Découvrez le chantier de la tour de Babel ! Qui est Nemrod, le fondateur de Babel ? Quel est le sens de ce projet de construction ?
Un peu d'électro pour commencer…
Dans son titre « Babel » sorti en 2020, le DJ français Rone se fait plaisir en entremêlant des conversations indistinctes pendant que la mélodie monte crescendo. C'est le vacarme : les langues se confondent et résonnent dans une sorte de grand brouhaha généralisé.
Une foule tonitruante, la confusion des langues et une tension qui monte peu à peu… En fait, ce morceau fait directement référence à un célèbre épisode biblique : l'histoire de la tour de Babel !
Lisons donc ce vieux texte qui a tant inspiré et inspire tant l'imagination des musiciens, des peintres et des écrivains !
Cet épisode fait suite au Déluge (avec l’arche de Noé, etc). Selon la parole de Dieu, les hommes se sont multipliés et ont peuplé la terre. Ils décident de construire Babel, une ville avec une immense tour.
Toute la terre avait une seule langue et les mêmes paroles.
Et il arriva que, lorsqu’ils partirent de l’Orient, les hommes trouvèrent une plaine en terre de Sennaar et ils s’y établirent. Et ils dirent, chaque homme à son prochain :
— Venez, faisons des briques, et cuisons-les au feu.
Et ils eurent des briques en guise de pierres et du bitume en guise de ciment. Et ils dirent :
— Allez, construisons-nous une ville et une tour dont le sommet soit dans les cieux, et faisons-nous un nom afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
Et YHWH descendit pour voir la cité et la tour que bâtissaient les fils de l’homme. Et YHWH dit :
— Voici, il y a un seul peuple et une seule langue pour tous et ils ont commencé à faire ceci et maintenant rien ne les empêchera d’accomplir leurs projets. Venez, descendons, et confondons là leur langue de sorte que nul n’entende plus la parole de son prochain.
Et YHWH les dispersa de là sur la face de toute la terre et ils cessèrent de construire la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de « Babel » car c’est là que YHWH confondit le langage de toute la terre et c’est de là que YHWH les a dispersés sur la face de toute la terre.
Avant d’analyser dans le détail cet épisode, commençons par faire un peu le contexte. Pour cela, revenons un peu en arrière, c'est-à-dire dans les chapitres qui précèdent l'histoire de la Tour de Babel.
Ensuite, le texte biblique retrace la descendance de Noé — les rescapés du Déluge se sont donc bien multipliés !
Et voilà qu’y apparaît un nouveau personnage : Nemrod. Il est essentiel pour comprendre l'histoire de Babel.
« Chus engendra Nemrod. Nemrod commença à être un vaillant puissant sur terre. Ce fut un vaillant chasseur devant YHWH. Et le commencement de son règne fut Babel, Erek, Akkad et Kalneh, en terre de Sennaar. » (Gn 10, 8-10)
Ce court passage nous apprend 3 choses sur Nemrod :
Maintenant qu’on a bien en tête l’identité de son fondateur, revenons à notre chantier titanesque. En fait, le lien entre Nemrod et l’histoire de Babel tient en un mot : la rébellion.
En effet, dès lors qu’on relie ce passage avec ce qui précède, la rébellion des hommes devient encore plus évidente :
Autrement dit : dès le départ, le récit nous indique que l'histoire va dans le sens contraire de ce qui est demandé par Dieu. Ils ne font pas ce que Dieu dit et commande.
Les hommes entreprennent un sacré programme… qui va donc complètement à rebours de la demande de Dieu. Pire encore, ils veulent construire tous ensemble une tour immense aux allures de gratte-ciel !
« Allez, construisons-nous une ville et une tour dont le sommet soit dans les cieux » (Gn 11,4)
En fait, cette construction commune est un projet qui ne prend pas Dieu en compte. Finalement, cette construction vise un monde qui se construit sans Dieu !
Ce projet unique est-il si bon ? En effet, les hommes font tous la même chose à travers ce programme commun. Bref, un nouvel ordre mondial est ainsi établi. Cela ne risque-t-il pas de gommer leur individualité ?
« Allez, construisons-nous une ville et une tour dont le sommet soit dans les cieux faisons-nous un nom afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de la terre » (Gn 11, 4)
Ce court verset nous montre bien que le projet de gratte-ciel à Babel est surtout motivé par l'ambition et le désir de gloire. Symboliquement, toucher le ciel (ou le gratouiller, comme les gratte-ciels), c'est comme si on voulait atteindre le lieu de Dieu !
Allons encore plus loin. Les hommes veulent prendre place dans ce qui est le lieu de Dieu… mais sans son aide. Bref, l'élément central de ce projet, c’est l'orgueil.
En résumé, les hommes établissent tous ensemble une seule ville avec un seul peuple, une seule langue et — cerise sur le gâteau — une tour immense, comme pour défier Dieu ! Mais cette tour est-elle vraiment si immense ?
« Et YHWH descendit pour voir la cité et la tour que bâtissaient les fils de l’homme » (Gn 11, 5)
Ce verset est magnifiquement ironique : il ridiculise le projet des hommes ! Ils ambitionnent de construire une tour immense aux allures de gratte-ciel pour défier Dieu… mais Dieu doit quand même « descendre » pour voir où en est ce projet !
Finalement, cette construction semble davantage asservir les hommes que les émanciper. Leur orgueil ne finirait-il pas par les ridiculiser ?
Pourquoi Dieu met-il fin à ce projet en brouillant les langues des hommes ? On vous laisse sur votre faim… Réponse la semaine prochaine !
Place à notre ami Victor Hugo pour conclure ce numéro. Le plus célèbre des poètes-député décrit Paris à son époque industrielle. La capitale a comme une ambiance de Babel dans ces vers !
« Quand Paris se met à l’ouvrage
Dans sa forge aux mille clameurs,
À tout peuple, heureux, brave ou sage,
Il prend ses lois, ses dieux, ses mœurs.
Dans sa fournaise, pêle-mêle,
Il fond, transforme et renouvelle
Cette science universelle
Qu’il emprunte à tous les humains ;
Puis il rejette aux peuples blêmes
Leurs sceptres et leurs diadèmes,
Leurs préjugés et leurs systèmes,
Tout tordus par ses fortes mains !
Paris, qui garde, sans y croire,
Les faisceaux et les encensoirs,
Tous les matins dresse une gloire,
Éteint un soleil tous les soirs ;
Avec l’idée, avec le glaive,
Avec la chose, avec le rêve,
Il refait, recloue et relève
L’échelle de la terre aux cieux ;
Frère des Memphis et des Romes,
Il bâtit au siècle où nous sommes
Une Babel pour tous les hommes,
Un Panthéon pour tous les dieux ! »
Victor Hugo (1802-1885), extrait de « À l'Arc de Triomphe », Les voix intérieures, Paris, 1837
Babel est une ville. Dans la Bible, elle a la réputation d’être une ville de corruption, de démesure et d’orgueil humain… comme en atteste le projet de la Tour de Babel, sorte de gratte-ciel infini pour prendre la place de Dieu dans le ciel.
Nemrod est le fondateur de la ville de Babel. Son nom vient de l’hébreu “nimrod” qui peut se traduire par “nous nous rebellons”. Il est sans doute à l'origine du projet de construction de la fameuse tour de Babel.
La Tour de Babel est un projet de construction d'une tour qui touche le ciel. C'est un projet ambitieux qui cherche la gloire. Symboliquement, en cherchant à atteindre le ciel, c’est comme si les hommes voulaient atteindre le lieu de Dieu mais sans son aide !