Découvrez l'origine du nom de Jésus ! Quelle est la différence avec son nom dans la Bible et celui de Issa dans le Coran ?
Dans O Holy Night, l'immense Céline Dion chante la naissance du « Sauveur ». Or, en fait, l'enjeu de ce nom, « Sauveur », est assez massif. On vous explique tout dans l’Éclairage !
Or de Jésus [comme] Christ, la genèse arriva ainsi. Tandis que Marie sa mère avait été fiancée à Joseph, il advint, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait dans ses entrailles de par l'Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était juste et ne voulait pas la montrer du doigt, se proposa de la renvoyer secrètement. Comme il était dans cette pensée voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
— Joseph fils de David ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse car ce qui est conçu en elle est de l'Esprit Saint. Et elle enfantera un fils et tu lui donneras pour nom Jésus car lui-même, il sauvera son peuple de ses péchés.
Tout cela arriva pour que fût accomplie la parole du Seigneur [transmise] par le prophète qui disait :
— Voici que la Vierge sera enceinte et enfantera un fils et on lui donnera pour nom « Emmanuel » ce qui se traduit « Dieu avec nous ».
Réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit et il reçut son épouse. Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils et il l'appela de son nom, Jésus.
Pour rappel, on vous parle du nom de Dieu dans l'Ancien Testament dans le numéro ici.
On déplace désormais un tantinet l'interrogation vers le nom de Jésus, dans le Nouveau Testament, que l'on compare avec le Coran qui, lui, a changé le nom de Jésus :
« Dieu dit : “Ô Issa, fils de Marie ! Est-ce toi qui a dit aux hommes : Prenez, moi et ma mère, pour deux divinités, en dessous de Dieu ?”
Issa dit : “Gloire à toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire. Tu l’aurais su, si je l’avais dit. Tu sais ce qui est en moi, et je ne sais ce qui est en toi.” » Coran, sourate 5, verset 16
Le nom (šem) revêt une valeur particulière dans les cultures sémitiques et plus largement dans le monde méditerranéen antique. Le nom n’a pas pour seule fonction de désigner (une personne, une collectivité d’individus, un lieu, etc.) ; il concrétise la personne dans ses dimensions caractéristiques.
👉 Changer le nom de quelqu’un, dans la Bible, c’est redéfinir profondément sa personne : elle reçoit une nouvelle identité !
Les chrétiens arabophones prient Dieu avec le même nom que les musulmans, Allah. Mais il n’en va pas de même pour Jésus : tous refusent Issa (prononcer « Aïssa »), nom que le Coran donne à Jésus. C'est pour eux une falsification.
Les chrétiens du Levant (Proche-Orient), bien qu’arabisés, ont conservé le mot araméen (langue parlée par le Christ) : Yassouh ou Yessouah.
Jésus, Yassouh ou Yessouah signifie « YHWH sauve » 👉 si vous ne savez pas ce que signifie « YHWH », la session de rattrapage est ici 😘.
En résumé :
Cette vérité est d’ailleurs explicite dans l’Évangile selon saint Matthieu lorsque l’Ange du Seigneur dit en songe à saint Joseph :
« Tu l’appelleras du nom de Jésus, car c’est Lui qui sauvera Son peuple de Ses péchés » (Mt 1, 21).
Pourquoi le Coran n’a-t-il pas adopté l’écriture arabe, Yasû’, pour nommer Jésus ? La raison tient à l’identité que l'Islam donne à Jésus. Dans les cultures sémitiques, le nom porté par une personne n’a rien d’anodin, comme l’a démontré le Père Antoine Moussali, lazariste libanais (1921-2003) :
« Donner un nom à quelqu’un ou à quelque chose, c’est nommer son essence, ce qui le caractérise en propre, ce qui le personnifie […]. L’emprise est tellement forte que l’on serait tenté de dire que ce n’est pas l’individu qui porte le nom, mais le nom qui porte l’individu. » La croix et le croissant, Éditions de Paris, 1997, p. 43
Or le nom coranique de Jésus, Issa, est dépourvu de toute signification : celui qui le porte n’est qu’un prophète parmi d’autres, même s’il jouit d’une position éminente et singulière.
👉 L’intention qui préside à ce vide nominatif est évidente : Issa ne saurait prétendre à une mission salvifique, laquelle ne peut appartenir qu’à Dieu. Or, pour les musulmans, malgré ses attributs, Jésus n’est pas Fils de Dieu. Le Coran le dénie expressément : « Dieu est unique ! Gloire à Lui ! Comment aurait-il un fils ? » (4, 171).
Le rappeur américain Kanye West a aussi « trafiqué » le nom de Jésus. En 2013, il nomme son album Yeezus. C'est la contraction de Ye (les deux dernières lettres de son prénom qui forment son surnom) et de Jezus. Yeezus = Ye + ezus. En se donnant ce nom, il voulait montrer qu'il avait atteint le rang de dieu du rap au même titre que Jay-Z.
Dans la foulée, il lance sa ligne de chaussures qu'il appelle Yeezy... Si Kanye a fait ça c'est en comparaison avec son mentor Jay-Z qui se surnommait J-Hov (dérivé de Jehovah qui dérive lui même de YHWH le nom de Dieu en hébreu) pour dire qu'il était le "dieu" du rap... Comme quoi les rappeurs US sont vraiment calés en hébreu !
*Avant les prises de position nauséabondes de Kanye West, qui ont provoqué chez nous autant de tristesse que de colère, on appréciait et même on admirait une partie de son œuvre qui était totalement dénuée des déclarations que nous découvrons ces derniers temps. Nous avions donc analysé ses œuvres que nous continuons à interpréter, tout en dénonçant ses propos insupportables.
En changeant le nom de Jésus en Issa, le Coran cherche à modifier son identité et sa mission. Toute la puissance de la révélation chrétienne est de découvrir et de rencontrer personnellement en Jésus Dieu Lui-même fait homme :
Voilà ce que les chrétiens du monde entier s'apprêtent à célébrer la nuit de Noël : un petit enfant qui est Dieu avec nous.
Nikolaj Velimirović (plus connu comme étant Saint Nicolas d'Ochrid) est un grand théologien orthodoxe serbe du XXe siècle. Avec lui nous redécouvrons, dans ce mot de la fin, qu'en tant que Fils de Dieu, Jésus-Christ révèle un autre nom de Dieu : celui de Père.
« Lorsque les cieux tonnent, que les océans mugissent, ils T'appellent :
— Seigneur Sabaoth, Maître des puissances célestes !
Lorsque les étoiles tombent et que le feu s'échappe de la terre, ils Te disent :
— Notre Créateur !
Lorsqu'au printemps les fleurs ouvrent leurs boutons, et que les alouettes ramassent des herbes sèches pour en faire un nid pour leurs oisillons, ils te chantent :
— Notre Souverain !
Mais lorsque je lève les yeux vers ton trône, je Te chuchote :
— Notre Père !
[...] Aujourd'hui, grâce en soit rendue à ton Fils Grand et Unique, nous avons appris ton nom véritable. Aussi, avec Jésus-Christ, j'ose T'appeler :
— Père ! »
Saint Nicolas d'Ochrid, Interprétation du Notre Père