À Babel, pourquoi Dieu réagit-il en instaurant de la confusion entre les langues ? Réponse en commentant le tableau de Brueghel !
André Dussollier prête sa voix pour raconter le récit de la tour de Babel, illustré par Serge Bloch. Chez PRIXM on a franchement aimé cette vidéo, qui dure moins de 5 minutes.
Et toute la terre avait une seule langue et les mêmes paroles. Et il arriva que lorsqu'ils partirent de l’orient, ils trouvèrent une plaine en terre de Sennaar et ils s’y établirent. Et ils dirent — [chaque] homme à son prochain :
— Venez, faisons des briques, et cuisons-les au feu.
Et ils eurent des briques en guise de pierres et du bitume en guise de ciment. Et ils dirent :
— Allez, construisons-nous une ville et une tour dont le sommet soit dans les cieux et faisons-nous un nom afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
Et YHWH descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils de l'homme. Et YHWH dit :
— Voici, [il y a] un seul peuple et une seule langue pour tous et ils ont commencé à faire ceci et maintenant rien ne les empêchera d’accomplir leurs projets. Venez, descendons, et confondons là leur langue de sorte que nul n'entende plus la parole de son prochain.
Et YHWH les dispersa de là sur la face de toute la terre et ils cessèrent de construire la ville.
C’est pourquoi on l'appela du nom de « Babel » car c’est là que YHWH confondit le langage de toute la terre et c’est de là que YHWH les a dispersés sur la face de toute la terre.
Pour l'éclairage, on se repose notamment sur l'explication du tableau de Brueghel pour vous dévoiler le sens de cet épisode biblique.
Au milieu du XVIe siècle, Pieter Brueghel réalise plusieurs tableaux représentant la tour de Babel. Nous vous proposons d’entrer rapidement — mais de manière pertinente bien sûr ! — dans le mystère de cette toile célébrissime.
En bas, à gauche du tableau, apparaît le roi Nemrod qui, selon la tradition, est le commanditaire de la tour. Dans cette discrète présence se dévoilent l’idolâtrie et le péché de l’homme. Plusieurs hommes se prosternent devant le roi, le vénérant et le suppliant.
Les briques blanches qui servent à la construction évoquent les briques que les Hébreux durent produire en Égypte et qui restent le symbole de l’esclavage.
Dans le mythe de la tour de Babel, l’élan de la création et de l’incarnation est inversé : ce n’est plus l’homme qui est créé et visité par Dieu. C’est l’homme qui rêve de devenir Dieu, qui croit pouvoir se passer de Dieu. L’intervention de Dieu, à venir, libérera les hommes de l’idolâtrie et de l’esclavage : l’apparente punition est en fait une délivrance.
« Chose étonnante : tout « créateur » authentique est humble, mais la « civilisation » produite par ces créateurs est orgueilleuse. L’homuncule qui sort du car touristique pour regarder un tableau de Michel-Ange déclare : « Voilà de quoi nous sommes capables nous, l’humanité ! Voilà ce que nous avons créé ! » Tout ce qui avait inspiré de l’humilité à l’artiste (et tout créateur n’est créateur que dans la mesure où il reste « humble » devant son don de création) se transforme en source d’orgueil pour l’humanité. »
Alexandre Schmemann, Journal (1973-1983), Cahier IV (Mai 1976 - Mai 1977), Paris : Éditions des Syrtes, 2009.
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