Ève a-t-elle vraiment croqué une pomme dans la Bible ? Quel est ce fruit ? Quel rôle Adam joue-t-il dans ce moment décisif de la création ?
Le symbole de la pomme comme fruit de la tentation a été repris par les créateurs de Blanche-Neige. La sorcière propose un fruit, en apparence délicieux, à la jeune fille. La suite...
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que YHWH Dieu ait faits. Il dit à la femme : « Est-ce que Dieu aurait dit :
« Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? »
La femme répondit au serpent :
« Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. »
Le serpent dit à la femme :
« Non, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. »
La femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l’intelligence ; elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; et, ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures.
Pourquoi parle-t-on de « pomme d’Adam » ? Avez-vous lu le mot pomme dans le texte de la Genèse ?
Ni le livre de la Genèse, ni l’ensemble des livres bibliques ne font mention d’une pomme lors du péché originel… Mais bien du « du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin » (Gn 3,2).
Pourtant, vous n’avez pas rêvé ! Bien des artistes de renom montrent Eve qui tend une pomme à Adam. On le voit ici sur les œuvres de van Harleem ou de Cranach l’Ancien…
Et ne dit-on pas aussi, la Pomme d’Adam ? Si le texte biblique n'évoque jamais de pomme, pourquoi donc a-t-on pris cette habitude dans le langage courant ? D'où vient cette référence à la pomme ?
Dans la Vulgate, la traduction latine de la Bible, l’arbre de la connaissance du bien et du mal se dit : mali. Or, Mali en latin veut aussi dire Pomme.
On peut donc également lire « l’arbre de la connaissance du bien et des pommes ».
Par ailleurs, le texte parle du fruit de l’arbre. En latin, fruit peut se dire Pomum, très similaire à Pomme.
Donc Ève « prend du Pomum de l’arbre interdit ». On comprend le rapprochement.
Il existe d’autres explications liées aux textes des manuscrits, mais on ne veut pas vous embêter trop longtemps… On retient juste que la traduction latine du texte de la Bible a conféré à la pomme un statut qui n’était pas le sien à l’origine.
« La ruse du diable, dit Maxime le Confesseur, fut – et reste – de détourner de Dieu l’intelligence de l’homme en la fixant prématurément sur les choses sensibles que l’homme ordonne à lui-même, usurpateur et non plus roi-prêtre de l’univers, au lieu de déchiffrer en elles les logoï, les essences spirituelles, de les exprimer, et de « cultiver » ainsi le jardin du monde en épanouissant sa beauté. »
Olivier Clément, Le chant des larmes : essai sur le repentir, Collections Prières, Edition Desclée De Brouwer, 2011, Paris.
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