Pourquoi mettons-nous un genou à terre ? Est-ce que l'on retrouve ce geste dans la Bible ? Quel est le sens d'une génuflexion ? L'homme fait-il preuve d'humilité ?
Été 2016. Colin Kaepernick pose un genou à terre. Le geste a fait scandale chez l’Oncle Sam : en plein hymne national, l'ancien quarterback des 49ers de San Francisco, met un genou à terre en signe de protestation contre les violences policières et les discriminations raciales qui se multiplient dans son pays. Tout, sauf un geste d’adoration… Dans la Bible, ce geste a un tout autre sens !
[Le Christ Jésus] s’humilia lui-même
Étant obéissant jusqu’à la mort
Mais la mort de la croix.
Voilà pourquoi Dieu l’a exalté
Et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom
Afin qu’au nom de Jésus
Tout genou fléchisse
Aux cieux, sur terre et dans les profondeurs
Et que toute langue confesse
Que le Seigneur c’est Jésus Christ pour la gloire de Dieu le Père.
Notre ami François Friche, docteur en Littérature et champion de Suisse de basket (attention, grosse, grosse classe... !) vous propose aujourd'hui une petite réflexion sur le fait de mettre un genou à terre.
Venus adorer le nouveau-né, les bergers mettent spontanément un genou à terre comme dans ce tableau de Poussin (admirez la décomposition du mouvement d’inclinaison entre les quatre personnages : un vrai dessin animé !). Évidemment, c’est plus pratique pour voir un petit enfant de près... mais c’est surtout le signe visible d’une grande soumission et d’un profond respect, comme le laisse entendre l’Épître aux Philippiens.
Dans cette lettre, Paul nous fait découvrir une suite verticale :
Ces genoux qui se plient sont des gestes déplacés ! En effet, le seul être digne d’adoration est Dieu. Dans la Bible (Esd 9,5 ; Ps 95,6 ; Is 45,23), ce mouvement de génuflexion Lui est exclusivement réservé.
Paul attribue ainsi à Jésus ce qui est propre à Dieu : se mettre à genoux devant le Christ, c’est avant tout reconnaître sa divinité.
Respect, donc :
« Ah ! si tu avais à rencontrer un roi ou un grand magistrat, et à le solliciter pour une affaire d’importance, tu ne lui présenterais pas ta requête en bâillant ni avec désinvolture, mais tu manifesterais une crainte respectueuse en sa présence, et c’est avec le visage humblement baissé vers la terre que tu le supplierais. [...] Si tu fais montre d’une telle humilité devant un homme qui « est poussière et qui retournera en poussière » (Gn 3,19), quelle ne doit pas être ton attitude en présence de celui « devant qui tout genou fléchit, au ciel, sur terre et aux enfers » (Ph 2,10) ? »
Julien de Vézelay (1085-1165), Sermons 27. Traduction SC 193,643.