Découvrez la généalogie de Jésus ! Qui sont ses aïeux ? Que révèle cette longue liste de noms ?
Un superbe morceau de gospel pour commencer.
Dans sa chanson intitulée « Iba », l’artiste nigérian Nathaniel Bassey chante la louange de Jésus, « fils de David et descendant de Jessé ».
En fait, David et Jessé sont deux personnages de l’Ancien Testament cités dans les deux généalogies de Jésus (celle de l’évangile de Matthieu et celle de l’évangile de Luc).
À la veille de Noël, penchons-nous justement sur la généalogie de cet enfant qui naît à Bethléem. C'est parti !
L’an dernier, nous avons étudié la longue généalogie de Jésus qui ouvre l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui, penchons-nous sur l'autre généalogie de Jésus, celle de l’évangile de Luc !
Et Jésus lui-même, quand il commença son ministère, avait environ trente ans et il était, à ce qu’on croyait, fils de Joseph
fils d’Héli
fils de Matthat
fils de Lévi
fils de Melchi
fils de Jannaï
fils de Joseph
fils de Mattathias
fils d’Amos
fils de Naoum
fils d’Esli
fils de Naggaï
fils de Maath
fils de Mattathias
fils de Séméin
fils de Josech
fils de Joda
fils de Joanan
fils de Résa
fils de Zorobabel
fils de Salathiel
fils de Néri
fils de Melchi
fils d’Addi
fils de Kosam
fils d’Elmadam
fils d’Er
fils de Jésus
fils d’Éliézer
fils de Jorim
fils de Matthat
fils de Lévifi
ls de Syméon
fils de Juda
fils de Joseph
fils de Jonam
fils d’Éliakim
fils de Méléa
fils de Menna
fils de Mattatha
fils de Nathan
fils de David
fils de Jessé
fils de Obed
fils de Booz
fils de Salmon
fils de Naasson
fils d’Aminadab
fils d’Aram
fils de Hesron
fils de Pharès
fils de Juda
fils de Jacob
fils d’Isaac
fils d’Abraham
fils de Thara
fils de Nachor
fils de Sérouch
fils de Ragau
fils de Phalec
fils d’Éber
fils de Sala
fils de Kaïnan
fils d’Arphaxad
fils de Sem
fils de Noé
fils de Lamech
fils de Mathousala
fils de Hénoch
fils de Iared
fils de Maleléel
fils de Kaïnan
fils d’Énos
fils de Seth
fils d’Adam
fils de Dieu.
Avouons-le d’emblée : comme toute généalogie, cette longue liste est rapidement un peu barbante. Elle égraine une longue série de noms (tous masculins), remontant de fils en père. Comme on est sympas, on a mis en gras les personnages connus !
Pour commencer, relevons deux détails :
Bref, on le comprend dès le départ : cette généalogie n’est pas vraiment du même type que celle que vous pouvez retracer avec vos parents jusqu’à quelques générations antérieures. Cette généalogie est d’abord une élaboration théologique... comme le met en lumière la conclusion mystérieuse :
Ce qui se dégage à partir de cette généalogie est donc hautement théologique : Jésus est vrai homme et vrai Dieu.
Bon, maintenant qu’on a dit l’essentiel, entrons dans le détail.
Jésus possède deux généalogies distinctes dans le Nouveau Testament, l’une établie par Matthieu (Mt 1, 1-17), l’autre par Luc (Lc 3, 23-38). Elles ont de nombreuses différences.
=> Première différence : la généalogie ne se présente pas dans le même sens.
=> Deuxième différence (qui découle de la première) : les deux évangélistes ne relient pas Jésus au même ancêtre.
Tandis que Matthieu met d’abord l’accent sur la judéité de Jésus, Luc montre surtout que Jésus descend symboliquement d’Adam, le premier homme.
Ces deux généalogies sont donc très complémentaires !
=> Troisième différence : la place de chaque généalogie au sein de l'évangile.
Encore une fois, les deux généalogies sont très complémentaires !
Pour conclure, cette petite analyse nous rappelle que l’histoire de Jésus ne commence pas « hors-sol ». Il est héritier de toute l’histoire qui l’a précédé… jusqu’à Dieu, créateur et commencement de toute chose.
La généalogie de Jésus retracée par l’évangéliste Luc est donc une construction théologique. Elle n’a pas d’abord de prétention historique. D'où sa pointe finale : Jésus est « fils de Dieu » (Lc 3, 38).
Entouré du regard protecteur et ému de Joseph (dans le tableau ci-dessous), cet enfant dans les bras de Marie... déborde l'histoire humaine dans laquelle il s'insère. Pour l'évangéliste, il est Dieu en personne.
Pour conclure avec densité (comme si ce numéro en manquait), laissons la parole au philosophe français Michel Henry. Il développe toute une interrogation autour de cette question fondamentale : peut-on vraiment faire une généalogie humaine du Christ ?
« La généalogie de Jésus constitue le long prologue de l'Évangile de Matthieu (Mt 1,1-16). Cette généalogie de Jésus est reprise par Luc.
Ce n'est pas Joseph, au dire de Matthieu comme à celui de Luc, qui est le père du Christ. Étrange généalogie qui n'est exposée que pour être réfutée tout aussitôt.
Qu'elle soit objet d'embarras de la part des croyants, ou d'ironie de la part des incroyants, l'affirmation de la virginité de Marie cache mal, derrière son contenu apparemment absurde, la thèse essentielle du christianisme, à savoir qu'aucun homme n'est le fils d'un homme, et pas davantage d'une femme, mais seulement de Dieu. »
Michel Henry (1922-2002), C’est moi la Vérité. Pour une philosophie du christianisme (1996), Paris : Seuil, 1996, p. 90-93