Découvrez qui est Jean-Baptiste par rapport à Jésus. Pourquoi dit-il qu’il est une lampe ? Quel est le lien entre la lampe et la lumière ?
Tandis que les journées de décembre sentent le vin chaud à la cannelle et que se répand comme une ambiance de Noël dans nos villes, ouvrons ce numéro avec les doux accords de Coldplay qui chantent justement Christmas Lights, les « lumières de Noël ».
When you're still waiting for the snow to fall / Those Christmas lights
Light up the street / Light up the fireworks in me
Quand tu attends toujours que la neige tombe / Ces lumières de Noël
Illuminez la rue / Allumez le feu d'artifice en moi
Pour surfer sur les paroles, penchons-nous sérieusement sur le sens de l’expression « lumières de Noël »… en lisant l’évangile de Jean !
Pour les croyants, la véritable lumière de Noël, c’est Jésus lui-même, et on vous laisse découvrir qui se charge d’assumer le rôle de lumignon...
Le passage qui suit est issu du prologue de l’évangile de Jean, c’est-à-dire l’ouverture du chapitre 1. Il raconte la naissance de Jésus — ici évoqué comme « la lumière » annoncée par Jean-Baptiste.
Advint un homme envoyé de Dieu. Son nom était « Jean » :
il vint en témoignage
pour témoigner de la lumière
afin que tous vinssent à croire par lui.
Celui-là n’était pas la lumière
mais il vint pour rendre témoignage à la lumière. [...]
Il dit :
— Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. C’est celui qui vient après moi, qui avant moi a été fait, et dont moi, je ne suis pas digne de délier la courroie de la sandale.
Dans ce court passage, l’évangile de Jean présente d’emblée le personnage de Jean, plus communément appelé Jean-Baptiste — ajout bien utile pour ne pas le confondre avec l’apôtre Jean, membre des 12, ou encore avec l’évangéliste Jean (dont on ne connaît pas exactement l’identité, on y reviendra un jour).
En gros : Jean-Baptiste prépare mais ne fait pas écran à celui qu’il annonce : il s’efface devant « celui qui vient après lui » (Jn 1,27).
Revenons-en au texte. Car les trois petits versets ci-dessous sont tout bonnement magnifiques. En termes littéraires, c’est un pur chef-d'œuvre.
« Advint un homme envoyé de Dieu. Son nom était « Jean » :
il vint en témoignage
pour témoigner de la lumière
afin que tous vinssent à croire par lui ;
celui-là n’était pas la lumière
mais il vint pour rendre témoignage à la lumière. » (Jn 1, 6-8)
Ici, l’évangéliste met en scène une sorte de diptyque. Le mot diptyque vient du grec diptykhos et signifie littéralement « deux volets ». Vous le devinez, ces « deux panneaux » correspondent aux 2 personnages : Jean-Baptiste et Jésus.
« Les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander "Qui es-tu ?". Et Jean confessa et ne nia pas. Et il confessa :
— Moi, je ne suis pas le Christ. » (Jn 1, 19-20)
Le motif principal de ce passage consiste à identifier Jésus à la lumière. Et il ne s’agit pas d’une métaphore sans lendemain ! En effet, tout au long de l’évangile de Jean, Jésus se présente lui-même comme « la lumière ». On peut même prolonger l’allégorie :
À travers cette image de la lumière et de la lampe, l’évangile nous indique surtout la relation étroite entre Jean-Baptiste et Jésus. Mais allons plus loin, toujours en lisant ce chapitre 1 de l’évangile de Jean.
Après le binôme formé par la lumière et la lampe (laquelle lampe se rapporte à la lumière), voici donc le binôme formé par la parole et la voix (laquelle voix se rapporte à la parole).
Bref, à travers ces images se dessine le lien étroit entre la figure du Prophète (Jean-Baptiste) et la figure du Messie (Jésus).
Finalement, on remarque que Jean-Baptiste est toujours présenté relativement à Jésus. Car le prophète n’a de sens que par rapport à la parole qu’il porte. Autrement dit : Jean-Baptiste « n’a de sens » que lorsqu’on comprend que son identité est en étroite relation avec celle de Jésus.
Vous l’avez sans doute remarqué : ce passage de l’évangile de Jean est truffé de références à la notion de « témoignage ». Le mot apparaît même 3 fois en 3 versets (en Jn 1, 6-8).
Au-delà de l’impression de lourdeur, il faut donc reconnaître que cette notion de témoignage est fondamentale !
Jean-Baptiste est un témoin de la vie de Jésus : au sens juridique du terme, il peut ainsi en rendre compte. En effet, en droit, un témoin est une personne qui certifie une chose qu’elle a vue ou entendue. Pour les croyants, J-B fait ainsi figure de précurseur et d’appui dans la foi.
Pour conclure en poésie, nous laissons la plume de Saint-Exupéry évoquer la distinction entre les signes de la lumière et la lumière elle-même.
« [Un père parle à son fils] Tu connais le festin des noces, une fois que l’ont déserté les convives et les amants. Le petit jour expose le désordre qu’ils ont laissé. Les jarres brisées, les tables bousculées, la braise éteinte, tout conserve l’empreinte d’un tumulte qui s’est durci. Mais à lire ces marques, me dit mon père, tu n’apprendras rien sur l’amour. À peser, à s’attarder sur le dessin des caractères ou sur l’or des enluminures, l’illettré manque l’essentiel, qui est non l’objet vain mais la Sagesse divine. Ainsi l’essentiel du cierge n’est point la cire qui laisse des traces, mais la lumière. »
Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle, Paris, Gallimard, 2000, Folio 3367, p. 43