La mort de Jésus sur la Croix : que dit le Coran ?

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Découvrez la mort de Jésus racontée dans le Coran. Peut-on en retour mieux comprendre le sens de la Croix dans la Bible ?

4 minutes et 20 secondes avec David Beckham, Diego Velazquez et Charles Péguy
Dernière mise à jour -  
21/11/2024

Lewis et Beckham se gravent Jésus à même la peau

Footballeur dos tatouages sportifs David Beckham

La Croix de Jésus-Christ est devenue un symbole central dans le monde entier et plusieurs grands sportifs l'ont marquée dans leur chair :

  • Une grande croix dans le dos pour le pilote de Formule 1, Lewis Hamilton.
  • L'image d'un Christ en train de monter sur la Croix, dans la nuque de David Beckham.

Le texte biblique qui raconte la mort de Jésus sur la Croix

Ce passage de l'évangile de Matthieu raconte la fin du chemin de croix de la Passion de Jésus.

Arrivés à un lieu dit « Golgotha » – ce qui veut dire « lieu du crâne », on lui donna à boire du vin mêlé de fiel. Et l’ayant goûté, il ne voulut pas boire. L’ayant crucifié ils divisèrent ses vêtements les tirant au sort afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le prophète : ils se sont partagés mes vêtements et ont tiré au sort ma tunique

Et, s’étant assis, ils étaient là, à le garder. Et ils disposèrent au-dessus de sa tête sa sentence écrite : « Celui-ci est Jésus le roi des Juifs ».

Alors sont crucifiés avec lui deux brigands un à sa droite et un à sa gauche.

Ceux qui passaient par là l'injuriaient en remuant la tête et disaient :
— L’homme qui détruit le sanctuaire et en trois jours le bâtit, sauve-toi toi-même si tu es le Fils de Dieu et descends de la croix !

Semblablement les grands prêtres se gaussant avec les scribes et les anciens disaient :
— Il en a sauvé d’autres et lui-même il n’arrive pas à se sauver ! Si c’est le roi d’Israël qu’il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui, il s’est confié en Dieu, qu’il le délivre sur le champ s’il tient à lui car il a dit « de Dieu je suis fils ».

Or les brigands crucifiés avec lui l’accablaient aussi des mêmes moqueries.

À partir de la sixième heure il y eut des ténèbres jusqu’à la neuvième heure, vers la neuvième heure Jésus gémit d’une voix forte disant :
— Eli Eli lima sabachthani.

C’est-à-dire :
— Mon Dieu mon Dieu à quoi m’as-tu abandonné.

L’entendant, certains de ceux qui se tenaient là dirent :
— C’est Élie qu’il appelle, celui-ci.

Et étant accouru aussitôt l’un d’eux ayant pris une éponge l’ayant gorgée de vinaigre et l’ayant fixée autour d’un roseau essayait de le faire boire.

Et les autres disaient :
— Voyons voir si Élie vient le sauver.

Mais Jésus cria de nouveau d’une voix forte et remit l’esprit.

Chapitre 27 de l'évangile de Matthieu dans le Nouveau Testament, versets 33 à 50. Traduit du texte grec par les équipes du programme de recherches La Bible en ses traditions.

La mort de Jésus sur la croix et la distinction entre Bible et Coran

Diego Velázquez (1599-1660), Le Christ crucifié (vers 1632, huile sur toile 248 x 169 cm), Musée du Prado, Madrid (Espagne). Domaine public.

