Comment le Coran réécrit-il l'Évangile ?

Comme d’habitude, chez PRIXM, quand on parle du Coran, on fait appel à nos copains dominicains du Caire.

Basé dans la capitale égyptienne, l’IDÉO, Institut dominicain d’études orientales, est un repaire d’érudits parlant l’arabe à merveille et disposant d’une des plus incroyables bibliothèques pour étudier l’Islam. On leur doit cet éclairage passionnant.
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Après la fête de la Nativité, les chrétiens célèbrent la circoncision, la visite des Rois mages, puis le baptême du Christ. 

C’est l’occasion de comparer la façon dont le Coran et la Bible parlent de ces événements. Car au cas où vous l’auriez oublié, le Coran s’intéresse à la figure du Christ.

Peut-on comparer la Bible et le Coran ?

À force de faire du comparatisme, on finit par croire que l’Islam et le Christianisme sont comparables. On a longtemps fait du comparatisme terme à terme : la Bible et le Coran, Jésus et Muḥammad, le Carême et le Ramadan…
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Oui mais que comparer ?

On s’est ensuite rendu compte que ce serait plus juste de comparer les fonctions occupées par ces divers éléments. 

Ainsi par exemple, on a pu dire que :

• Le Coran occupait dans l’Islam, en termes de fonction, la place qu’occupait Jésus dans le Christianisme, en tant que Verbe, parole révélée dans sa littéralité.
  
• Muḥammad, en tant qu’il est l’interprète de la Loi de Dieu, jouait le rôle dévolu au Saint-Esprit dans le Christianisme.

Il est aujourd’hui plus habituel parmi les spécialistes de mettre l’accent sur nos différences, sur des éléments absents ou des fonctions laissées vacantes, et sur le narratif propre à chaque religion.
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Et si finalement la Bible et le Coran n'étaient pas comparables ?

Il est tout à fait naturel de se poser la question, quand on est chrétien, de ce que le Coran ou la tradition musulmane dit de la visite des Rois mages à la crèche, de la circoncision de Jésus, ou de son baptême par Jean.

Or le Coran et la tradition musulmane ignorent totalement ces événements de la vie du Christ. Le Christ coranique n’a que peu de rapport avec le Christ biblique.

Le Christ coranique, que le Coran nomme Issa, est un homme parfait, né sans père comme Adam, et envoyé aux Juifs pour leur annoncer l’Islam. Son retour marquera la fin des temps. Tout ceci peut sembler bien familier.

Mais le Christ coranique :

• Ne s’est pas révélé aux nations païennes (symbolisées par les Rois mages),
  
• Il n’a pas eu besoin de se plier aux coutumes juives (comme la circoncision)
  
• Ni aux rites de purification (comme le baptême de Jean). Inutile d’ajouter que la voix du Père n’avait nul besoin de se faire entendre, surtout pas pour le déclarer son Fils !
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Un horizon bien différent

Tout ceci est d’autant plus déconcertant qu’il y a énormément de points de contact entre le Coran et le Nouveau Testament autour de ces événements :

• Le cousin de Jésus s’appelle Jean, fils de Zacharie et d’une mère stérile. Zacharie est resté muet trois jours, comme signe donné par Dieu pour accompagner l’annonce de cette naissance extraordinaire.
  
• Jean, l’ascète du désert, est présenté dans le Coran comme une sorte de « jumeau mystique » de son cousin Jésus, qui lui vit au milieu des gens. Tout ceci peut sembler bien familier à un lecteur du Nouveau Testament…

Mais tous ces éléments sont mis au service d’un narratif très différent, de même qu’un réalisateur peut monter des histoires très différentes à partir des mêmes rushes.

Ou plutôt comme un remake peut transmettre un message différent à partir d’une même histoire.
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Les raisons d'une mise sous silence dans le texte du Coran

Ici, si le Coran se passe de tous ces détails, c’est qu’il n’a pas besoin de montrer :

• Que les Rois mages viennent le visiter pour montrer que la promesse faite au peuple juif s’étend à toutes les nations, puisque le Coran récuse cette promesse,
  
• Que le Christ coranique accomplit la Loi juive, puisqu’il vient annoncer l’Islam,
  
• Il n’a pas besoin que le Père révèle qu’Il est son Fils au baptême, puisque pour le Coran Jésus n’est pas le Fils de Dieu, mais un prophète important.
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