Comment la Résurrection du Christ est-elle annoncée ? Quels sont les mots choisis ? Quel regard porte l'église d'Orient sur la fête de Pâques ?
Pour se plonger au cœur de la fête de Pâques, nous vous proposons une petite pépite : une compilation du chant « Le Christ est ressuscité » de la tradition orthodoxe en 16 langues (arabes, russe, français mais aussi coréen ou japonais). Enregistré çà et là avec les moyens du bord, des voix fluettes de l’Afrique aux profondes basses russes, il y en a pour tous les goûts.
À noter : les chrétiens orthodoxes célébreront la Résurrection une semaine après les catholiques et les protestants. Une histoire de calendriers julien ou grégorien — on vous passe les détails pour cette fois.
Or, sur le tard, la nuit du sabbat, alors que la journée commençait à poindre vers le premier jour de la semaine
Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre
et voici qu’un grand tremblement de terre survint
car un ange du Seigneur descendu du ciel s'approcha roula la pierre et il se tenait assis dessus.
Son aspect était comme l’éclair
et son vêtement blanc comme neige.
Effrayés par lui, les gardes furent pris de tremblement et devinrent comme morts.
Répondant, l’ange dit aux femmes :
— Cessez d’avoir crainte,
je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié.
Il n'est pas ici car il est ressuscité, comme il l'avait dit.
Venez voir le lieu où il gisait.
Et vite allez dire à ses disciples il est ressuscité d'entre les morts et voici il vous précède en Galilée.
C'est là que vous le verrez.
Voici, je vous l'ai dit.
Partant vite du tombeau avec crainte et grande joie elles coururent faire l'annonce à ses disciples.
Or comme elles allaient faire l'annonce à ses disciples,
voici Jésus vint à leur rencontre en disant :
— Réjouissez-vous !
S'étant approchées elles lui saisirent les pieds et l'adorèrent.
Alors Jésus leur dit :
— Cessez d'avoir crainte, allez faire l'annonce à mes frères, qu'ils aillent en Galilée ! Là ils me verront.
Résumons : l'ange de Pâques dit aux femmes d'aller dire qu'Il est ressuscité comme il l'avait dit et comme il vient de le dire, lui, l'ange ...
La résurrection se rencontre d'abord dans une heureuse, une incroyable annonce placée par Dieu dans la bouche de ses témoins. L'un d'eux a si bien proclamé l'annonce qu'on l'a appelé « la Bouche d'Or », en grec : Chrysostome.
Jean Chrysostome a été l'archevêque d’une ville qui au IVe siècle portait le nom de Constantinople — et qui aujourd'hui s’appelle Istanbul.
Voilà l’homélie qu’il écrivit pour le jour de Pâques. Dans les rites orientaux, elle est proclamée durant les Matines de Pâques, sous le doux nom de Hieratikon :
« Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité.
Celui qui a travaillé depuis la première heure, qu'il reçoive aujourd'hui le juste salaire !
Celui qui est venu après la troisième heure, qu'il célèbre la fête dans l'action de grâce !
Celui qui est arrivé après la sixième heure, qu'il n'ait aucun doute, il ne sera pas lésé.
Si quelqu'un a tardé jusqu'à la neuvième heure, qu'il approche sans hésiter !
S'il a traîné jusqu'à la onzième heure, qu'il n'ait pas honte de sa lenteur,
car le Maître est généreux,
il reçoit le dernier comme le premier,
il accorde le repos à l'ouvrier de la onzième heure comme à celui de la première.
Il fait miséricorde à celui-là, et comble celui-ci.
Il donne à l'un, il fait grâce à l'autre.
Il accueille les œuvres, il apprécie le jugement ; il honore l'action et loue l'intention.
Aussi, entrez tous dans la joie de notre Seigneur ! »
Premiers et derniers, recevez le salaire !
Riches et pauvres, chantez en chœur tous ensemble !
Les vigilants comme les nonchalants, honorez ce jour !
Vous qui avez jeûné, et vous qui ne l'avez point fait, réjouissez-vous aujourd'hui !
La table est prête, mangez-en tous ! Le veau gras est servi, que nul ne s'en retourne à jeun !
Jouissez tous du banquet de la foi !
Que nul ne déplore sa pauvreté car le Royaume est apparu pour tous.
Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon s'est levé du tombeau.
Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous a libérés.
Il a détruit la mort, celui qu'elle avait étreint.
Il a dépouillé l'enfer, celui qui est descendu aux enfers.
Il l'a rempli d'amertume, pour avoir goûté de sa chair.
Isaïe l'avait prédit en disant :
— L'enfer fut rempli d'amertume lorsqu'il t'a rencontré
rempli d'amertume, car il a été joué
bouleversé, car il fut mis à mort ; bouleversé, car il fut anéanti.
Consterné, car il saisit un corps et trouva un Dieu.
Il prit de la terre et rencontra le ciel.
Il saisit ce qu'il voyait, et tomba sur celui qu'il ne voyait pas.
Ô mort, où est ton aiguillon ?
Enfer, où est ta victoire?
Le Christ est ressuscité et tu as été terrassé.
Le Christ est ressuscité et les anges sont dans la joie.
Le Christ est ressuscité et voici que règne la vie.
Le Christ est ressuscité, et plus un mort au tombeau,
car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis.
A lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles Amen. »
St Jean Chrysostome, Homélie de Pâques, trad. M. Jeannin , Bar-le-Duc : Guérin, 1864