Dieu aurait-il des seins féminins ? Explications ici - PRIXM

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Le lien entre des seins féminins et le nom de Dieu dans la Bible tient à un mot : « Shaddaï » en hébreu. Que cela signifie-t-il ?

4 minutes et 27 secondes avec Vampire Weekend, Govert Flinck, Élie Wiesel et une interprétation surprenante des rabbins.
Dernière mise à jour -  
18/11/2024

Vampire Weekend dit une chose, les rabbins prennent le contre-pieds !

Le groupe de rock américain Vampire Weekend adresse un reproche à Dieu dans son titre Ya Hey : « à travers les flammes et le feu tu ne veux même pas dire ton nom ». Il fait référence à l'épisode raconté dans le livre de l'Exode (Ex 3), du Buisson qui brûle sans brûler, d'où Dieu parle à Moïse qui lui demande son nom.

Cette chanson décrit un Dieu lointain qui semble absent, mais ce n'est pas forcément de l’avis des rabbins, comme on va le voir dans L'éclairage !

Le texte biblique qui présente Dieu en évoquant des seins de femme

Dans le livre de la Genèse, Jacob bénit son fils Joseph en nommant Dieu, El Shaddaï, terme dont nous allons étudier le sens dans L'éclairage.

[Cela vient] du Dieu de ton père — et il t'aidera !

— avec Shaddaï — il te bénira des bénédictions du ciel en haut,

des bénédictions de l’abîme qui gît en bas,

des bénédictions des mamelles et du sein.

Les bénédictions de ton père surpassent les bénédictions de ses ancêtres

jusqu'à la limite des collines éternelles :

qu’elles soient sur la tête de Joseph, sur le front du Nazir de ses frères !

Chapitre 49, versets 25 et 26 du livre de la Genèse dans l'Ancien Testament. Traduit par les équipes de notre programme de recherches La Bible En Ses Traditions

L'éclairage pour aborder le sens de la révélation divine

« Shaddaï » : un Dieu qui bénit en nourrissant

Que signifie Shaddaï, l'un des noms de Dieu dans l’Ancien Testament ?

  • Shaddaï veut dire bien des choses d'après les savants comme par exemple « montagnard, champêtre, nourricier » etc., ce qui rappelle une évidence : on n’enferme Dieu ni dans un seul mot ni dans un seul sens !
  • Constat plus marquant — En hébreu, très littéralement, le mot Shaddaï signifie « mes seins » :
    shad = « sein » d’une femme + i final = « mon, mes ».

Ce n’est pas un hasard si c’est ce nom de Shaddaï qui intervient dans des contextes de bénédiction et de prospérité matérielle : comme le nouveau-né tête les seins de sa mère et grandit, ainsi l’homme béni doit être nourri par la bienfaisance divine.

Mais il y a plus, vous allez voir 👇

Isaac bénédiction fils Jacob père enfant Govert Flinck
Govert Flinck (1615-1660), Isaac bénissant Jacob (huile sur toile, 1638), Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas.
Bon, on n'a pas trouvé de tableau de Jacob bénissant Joseph, alors on vous a mis Jacob avec son père, Isaac !

L’interprétation géniale des rabbins

Cependant, les rabbins ne veulent pas réduire les seins de Dieu à la seule fonction nourricière… Ils y voient aussi un symbole bien concret de la manière qu’a Dieu de se révéler.

Les rabbins disent que Dieu se montre à nous à l’image... d’une poitrine féminine que l’on devine à travers un vêtement ! L’image de la forme des seins est devinée à travers le tissu, mais eux-mêmes restent invisibles.

🧐 Si vous voulez creuser les voies par lesquelles les rabbins arrivent à cette interprétation, vous pouvez carrément lire le Talmud de Babylone, au traité Yoma, section 54a (on est allé le lire en anglais ici).

 Joseph frères enfants câlin Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson
Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson (1767-1824), Joseph reconnu par ses frères (huile sur toile, 1789), Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris, France.

Entre Dieu et les hommes : une partie de cache-cache

Dieu se cache en effet. Rares sont ceux qui détiennent des preuves objectives de son existence, même les Écritures vont dans ce sens de Dieu jouant à cache-cache avec ses prophètes. Et même lorsqu'il devient pleinement visible en Jésus-Christ, c'est encore comme une question que Dieu se présente à nous :

« Pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8, 27-28)

👉Le Dieu qui se révèle dans les Écritures Saintes ne nous force jamais, il ne s’impose pas à nous. Il nous attire par des indices, visible-invisible, comme les seins d’une femme derrière un vêtement.

Le mot de la fin

Entretien entre un jeune enfant et son grand-père :

« Le petit-fils de Rabbi Baroukh, Yéhiel, se précipita en larmes dans sa chambre.

— Yéhiel, Yéhiel, pourquoi ces larmes ?
— Mon ami triche, ce n'est pas juste grand-père, ce n'est pas juste pour un ami de tricher !
— Mais qu'a-t-il donc fait, ton ami ?
— Nous jouions à cache-cache. Je me suis si bien caché qu'il n'a pas pu me trouver ; alors, il s'est arrêté de jouer, il n'a plus cherché. Tu comprends, grand-père ? Moi, je me suis caché et, lui, il ne m'a pas cherché, ce n'est pas juste !

Rabbi Baroukh, bouleversé, se mit à caresser la tête du petit garçon, et des larmes lui coulèrent des yeux :

Dieu aussi, Yéhiel, murmura-t-il, Dieu aussi est malheureux. Il se cache et l'homme ne Le cherche pas. Tu comprends, mon petit Yéhiel ? Dieu se cache et l'homme ne se donne même pas la peine de Le chercher. »

Elie Wiesel, Contre la mélancolie, Célébration hassidique, Paris : Seuil, 2014.

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