La première personne à rencontrer le Christ ressuscité est Marie-Madeleine. Pourquoi choisir une femme pour annoncer une telle nouvelle ? Pourquoi est-ce Marie-Madeleine le premier témoin de la Résurrection ?
Jésus ressuscite le 3ème jour. Cette période de 3 jours est devenue une référence culturelle majeure. La preuve ? Dans L’Âge de Glace 4, Manny s’exclame :
« Quand je serai mort plus de 3 jours, pour être sûr que je serai mort ! »…
Marie, cependant, restait dehors devant le tombeau, à pleurer.
Tout en pleurant, elle se baissa pour regarder à l’intérieur du sépulcre.
Elle distingue alors deux anges vêtus de blanc, assis
l’un du côté de la tête, l’autre du côté des pieds, là où le corps de Jésus avait reposé. Ils lui disent :
— Femme, qu’as-tu à pleurer ?
Elle leur répond :
— C’est parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis.
Sur ces mots, elle fait volte-face
et voit Jésus devant elle,
sans savoir que c’était lui.
Jésus lui dit :
— Femme, que pleures-tu ? Qui cherches-tu ?
Marie, croyant qu’il s’agissait du jardinier, lui répond :
— Seigneur, si c’est toi qui l’a pris, dis-moi où tu l’as mis, et j’irai moi-même le reprendre.
Jésus lui dit : Marie !
Elle se retourne alors et lui dit :
— Rabbouni (ce qui veut dire « Maître ») !
Jésus lui répond :
— Ne me touche pas :
je ne suis pas encore monté jusqu’au Père.
Va plutôt vers mes frères et dis-leur :
— Je vais monter vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
Marie de Magadala vient annoncer aux disciples :
— J’ai vu le Seigneur !, et voici ce qu'il m'a dit.
Qui Jésus choisit-il pour témoigner qu'il est ressuscité ? Une femme : Marie Madeleine.
Le lecteur moderne n’est sans doute pas surpris par ce choix. Cela n’était certainement pas le cas des contemporains de Jésus. Ainsi dans l’Évangile de Luc (24, 9-11), les disciples de Jésus ne prennent pas les femmes au sérieux, contrairement à Jésus lui-même qui la choisit comme premier témoin.
Ni les Lettres de Paul ni les Actes des apôtres ne mentionnent le rôle fondamental des femmes dans la prédication de la résurrection.
Dans un tel contexte culturel, il est invraisemblable qu’il s’agisse d’une invention faite au cours de la transmission orale de la mémoire sur Jésus : pourquoi aurait-on choisi pour témoins des femmes qui suscitaient l’incrédulité et la suspicion ?
Voilà un fait qui peut interroger celui qui se demande si cette rencontre avec le Ressuscité a vraiment eu lieu, si elle n’a pas été inventée. Pourquoi inventer un fait aussi étonnant, celui de la résurrection d’un homme, de Dieu-fait-homme qui plus est, si c’est pour l’entourer de témoins aussi peu crédibles aux yeux de leurs contemporains ?
Les chrétiens y voient plutôt :
💥 Attention ! Concentration requise 💥 Dans Le problème de Jésus, Jean Guitton (académicien, philosophe, 1901-1999) écrit un petit bijou pour répondre à une question que nous sommes nombreux à nous poser : la résurrection est-elle un événement qui est réellement arrivé dans l’histoire des hommes ? C’est un peu dense, alors focus :
« J’appelle historique ce qui est réellement arrivé dans le monde extérieur aux esprits, ce qui est événementiel et non seulement conscientiel.
Et, en un second sens, plus profond, j’appelle historique ce qui, étant arrivé, suscite chez les hommes animés par l’idée de vérité l’attitude de l’attestation.
Et j’appelle enfin historique, en un troisième sens plus profond encore, ce qui a été affirmé par divers témoins indépendants les uns des autres dans des conditions telles que l’accord de leurs témoignages ne peut s’expliquer ni par l’influence de l’un sur l’autre ni par le hasard.
C’est dans ce sens-là que je crois pouvoir dire que la Résurrection se présente comme historique. Ce que j’ai remarqué au sujet du Tombeau vide et des apparitions (et surtout de leur rapport réciproque) me porte à penser que je suis ici en présence d’une réalité ayant le caractère d’un événement, bien que ce soit plutôt un TRANS-événement, je veux dire : un événement qui, quoique dans ce monde, n’est pas seulement de ce monde. »
Jean Guitton, Le problème de Jésus. Divinité et résurrection, Paris : Aubier, 1953.