Le récit de la mort de Jésus dans le Coran

Pour comprendre une spécificité importante du christianisme, comparer le texte du Coran et celui du Nouveau Testament n’est pas du luxe. Car le Coran parle de la mort de Jésus. On vous laisse lire par vous-mêmes, Sourate 4 verset 157 :

« Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié, mais furent seulement le jouet d’une illusion. Tous ceux qui se sont opposés à ce sujet sont en réalité dans l’incertitude la plus totale, formulant de simples suppositions. » (Coran, 4, 157, trad. Denis Masson)

La mort de Jésus sur la croix : la grosse différence Bible-Coran

Dans la Sourate 4, le Coran relate la crucifixion de Jésus de manière bien différente de la tradition chrétienne. Jésus y est crucifié « en apparence » disent les exégètes. De ce fait, le Coran opère une double distinction par rapport au texte du Nouveau Testament :

  • Pour les Musulmans, Jésus n’est pas Dieu, mais un prophète : un « simple » homme de Dieu.
  • De même, pour les Musulmans, Jésus n’a pas été crucifié sur une croix, car un homme de Dieu ne peut pas connaître un tel abaissement.

L’Islam présente exclusivement le visage d’un Dieu tout-puissant, auquel l’homme doit se soumettre, il est impensable que Dieu s'abaisse aux hommes.

Paul Gauguin (1848–1903), Le Christ vert, ou Calvaire breton (1889, huile sur toile, 92 x 73 cm), Musée des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles (Belgique). Domaine public.

L'humilité et l'abaissement de Dieu sur la Croix

Le Nouveau Testament montre au contraire que la toute-puissance de Dieu se manifeste dans son abaissement volontaire sur la Croix.

Pour que l’homme puisse vivre d’une communion parfaite avec Lui, Dieu consent à connaître l’angoisse de la mort. Voilà une caractéristique spécifique au christianisme.

  • Déjà avec l'Incarnation en la personne de Jésus, Dieu s'abaisse et prend condition humaine.
  • Mais la mort sur la croix est le sommet de cette révolution. Aucune autre religion ne présente un tel abaissement volontaire de Dieu.

Cet abaissement lors de la mort de Jésus sur la Croix résonne comme un cri d’amour incroyable de Dieu envers les hommes.

Christ mort soutien anges blessures souffrance Véronèse
Paolo Véronèse (1528-1588), Christ mort soutenu par des anges (huile sur toile, vers 1580), Gemäldegalerie, Berlin (Allemagne). Domaine public.

Le mot de la fin

Cet abaissement de Dieu qui va jusqu'à mourir sur une croix, Charles Péguy l'a magnifié dans un poème célèbre :

Les armes de Jésus c'est cette pénurie,

Et sa chair exposée à toute intempérie,

Et les chiens dévorants et la meute ahurie ;  

Les armes de Jésus c'est sa croix de par Dieu,

C'est d'être un vagabond couchant sans feu ni lieu,

Et les trois croix debout et la sienne au milieu ;

Les armes de Jésus c'est cette pillerie

De son pauvre troupeau, c'est cette loterie

De son pauvre trousseau qu'un soldat s'approprie ;

Les armes de Jésus c'est ce frêle roseau,

Et le sang de son flanc coulant comme un ruisseau,

Et le licteur antique et l'antique faisceau ;

Les armes de Jésus c'est cette raillerie

Jusqu'au pied de la croix, c'est cette moquerie

Jusqu'au pied de la mort et c'est la brusquerie.

Du bourreau, de la troupe et du gouvernement,

C’est le froid du sépulcre et c’est l’enterrement,

Les armes de Jésus c’est le désarmement ;

L’avanie et l’affront voilà son industrie,

La cendre et les cailloux voilà sa métairie

Et ses appartements et son duché-pairie ;

Les armes de Jésus c’est le souple arbrisseau

Tressé sur son beau front comme un frêle réseau,

Scellant sa royauté d’un parodique sceau ;

Les disciples poltrons voilà sa confrérie,

Pierre et le chant du coq voilà sa seigneurie,

Voilà sa lieutenance et capitainerie.

Charles Péguy, Huitième jour de La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, 20 novembre 1912, désigné comme « Huitième jour de la neuvaine de Sainte Geneviève pour le Vendredi 10 Janvier 1913 »

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