Les civilisations égyptienne et babylonienne étaient très puissantes. Mais pourquoi a-t-on autant de sources sur Israël ? Que dit l'archéologie ?
Dans son titre Jamming (qui est aussi l’un de nos préférés, il faut bien l’avouer…), le grand Bob Marley chante la beauté du « Holy mount Zion », le saint mont de Sion.
Justement, on vous parle de Jérusalem bâtie sur la montagne de Sion dans ce numéro !
Psaume des fils de Coré. Cantique.
Elle est fondée sur les montagnes saintes !
YHWH aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob.
Des choses glorieuses ont été dites sur toi, cité de Dieu !
- Selah*
Je nommerai Rahab et Babylone parmi ceux qui me connaissent voici la Philistie, et Tyr, avec l’Ethiopie :
c’est là qu’un tel est né. Je me souviendrai de la superbe et de Babylone, ceux qui me connaissent
voici la Palestine, et Tyr avec l’Ethiopie : c’est là qu’un tel est né.
Et l’on dira de Sion : Celui-ci et celui-là y est né c’est Lui, le Très-Haut, qui l’a fondée.
YHWH inscrira au registre des peuples :
Celui-ci est né en elle.
- Selah.*
Et des chanteurs et des danseurs [disent] : Toutes mes sources [sont] en toi.
*Vous ne savez pas ce que veut dire "Selah" ? Allez relire notre numéro là-dessus.
Ce psaume exalte la grandeur de Sion, l’autre nom de Jérusalem, et dit que « Rahab et Babylone » la connaissent. Rahab est l’un des noms qui sert à désigner l’Égypte.
Comment se fait-il que l’Égypte et Babylone connaissent Jérusalem, quand on compare la grandeur de ces deux pays et la petitesse de Jérusalem à l’époque ?
👉 Pour qui veut comprendre l’Ancien Testament et l’histoire du peuple d’Israël, il faut faire un peu de géo-politique. Aujourd’hui, on s’intéresse aux deux grandes puissances régionales qui entourent la terre d’Israël : Babylone et l’Égypte.
Et quand on se penche sur ces deux civilisations, un premier constat s’impose : elles ont laissé pas mal de splendeurs derrière elles.
Les pyramides de Gizeh, dernière des sept merveilles du monde antique que l’on puisse encore observer, offrent un spectacle totalement captivant. Élevée à 139 mètres d’hauteur pour la pyramide de Khéops, les pyramides ont le monument le plus haut perché jusqu’à la construction des cathédrales gothiques, près de quatre millénaires plus tard… ça vous pose le niveau d’ingéniosité de cette civilisation.
Et l'Égypte ne se limite pas à des œuvres monumentales. Sa médecine pratiquait tout un tas de techniques qui ne seront retrouvées que plusieurs siècles, voire millénaires après.
Si elle captive autant les archéologues depuis deux ou trois siècles, c’est bien sûr parce qu'il est rarissime qu'une si vieille civilisation ait laissée autant de traces derrière elle, mais surtout parce que l’Égypte antique est un sommet de l’histoire humaine…
L’évocation de Babylone fait jaillir la mémoire des jardins suspendus, l’une des sept merveilles du monde. Malheureusement, nous n’en gardons pas de traces. Mais des fouilles allemandes au début du vingtième siècle ont permis de mettre à jour la porte d’Ishtar, beauté incroyable du VIème siècle avant Jésus-Christ, sous le règne de Nabuchodonosor II.
Quel est l’intérêt de ce genre de découverte archéologique pour l’étude de l’Écriture Sainte ?
👉 Simplement de réaliser que Babylone présente une culture et une architecture d’apparence bien plus raffinées et plus impressionnantes que celles ayant cours à Jérusalem à la même époque. La simple contemplation de la porte d’Ishtar au musée de Pergame à Berlin* fait passer les remparts de la petite ville du mont Sion pour peu de choses…
Les fouilles archéologiques faites à Jérusalem nous la font percevoir comme une petite ville. La découverte majeure du tunnel hydraulique, dit d’Ézechias, nous permet de comprendre comment la ville s’alimentait en eau et de constater un niveau d’ingénierie élevé.
Mais la richesse dingue des sites égyptiens et la splendeur des découvertes à Babylone permettent de concevoir que Jérusalem rivalisait sur le plan culturel avec ces deux civilisations voisines.
Pour trois raisons :
Alors qu’on écrivait ce numéro sur le rapport entre la civilisation, la culture et la parole de Dieu, on est tombé sur cette réflexion poignante de Robert Badinter sur la culture :
« Il y a autre chose dans les leçons d’Auschwitz que je retiens. […] Ce n’est pas ailleurs que dans le pays le plus cultivé, ou un des plus cultivés d’Europe, produisant les plus grands philosophes, aimant la musique plus que tous les autres, cultivant les arts et la pensée.
Au niveau culturel et éducatif, c’est là qu’a été conçu, réalisé, conduit Auschwitz. C’est là que cela a été pensé et c’est dans ce pays là qu’on a réussi à cultiver la haine jusqu’au point du génocide. Je l’ai dit à l’UNESCO un jour de commémoration d’Auschwitz, j’ai dit la véritable, l’autre interrogation et je dirai la plus grande, c’est :
comment est-ce que dans un pays de grande culture, on en arrive là, à massacrer ? »
Robert Badinter, « C à Vous », Emission du 27/01/2020.
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