Quelle est l'étymologie des mots « église » et « synagogue » ? Partagent-ils des points communs ? Quelles sont leurs différences ?
Dans Church, le rappeur Macklemore raconte comment « Papa et Maman avaient l’habitude de nous emmener à l’église » et termine son morceau en expliquant qu'à l’âge adulte « des choses apparaissent, des situations apparaissent. Et je réalise que Dieu travaille à travers moi, si je m'autorise à être son instrument ».*
« Things appear, and situations appear. And I realize, that's God working through me, if I allow myself to be that vessel »*
Souviens-toi du jour où tu te tenais devant YHWH ton Dieu à l'Horeb
lorsque YHWH me dit :
— Assemble-moi le peuple je leur ferai entendre mes paroles afin qu’il apprenne à me craindre tout le temps qu’il les enseigne à ses enfants.
Alors vous vous êtes approchés aux pieds de la montagne qui était brûlante jusqu'au ciel : obscurité, ténèbres, ouragan, voix forte...
Alors YHWH vous parla du milieu du feu
vous entendiez le son des paroles mais sans voir de figure :
juste une voix.
Il promulgua son alliance qu’il vous ordonna d’observer,
les Dix Commandements, et il les écrivit sur deux tables de pierre.
En ce temps-là il me commanda de vous enseigner des lois et des ordonnances
pour que vous les pratiquiez dans le pays où vous allez entrer pour en prendre possession.
« Église », « synagogue » : trouve-t-on vraiment ces termes dans l'Ancien Testament ?
On s'est posé cette bonne question. Du coup on est allé travailler, et nous sommes remontés à l'origine de ces mots.
Derrière l'ordre de Dieu à Moïse : « assemble-moi (le peuple) », se cache un mot de la Bible en hébreu : QaHaL.
Dans l’Ancien Testament ce terme est utilisé pour désigner les convocations solennelles du Peuple élu par YHWH son Dieu.
Ce terme a été traduit en grec dans la Septante par deux mots qui décrivent les deux faces de cette convocation :
QaHaL désigne d’abord le rassemblement du peuple au pied du mont Sinaï pour entendre la parole de Dieu. Cette assemblée a servi de modèle original pour les rassemblements cultuels du peuple élu dans l'Antiquité et jusqu'à nos jours : juifs et chrétiens continuent à se rassembler dans les églises et les synagogues pour célébrer la Parole du Dieu qui les y appelle.
Le mot religion a une origine romaine et n’a pas d’équivalent ni en grec ni en hébreu. On ne le trouve pas dans les manuscrits bibliques. C'est un terme qui vient de la Rome antique comme le rappelle le père Alexandre Schmemann (1921-1983) dans Le chemin historique de l'orthodoxie :
« Comme tous les états de l’Antiquité, Rome possédait ses dieux et sa religion nationale officielle. […] Rome n’exigeait de ses citoyens qu’une participation extérieure au culte comme expression de leur loyauté envers elle ; il suffisait de brûler quelques grains d’encens devant les images des dieux nationaux, d’appeler l’empereur "Seigneur", d’accomplir, en somme, un rituel. Une fois qu’on avait satisfait à ces exigences, chacun était libre de chercher où bon lui semblait une foi authentique ou le sens éternel de la vie. »
On le voit bien, une telle « religion » n'a pas besoin pour fonctionner d'un Appel reçu de Dieu.
Les mots « église » et « synagogue » proviennent du texte de la Septante, contrairement au mot « religion ».
L’Église et la Synagogue répondent à la Parole de Dieu. Dans l'Église le croyant fait plus encore : il la mange, puisqu’il croit que Dieu s’est fait chair.
« L’Église n’est pas seulement ce qu’il imagine, une espèce d’État souverain avec ses lois, ses fonctionnaires, ses armées, - un moment si glorieux qu’on voudra de l’histoire des hommes. Elle marche à travers le temps comme une troupe de soldats à travers des pays inconnus où tout ravitaillement normal est impossible. Elle vit sur les régimes et les sociétés successives, ainsi que la troupe sur l’habitant, au jour le jour. »
Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, Paris, Plon, 1936.