parfaite liberté qu’ils trouvent à son service n’est pas – comme nous voudrions bien le croire – simplement de la propagande mais l’effroyable réalité. Il a vraiment l’intention de remplir l’univers d’affreuses petites répliques de lui-même, de créatures dont la vie est à l’image de la sienne non pas parce qu’il les aurait absorbées, mais parce que leur volonté se conforme librement à la sienne. Nous voulons du bétail dont nous puissions faire notre nourriture. Lui, il veut des serviteurs dont il puisse faire ses fils. Nous voulons les saigner à blanc. Lui, il veut se donner complètement à eux. Nous sommes vides et nous voulons nous remplir. Lui, il est plein et il déborde. Notre objectif est un monde où notre Père d’en bas aura englouti tous les autres êtres. L’Ennemi veut un monde remplit d’êtres unis à lui et pourtant distincts de lui. Et c’est pour cela qu’il permet qu’ils touchent le fond de l’abîme. Mais l’irrésistible et l’indiscutable sont deux armes que son système lui interdit d’employer. Cela ne l’avancerait nullement de circonvenir tout simplement la volonté d’un homme. Il ne peut pas forcer. Il peut seulement solliciter. Son idée ignoble est d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Ses créatures doivent être un avec lui sans cesser d’être elles-mêmes. »
C.S. Lewis, Tactique du diable, éd. Empreinte Temps présent pp. 44-45