Jacob est-il vraiment le père des douze tribus d'Israël ? Quel rôle ont-elles joué dans les Écritures ? D'où vient le mot « judaïsme » ?
En 2012, lors de leur concert à Paris-Bercy, Kanye West et Jay-Z jouent douze fois leur titre Ni**as in Paris.
Oui vous avez bien lu : 12 fois. Alors pourquoi une telle répétition ? Parce que le public le réclamait bien sûr… Mais aussi parce que leurs deux rappeurs américains sont fascinés par les symboles bibliques : et quoi de plus symbolique, dans les Écritures, que le nombre 12 ?
Jacob va mourir et il rassemble ses fils pour leur donner ses dernières volontés. On a coupé parce qu’il parle à chacun de ses 12 fils, on s'est dit que vous lâcheriez... On a donc retenu un seul fils. On vous explique pourquoi dans l’éclairage. Si vous avez du mal à comprendre ce texte, c'est normal, c'est l'un des plus énigmatique de l'Écriture...
Et Jacob appela ses fils et dit :
— Rassemblez-vous, et je vous annoncerai ce qui vous arrivera à la fin des jours.
Regroupez-vous et écoutez fils de Jacob, écoutez Israël votre père. [...] Juda : tes frères te loueront
ta main sur la nuque de tes ennemis
ils se prosterneront devant toi, les fils de ton père.
Un petit de lion, Juda — de la proie mon fils, tu es monté !
Il a ployé les genoux, il s’est couché comme un lion et comme une lionne, qui le fera lever ?
Point ne s'éloignera le sceptre de Juda ni le bâton de commandement d’entre ses pieds jusqu’à ce que vienne Shiloh
— et à lui l'obéissance des peuples !
Attachant à la vigne son ânon, au cep, ô mon fils, son ânesse, il lavera dans le vin, son vêtement et son manteau dans le sang de la grappe.
Plus beaux que vin ses yeux et plus blanches que lait ses dents.
[…]
Tous ceux-là formèrent les douze tribus d’Israël ce sont ces paroles que leur dit leur père et il les bénit, chacun selon sa propre bénédiction il les bénit.Puis il leur donna cet ordre :
— Moi je vais être réuni à mon peuple enterrez-moi avec mes pères dans la grotte double qui est dans le champ d’Ephron le Héthéen en face de Mambré dans la terre de Chanaan, celle qu’Abraham a acquise d’Ephron, le Héthéen avec le champ pour avoir un sépulcre en possession. C’est là qu’on a enterré Abraham et Sara sa femme c’est là qu’on a enterré Isaac et Rebecca sa femme son épouse c’est là que que gît Lia ensevelie. Le champ et la grotte qui s’y trouve [viennent] des fils de Heth.
Après avoir achevé d'instruire de ses ordres ses enfants il joignit les pieds sur son lit et mourut et il fut réuni avec son peuple. Lorsque Jacob eut achevé de donner ses ordres à ses fils, il réunit ses pieds dans le lit, expira et fut réuni à ses pères.
Nous vous avons déjà parlé du patriarche Jacob à qui Dieu donne le nom d’« Israël » au moment de son fameux et mystérieux combat avec l'ange (Gn 32). Mais ici dans cet article, nous nous intéressons aux douze fils de Jacob de qui naquirent les douze tribus d’Israël.
Dès le livre de la Genèse, ce nombre 12 détermine la répartition légendaire du territoire d’Israël entre les 12 fils qui formeront autant de tribus.
Le fils le plus célèbre : Juda (pas celui qui livra Jésus, on se calme).
Dans le texte d'aujourd'hui (le chapitre 49 de la Genèse), nous n’avons retenu qu’une seul des 12 bénédictions que prononce Jacob, celle pour son fils Juda. Pourquoi ? Parce que sa postérité historique est incroyable. Deux exemples :
Le judaïsme et Israël ont donc un lien indissociable dans l'Écriture. Et c'est Marcel Dubois qui offre la conclusion...
« Israël, est-ce la communauté, la loi, la liturgie, la langue, la terre, le pays actuel ? Ces réalités sont diversement liées les unes aux autres : Israël, pour moi, c’est un dialogue avec Dieu à travers ce langage culturel complexe. Je crois que si on est conscient de l'origine biblique d'Israël, la formule de saint Augustin Memoria sui memoria Dei (« Se souvenir de soi-même c’est se souvenir de Dieu ») devient plus exigeante pour un Juif que pour tout autre. Si je fais mémoire de ce que je suis comme juif, j'appartiens au vouloir de Dieu, par conséquent cette mémoire me conduit à Dieu. »
O.-T. Venard, M.-J, Dubois et A. Laurent, Nostalgies d’Israël, entretiens avec le P. M.-J. Dubois, « L’Histoire à vif », Cerf, Paris, 2006, p. 153