Qui sont les femmes qui sont présentes au moment de la Résurrection de Jésus ? Pourquoi sont-elles ici ? Pourquoi le Christ se manifeste à elles ?
La Résurrection du Christ a inspiré nombre de films que nous vous avons déjà présentés : Le Seigneur des Anneaux, Narnia, Harry Potter...
Dans Matrix, film phare des années 2000 qui n’a pas forcément très bien vieilli le héros Néo, se révèle être l’élu par sa mort et sa résurrection. Il n’est pas impossible qu’en plus de la référence biblique, — la scène de la résurrection de Néo ait été inspirée par La Belle au bois dormant ou Blanche-Neige ! On pourrait aussi vous démontrer que ces deux derniers sont d’inspiration biblique mais là on manque de place.
Après sa mort sur la croix, Jésus a été placé au tombeau. La suite ? Le suspens n'est pas énorme, mais ça fait toujours du bien de relire la suite. Dans cette nouvelle traduction, un peu étrange, on conserve plusieurs bizarreries du récit en grec, dont le sens est inépuisable.
Or le soir du sabbat alors que [ça] luisait vers le premier [jour] de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent, pour voir le sépulcre... Et voici : il se fit un grand tremblement de terre car un ange du Seigneur descendu du ciel, s'approcha et roula la pierre. Il se tenait assis dessus.
Son aspect était comme l'éclair et son vêtement comme la neige. Par crainte de lui les gardes tremblèrent et devinrent comme morts.
Répondant l’ange dit aux femmes :
— Ne craignez pas, vous car je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n'est pas ici car il s'est levé, comme il l'avait dit. Venez voir le lieu où il était déposé et vous, partez vite, dites à ses disciples qu'il s'est levé d'entre les morts et voici : il vous précède en Galilée. Là, vous le verrez. Voilà, je vous ai dit.
Et sortant vite du tombeau avec crainte et grande joie, elles coururent [l']annoncer à ses disciples. Et voici : Jésus se présenta devant elles, disant :
— Réjouissez-vous !
Et elles, s’approchant, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui.
Alors Jésus leur dit :
— Ne craignez pas, partez, annoncez à mes frères qu’ils aillent en Galilée, là ils me verront.
Elles viennent tout simplement « voir », nous dit Matthieu.
« Or le soir du sabbat alors que [ça] luisait vers le premier [jour] de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent, pour voir le sépulcre... » (Mt 28, 1)
Les Israélites du premier siècle vénéraient certains morts, un peu à la manière dont les Grecs et Romains vénéraient les tombes de leurs héros. On venait en pèlerinage sur ces tombes et l’on priait ces saints juifs en demandant leur intercession pour les vivants et les guérisons.
👉 En faisant ce « pèlerinage », les femmes s’inscrivent dans la tradition juive et inaugurent une tradition qui va traverser tout le christianisme. Des graffitis réalisés par les premiers chrétiens ont ainsi été retrouvés en différents lieux saints comme une marque de vénération de ces lieux.
👉 Ces pieuses femmes juives disciples de Jésus deviennent ainsi les premières à proclamer la résurrection de leur Maître. Marie-Madeleine est même vénérée comme « l'apôtre des apôtres » !
Or le paradoxe, c'est que des textes aussi importants que les Actes des Apôtres (Ac 17, 16-21) ou les lettres de saint Paul (1 Co 15, 1-11), quand ils parlent de la résurrection du Christ, ne mentionnent pas le rôle fondamental des femmes comme témoins originels du Ressuscité !
Pourquoi ? Sans accuser les apôtres de machisme ni de « patriarcalisme », leur souci de présenter des témoins recevables dans la culture antique pourrait expliquer leur réserve. Dans le Moyen-Orient de l’époque de Jésus, un témoignage féminin risque de faire perdre en crédibilité…
👉 Au contraire, les Évangiles, comme celui de Matthieu aujourd’hui, présentent bien ce témoignage féminin. Dans un tel contexte culturel, il est invraisemblable qu’il s’agisse d’une invention faite au cours de la transmission orale de la mémoire sur Jésus.
Pourquoi aurait-on choisi pour témoins des femmes qui suscitaient incrédulité et suspicion ?
Le fait que leur témoignage soit conservé en dépit des préjugés culturels de l'époque, indique qu'il ne s'agit pas d'une invention de la part d'auteurs qui auraient cherché à convaincre par leurs arguments. Cela renforce la crédibilité de ces textes. À bon entendeur…
L’apparition aux saintes femmes selon Matthieu n’a presque jamais retenu l’attention des artistes. Il a fallu fouiller pour retrouver la merveille de Fra Angelico ou de Laurent de la Hyre et on cherche encore celui de Jacob Joardaens ou de Bartolomeo Risgossi. Les peintres ont bien davantage représenté le récit de l’Évangile selon Jean où le Christ, apparaissant à Marie sous les traits d’un jardinier, lui interdit de le toucher. Cette iconographie johannique suscita quelques chefs-d’œuvre de la peinture comme celui-ci de Martin Schongauer qui clôt notre article.
Antonio da Corregio (1489-1534), Noli me tangere (vers 1525), Musée du Prado, Madrid, Espagne.
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