Découvrez l’origine du Gloire à Dieu ! Pourquoi des anges vont-ils voir des bergers ? Quel est le sens de leur visite ?
À quelques jours de Noël, sortons les trompettes et écoutons la chanteuse Jain et son Gloria ! En français, le terme « Gloire » est la traduction latine du mot « Gloria ». Mais c’est surtout le chant entonné par les anges au moment de la naissance de Jésus à Bethléem !
*Merci à Cyprien pour cette pépite qui résonne presque quotidiennement dans nos oreilles depuis des mois !
Allez, deux pépites pour le prix d’une !!
On ressort le vieux conte qui a accompagné la Noël de nos parents et grands-parents avec la fameuse Pastorale des santons de Provence, écrite par Yvan Audouard en 1960 ! Laissez-vous bercer par le doux accent de Michel Galabru qui interprète l'ange Boufaréo, accompagné de ses « collègues » les anges !
Tiens d’ailleurs, que dit-on à propos des anges au moment de Noël ? Réponse avec l’évangile de Luc et une kyrielle d’angelots qui jouent du banjo !
Jésus naît à Bethléem. Dans la foulée, les anges préviennent des bergers du coin. Lisons cet épisode !
Il y avait dans la région même, des bergers qui vivaient aux champs et qui passaient les veilles de la nuit à veiller leur troupeau. Et voici, l’ange du Seigneur se tint près d’eux et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux et ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’ange leur dit :
— Soyez sans crainte car voici, je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David. Et voici pour vous le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté placé dans une mangeoire.
Et soudain, il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant :
— Gloire à Dieu dans les hauteurs et sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.
Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel que les hommes, les bergers se disaient entre eux :
— Passons donc jusqu’à Bethléem et voyons cette parole qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître.
Et ils vinrent en hâte et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né placé dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils firent connaître la parole qui leur avait été dite au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent s’étonnèrent de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces paroles, conférant en son cœur.
Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu comme il leur avait été annoncé.
Jésus vient tout juste de naître à Bethléem et un ange s'empresse de porter cette nouvelle ! En effet, en grec, les mots « ange » (angelos = messager) et « évangile » (eu-angelion = bon message) viennent du même verbe.
Les anges sont donc des « porteurs de bonnes nouvelles ». D'ailleurs, au début de l'évangile de Luc, trois bonnes nouvelles sont portées par des anges :
Bref, les bergers deviennent les premiers témoins de la naissance du Christ, juste après Marie et Joseph.
« Et voici, l’ange du Seigneur se tint près d’eux et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux et ils furent saisis d’une grande crainte. » (Lc 2, 7)
Dans cette annonce, une « gloire » éclate et entoure les bergers. Dans la Bible, la gloire symbolise la présence divine dans la nuée lumineuse (comme celle qui guide les Hébreux dans le désert). Elle est donc associée à lumière.
Autrement dit, en plein cœur de la nuit, les bergers voient une lumière éclatante. Cette manifestation glorieuse et lumineuse signale ainsi la présence de Dieu — qui terrifie les bergers. Ici, cette gloire est associée à la joie. L'ange fait éclater la nouvelle sensationnelle de la naissance de Jésus !
Au moment de l'éclatante apparition de l'ange, les bergers sont saisis de crainte… comme ce fut le cas pour Marie et Zacharie !
Cette crainte que ressentent les bergers (mais aussi Zacharie et Marie) souligne leur sentiment d'être placé devant un fait mystérieux.
« L'ange leur dit : “Soyez sans crainte car voici, je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David.” » (Lc 2, 10-11)
Par cette annonce, les anges partagent leur mission et font des bergers les relais de cette annonce joyeuse. C'est désormais aux bergers que revient ce rôle de « porter la bonne nouvelle » !
L'ange transmet aux bergers une mission. Mais cela ne s'arrête pas là : la joie éclate en un chant majestueux bien connu — que vous avez sans doute entendu à l'approche de Noël !
« Et soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant : “Gloire à Dieu dans les hauteurs et sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.” » (Lc 2, 13-14)
Cette louange à Dieu est souvent comprise comme un chant, même si le texte biblique ne le dit pas. Dans l'histoire de l'art, la scène de la Nativité devient le théâtre d'un multitude d'anges qui chantent et jouent de la musique…
La tradition picturale s'en est donnée à cœur joie en représentant une troupe d'anges formant un grand orchestre symphonique : les sublimes tableaux de Piero della Francesca (ci-dessus) et de Matthias Grünewald (ci-dessous) le soulignent allègrement !
Pourtant, cette manifestation éclatante contraste nettement avec le contexte général de la scène :
Finalement, le monde céleste et le monde terrestre sont symboliquement rassemblés : les anges et les bergers unissent leurs voix !
Partant de l'annonce des anges jusqu'aux annonces des bergers, ce curieux effet domino est surtout le signe d'une louange joyeuse et contagieuse. Cette joie est tellement immense… qu’elle ne peut pas être gardée pour soi !
Sur ce et un peu en avance : joyeux Noël !
Médecin et poète québécois, Nérée Beauchemin écrit des vers sublimes sur le mystère de la Nativité. On vous laisse savourer…
Au vent joyeux de la bonne nouvelle
L’étable s’ouvre ; et sa merveille est telle
Que les naïfs bergers en sont troublés. [...]
Dans ce réduit de misère, les anges,
Venus du ciel, modulent les louanges
Du gracieux petit roi de Sion.
L’oreille entend la harpe qui console,
La tendre lyre et la tendre viole,
Et le théorbe et le psaltérion ;
Mais ni le luth qui berce et qui caresse,
Ni la viole exquise de tendresse,
Rien n’a charmé le souci maternel.
Pensive, au bord de la crèche accoudée,
Elle pressent, crucifiante idée,
Quelque chagrin qui lui semble éternel.
Les séraphins suspendent leur cantique :
Et l’âpre son du hautbois bucolique
Se mêle au frais gazouillis des pipeaux.
La corne a pris sa voix la plus câline,
Et le roseau langoureux, en sourdine,
Chante à ravir l’âme des bleus oiseaux.
En la blancheur de la lumière astrale
Monte et descend la fraîche pastorale
Que dit le chœur rustique des bouviers.
Cette musique élyséenne coule
Et, vrai miracle, ondule et se déroule,
S’achève et file en sanglots inouïs.
Nérée Beauchemin (1850-1931), « L'idylle dorée », Les Floraisons matutinales, 1897