Découvrez ce que dit la Bible sur l'amour et l'infidélité ! Que raconte le livre d'Osée ? Pourquoi cette analogie entre amour humain et amour divin ?
Dans Pour que tu m’aimes encore, écrit par Jean-Jacques Goldman et Erick Benzi, Céline Dion chante l’amour indestructible d’une épouse prête à tout pour rattraper le cœur vagabond de celui qu’elle aime.
Et si on regarde bien, c’est la symétrique exacte du texte biblique qui présente l’amour éperdu d’un époux prêt à tout pour retrouver son épouse égarée. Bref, le thème de l’amour conjugal semble être intemporel.
Osée est un prophète. YHWH lui demande de prendre pour femme une prostituée.
Il obéit et épouse Gomer. Et voilà qu'il semble découvrir que sa femme lui est infidèle ! Fou de rage et en même temps fou d’amour, il s’adresse à ses enfants :
Jugez votre mère, jugez-la car elle n’est pas ma femme et moi je ne suis pas son mari ! Qu’elle ôte ses prostitutions de sa face et ses adultères d’entre ses seins. [...] Car leur mère s’est prostituée, elle est couverte de honte celle qui les conçoit. A cause de cela voici que moi j'entourerai ton chemin d'épines et je l'entourerai d'un mur et elle ne retrouvera pas ses sentiers. Elle poursuivra avidement ses amants et ne les atteindra pas. Elle les cherchera et ne trouvera pas et elle dira : « je veux aller et je veux retourner vers mon premier mari car c'était mieux pour moi alors que maintenant. »
Je ferai cesser toutes sa réjouissance, sa fête, sa nouvelle lune et son shabbat et toute ses assemblées. Je l'affligerai pour les jours des Baals auxquels elle faisait fumer des offrandes, elle s'était parée de son anneau et de son collier et allait après ses amants et moi elle m’a oublié – oracle de YHWH.
C’est pourquoi voici que moi je la séduirai et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. Et je te fiancerai à moi pour toujours. Et je te fiancerai à moi dans la justice et dans le droit et dans l'amour et dans la miséricorde. Et je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras YHWH.
Ce texte nous présente deux figures : Osée, le mari trompé, et Gomer, son épouse infidèle. Et le moins que l'on puisse dire est que les premiers mots d’Osée sont assez crus.
« Jugez votre mère, jugez-la car elle n’est pas ma femme et moi je ne suis pas son mari ! Qu’elle ôte ses prostitutions de sa face et ses adultères d’entre ses seins. » (Os 2,4)
👉 Les paroles pleines de colère et d’emportement expriment le désarroi d’Osée trahi, trompé, méprisé.
Le sens allégorique est clair :
De fait, dans l'Ancien Testament, le peuple d'Israël s'est détourné de Dieu pour adorer d'autres dieux comme Baal, le dieu des Cananéens.
La souffrance d’Osée symbolise la passion de Dieu devant les errances du peuple d’Israël. C'est l'interprétation unanime des commentateurs juifs et chrétiens (Jean Cassien, Origène ou Jérôme de Stridon, ou encore le Talmud).
👉 En nous montrant la figure trompée d’Osée, ce texte biblique nous révèle que Dieu n’est pas insensible aux actions humaines.
« A cause de cela, voici que moi j'entourerai ton chemin d'épines et je l'entourerai d'un mur et elle ne retrouvera pas ses sentiers. » (Os 2,8)
Osée ne parle plus de sa femme à la 3ème personne mais l'interpelle soudain à la 2ème personne : cela souligne la vivacité de l'accusation mais rétablit aussi la communication.
Quelques versets plus loin, on retrouvera le même procédé lorsque YWHW s'adresse à Israël :
« C’est pourquoi voici que moi je la séduirai et la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. Et je te fiancerai à moi pour toujours. » (Os 2,16)
Il s’agit là d’un amour qui s’adresse directement au « tu » de la bien-aimée (Gomer et Israël). C’est un cœur-à-cœur.
« Et je te fiancerai à moi pour toujours.Et je te fiancerai à moi dans la justice et dans le droit, dans l'amour et dans la miséricorde. Et je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras YHWH. » (Os 2,21-22)
Dans la tradition juive, l’offenseur doit demander 3 fois pardon à l’offensé pour être pleinement pardonné.
Or, ici dans ces versets, l'offensé va au-devant de la demande de son épouse. Il anticipe et c’est lui qui, par trois fois, lui dit : « je te fiancerai à moi ».
Dieu n’attend pas même la demande de pardon de sa femme ; il lui pardonne directement et lui dit par trois fois combien il l’aime.
En nous montrant la figure d’un mari trompé, ce texte prophétique nous révèle plusieurs aspects de l’amour divin :
Dans Citadelle, Saint-Exupéry écrit quelques lignes qui nous semblent dans la même veine que le texte de ce jour, à la fois brutales et poétiques, mais ô combien profondes de vérité sur la figure d'une femme adultère :
« Et certes je comprends sa soif et je comprends combien grande est la présence dont elle se réclame. Je sais la lire, qui s’accoude sur la terrasse, quand le soir permet les miracles, fermée de toutes parts par la haute mer de l’horizon, et livrée, comme à un bourreau solitaire, au supplice d’être tendre. Je la sens toute palpitante, jetée ici ainsi qu’une truite sur le sable, et qui attend, comme la plénitude de la vague marine, le manteau bleu du cavalier.
Son appel, elle le jette à la nuit toute entière. Quiconque en surgira l’exaucera. Mais elle passera vainement de manteau en manteau, car il n’est point d’homme pour la combler.
Une rive ainsi appelle, pour se rafraîchir, l’épanchement des vagues de la mer, et les vagues se succèdent éternellement. L’une après l’autre s’use. A quoi bon ratifier le changement d’époux : Quiconque aime d’abord l’approche de l’amour ne connaîtra point la rencontre. »
Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle, Paris, Gallimard, 1948.