Pourquoi fête-t-on Noël le 25 décembre en Occident ? Jésus est-il vraiment né un 25 décembre d’après la Bible ? Que nous révèle cette date symbolique ?
La douceur du titre Beautiful Stranger de Kevin Morby nous a saisis à la première écoute. La découverte de ses paroles nous a émus : Morby déclare d’abord « Priez pour Paris, ils ne peuvent pas nous effrayer, ni arrêter notre musique ». Puis il pense au jour de sa propre mort, en priant Dieu de le ramener à la maison.
Pour contempler ce refuge céleste, Morby pense à la Mangeoire de Bethléem. Au jour de sa mort, c’est vers le petit nourrisson de la crèche, vers cette vie minuscule, le petit Jésus, qu’il faut se tourner pour être rassuré.
L'invitation à méditer la douceur de cette naissance le jour de notre mort nous a beaucoup émus, on vous l’a déjà dit mais on vous le répète. Alors on est retourné lire le texte qui raconte cette naissance.
Il advint aussi, en ces jours-là, que sortit un édit de César Auguste [ordonnant] de recenser le monde habité. Ce fut le premier recensement, Quirinius étant gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville.
Joseph aussi monta de Galilée de la ville de Nazareth, vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem — parce qu’il était de la maison et de la lignée de David — pour se faire recenser avec Marie sa fiancée, laquelle était enceinte.
Or, il advint, comme ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils, le premier-né, et elle l'emmaillota et le coucha dans la mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle.
Les Chrétiens, le 25 décembre, fêtent Noël. A priori, tout le monde est au courant.
En revanche, si on vous pose deux autres questions, pas sûr qu’il y ait beaucoup de candidats pour répondre correctement :
Faites le test autour de vous et n’hésitez pas à nous partager les résultats ! Et pour que vous ayez l’air parfaitement cultivés, on vous a fait une antisèche :
C’est la question piège par excellence puisque la date de Pâques change chaque année.
La raison en est simple : dans les Évangiles qui racontent la Résurrection, on nous dit que tous ces événements s’inscrivent au moment de la Pâque juive fixée selon un calendrier lunaire (on vous en avait parlé là).
Or, la Pâque juive, comme la Pâques chrétienne, est calculée en fonction de la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps.
Si vous n'avez rien compris, on résume : la date de Pâques est mobile puisqu’elle dépend de phénomènes lunaires, eux-mêmes mobiles. La date de Pâques pour les Chrétiens dépend donc de prescriptions liées à la Pâque juive, qui a lieu le 15 du mois de Nisan, date que l'on trouve dans l’Ancien Testament.
Or, Noël ne correspond à aucune fête juive. C'est un élément important qui introduit une nouveauté exceptionnelle :
« Ben, c’est écrit dans l’Évangile, non ? - Ben non ! »
Non, l’Évangile ne nous donne pas de repère calendaire pour situer la naissance de Jésus. L’Évangile de Luc nous indique qu’elle intervient dans le cadre du recensement de César Auguste. Mais, à l’époque, un tel recensement ne se faisait ni en une semaine, ni en un mois.
Nous ne savons donc pas quand a lieu cette naissance dans l’année.
Un historien latin, Sextus Julius l'Africain (180-250 apr. J.-C.), a daté la conception de Jésus le 25 mars, jour de l'Annonciation (pour lui, c'est la date de la Création du monde). Et, en conséquence, Jésus est né 9 mois plus tard, le 25 décembre.
Jusqu’au 21 décembre, la durée du jour diminue laissant plus de temps à la nuit, les journées sont moins longues. Puis, le jour regagne peu à peu du terrain…
C'est cette date astronomique que l'Église de Rome a choisie en 336 pour célébrer la Nativité, reprenant la date d'une antique fête de la lumière. Les Pères de l'Église voient dans la Nativité du Christ le lever du Soleil véritable.
Ce Soleil qui se lève sur le monde, qui illumine les esprits, voilà le sens symbolique de la Nativité.
Voilà pourquoi l'Église a décidé de la célébrer juste au moment où la durée du jour commence à augmenter.
Le « Soleil de justice » (prophète Malachie 4, 2) apparaît dans le monde : ni ornements, ni sceptre, ni couronne ne le couvrent. C’est un petit enfant, Emmanuel — « Dieu-avec-nous » (prophète Isaïe 7, 14), le Christ, Messie attendu depuis des siècles par le peuple élu.
C'est dans l’humilité d’un nourrisson que rayonne la Lumière de Dieu en ce jour.
Il se trouve que c’est à cette même époque de l’année que les Juifs célèbrent Hanoukka centrée aussi sur des rites de la lumière : coïncidence ?
La simplicité de cette naissance, cette réflexion sur la lumière, nous a fait penser à la belle méditation d'Urs von Balthasar :
« Finalement, chacun rentrera brièvement en lui-même pour se demander où se trouve la simplicité de sa propre existence.
Car seul l’œil simple obtient de voir la lumière émanant de la simplicité infinie.
"Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l’avoir révélé aux simples." »
Urs von Balthasar, Retour au centre, Desclée de Brouwer, Paris, 1971.