Pourquoi Abraham part-il en quittant sa famille, sa maison et son pays ? Quel est le sens de cette promesse et pourquoi Abraham part-il en exil ?
Bien sûr, la Terre Promise est un grand thème biblique. Mais c’est aussi, avec Promised Land, l’un des premiers gros tubes de House music à la fin des années 80's ! Le DJ de Chicago Joe Smooth acquière, avec ce morceau qui évoque le paradis — une terre sans violences, une renommée internationale.
Promised Land fût aussi le titre d’un album et d’une chanson du grand Elvis Presley parus en 1975. Bref, le texte biblique qu’on vous présente aujourd’hui a eu une postérité inattendue !
Abraham est un personnage fondamental de la Bible. Ici Dieu s'adresse à Abraham en l'appelant Abram. Mais Abram et Abraham sont bel et bien le même homme.
Et YHWH* dit à Abram :
— Va-t-en de ta terre, de ta famille et de la maison de ton père vers la terre que je te montrerai. Et je ferai de toi une grande nation et je te bénirai et je rendrai grand ton nom et sois une bénédiction. Je bénirai ceux qui te bénissent, et celui qui te maudit je maudirai et en toi seront bénies toutes les tribus de la terre.
Et Abram s'en alla comme YHWH [le] lui avait dit et Loth s’en alla avec lui. Abram avait soixante-quinze ans quand il sortit de Harran.
Et Abram prit Saraï sa femme et Loth fils de son frère ainsi que tous les biens qu’ils possédaient et les âmes qu'ils avaient faites à Harran et ils sortirent pour aller en terre de Canaan.
Et ils vinrent en terre de Canaan.
Et Abram passa dans la terre jusqu’au lieu [de] Sichem, jusqu’au chêne de Moré.
Le Cananéen était alors dans la terre.
Et YHWH apparut à Abram et lui dit :
— C'est à ta postérité que je donnerai cette terre.
Et là, Abram construisit un autel à YHWH qui lui était apparu. Et il partit de là à la montagne, à l’orient de Béthel, et il dressa sa tente à Béthel au couchant et Haï à l’Orient. Et il construisit là un autel à YHWH et il invoqua le nom de YHWH. Et Abram partit, s'en alla en continuant vers le sud.
Abraham est le premier homme croyant en YHWH à rentrer en Terre Promise. Quelle est cette Terre Promise ?
La terre promise à Abraham est donc la terre qui reviendra à Israël son petit-fils. C’est pour cette raison qu’Abraham est considéré comme le premier père de la terre d’Israël. Autrement dit Abraham est un patriarche :
Cette terre montrée par Dieu à Abraham, est aussi la Terre Promise pour le peuple de l'Exode, « pays où coulent le lait et le miel » (Nb 13,27).
La locution est ainsi devenue synonyme d’eldorado et paradis terrestre dans le langage courant.
D'ailleurs, cette terre promise est l’objet favori de bien des auteurs ou de la quête de milliers d’animaux, comme dans le remarquable dessin animé Dinosaure produit par Walt Disney en 2000 — ça vous rappelle des souvenirs ?
Une remarque littéraire sur ce texte biblique. Dieu dit « Va-t'en ». L’ordre de Dieu à Abraham comporte un double mouvement (Gn 12,1) :
« De ta terre, de ta famille et de la maison de ton père »
« Vers la terre que je te montrerai »
Dieu aurait pu se contenter d’une seule partie de cette phrase, mais ici les deux sont mobilisées, car :
Pour arpenter la terre de la promesse et pour suivre le cours de son existence, il faut d’abord se détacher d’une terre, d’une famille ou d’une maison.
Cette injonction rejoint le mouvement initial inscrit dans les textes de la Création lorsque l’auteur sacré déclare :
« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme » (Gn 2,24).
Il n’est pas de promesse possible sans départ, sans un certain détachement initial et sans part d’inconnue...
Dans sa pièce de théâtre, Abraham and Isaac, Laurence Houssman nous fait découvrir que « l’histoire d’Abraham s’inscrit profondément dans l’expérience de tout homme à la recherche de Dieu ». Un Dieu qu’Houssman décrit comme « celui que nul ne peut voir, mais dont chacun peut entendre la voix, surgissant des profondeurs de l’intériorité :
« L’homme est né aveugle aux voies du Ciel ;
mais il connaît la voix de Dieu qui parle dans son cœur. »
La Bible dans les littératures du monde, Sous la direction de Sylvie Parizet, Les Éditions du Cerf, Paris, 2016.