Qui sont les personnes qui veulent jeter la pierre à la femme adultère ? Pourquoi la conclusion de cet épisode est-elle la joie du pardon ?
Après Garou, Maître Gims ou encore Brassens, c'est au tour de Johnny de glisser une référence biblique dans l'une de ces musiques !
Pour écouter le morceau sur Youtube, cliquez sur la tête de notre rockstar légendaire. Si vous préférez l'écouter sur Spotify, c'est ici ; et si vous préférez Deezer, c'est là.
Sorti en 1978, le morceau du King Johnny intitulé « La première pierre » fait référence au passage de l'évangile de Jean racontant l'histoire de la femme adultère sur le point d'être lapidée.
On continue aujourd'hui de se pencher sur ce passage avec un nouvel éclairage inédit !
L'épisode qui suit intervient au cours de la vie publique de Jésus. Il est ici à Jérusalem.
[Jésus] s’en alla sur le Mont des Oliviers. À l'aube, il se présenta de nouveau dans le Temple. Et tout le peuple venait à lui. Et, s’étant assis, il les enseignait.
Mais les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en [flagrant délit d']adultère. Ils la firent se tenir au milieu. Il disent à Jésus :
— Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider celles-là. Toi, donc, que dis-tu ?
Or ils disaient cela pour l'éprouver afin d'avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait de son doigt sur la terre, sans y faire attention.
Comme ils persistaient à l’interroger, il se redressa et leur dit :
— Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre. Et de nouveau, se baissant, il écrivait sur le sol.
Entendant, ils se retirèrent un par un, en commençant par les plus vieux jusqu’aux derniers. Et Jésus resta seul, ainsi que la femme debout au milieu.
Se redressant, Jésus lui dit :
— Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ?
Elle dit :
— Personne, Seigneur.
Et Jésus dit :
— Je ne te condamne pas non plus. Va, et désormais ne pèche plus.
Depuis deux semaines, on s'emploie à montrer toute la beauté et la profondeur de ces onze petits versets. On a d'abord parlé du droit de grâce, puis de l'extrême délicatesse de Jésus.
Aujourd'hui, on se penche plus précisément sur le face-à-face entre Jésus et les scribes.
« À l'aube il se présenta de nouveau dans le Temple. Et tout le peuple venait à lui. Et, s’étant assis, il les enseignait. Mais les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en flagrant délit d'adultère. Ils la firent se tenir au milieu. » (Jn 8, 2-3)
La scène se déroule dans le Temple où Jésus enseigne devant « tout le peuple » (Jn 8,2). Cette indication contextuelle est loin d'être anodine :
Ils commettent donc une véritable profanation, d’autant plus grave qu’elle est publique.
« — Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre.
Et de nouveau, se baissant, il écrivait sur le sol.
Entendant, ils se retirèrent un par un, en commençant par les plus vieux jusqu’aux derniers.
Et Jésus resta seul, ainsi que la femme debout au milieu. » (Jn 8, 7-9)
Le retrait des scribes et pharisiens, qui un à un s’en vont, équivaut à une confession de leur péché. Jésus a ainsi trouvé la formule qui les ramène à la nécessité, eux aussi, de se confier à la miséricorde de Dieu.
Notons d’ailleurs le détail de la formulation : « ils s’en allèrent un à un, à commencer par les plus anciens » :
Une seule phrase suffit à Jésus pour ramener ces interlocuteurs à la simplicité d’un examen de conscience… et du même coup pour sauver la vie de cette femme.
On a parlé la semaine dernière de la délicatesse de Jésus envers cette femme. Cette extrême délicatesse transparaît notamment lorsque Jésus lui adresse personnellement la parole.
Pourtant, le sommet de l’épisode est encore à venir :
« Moi non plus je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8, 11)
Il faut saisir la puissance de ce paradoxe : le seul qui aurait le droit de la condamner... ne le fait pas ! Car Jésus, lui, aurait pu en toute légitimité jeter la pierre et mettre à mort cette femme.
Or, par son attitude, Jésus agit de manière inédite : il fait d'une pierre trois coups :
En conclusion de toute notre analyse, on aimerait insister sur ce qu’on devine à travers ce court passage de l’Évangile : la joie avec laquelle Jésus a refusé de la condamner comme il en avait le droit.
Car, pour Dieu, il y a une joie bien plus grande à faire grâce et à pardonner qu’à condamner.
La femme de cet épisode est souvent appelée « la femme adultère ». Mais la conclusion du passage nous amène plutôt à l'appeler « la femme pardonnée ». Un moine chartreux nous offre ainsi l'épilogue parfait sur ce thème du pardon et de la rédemption. Ces mots viennent sublimer l’humilité du pardonné — qui n’est pas parfait et qui le sait.
« Comme il y a un approfondissement humain, un cœur profond, que les heureux ne soupçonnent pas, et que la souffrance seule peut creuser, il y a une certaine qualité, une certaine intensité d’abandon et d’amour reconnaissant, que seuls les pécheurs pardonnés peuvent posséder. La pureté de cœur retrouvée a ses propres richesses aussi. Elle peut manquer un peu de l’exquise limpidité et joie spontanée de la pureté innocente, mais elle peut gagner en humilité, en douceur et en humanité, car elle comprend mieux la faiblesse du cœur humain et elle ne réclame pas ses droits devant Dieu – elle n’en a pas et le sait bien. Le Christ aimait s’entourer de ces pauvres en vertu. »
Le chemin du vrai bonheur, par un Chartreux, éd. Presses de la Renaissance, Paris, 2016
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