Jésus est baptisé dans le Jourdain. Que disent les Écritures de cette frontière naturelle, endroit terrestre le plus bas au monde ?
Le mot Jourdain vient de l'hébreu et désigne le fleuve où Jésus a été baptisé (entre autres épisodes célèbres ayant pour cadre ce fleuve-frontière de la Terre sainte...).
Allez savoir pourquoi Molière a baptisé ainsi l'un des personnages les plus drôles qu'il ait donné au théâtre français. Toujours est-il que, par son seul nom, Le Bourgeois Gentilhomme fait lui aussi un clin d'œil vers la Bible.
L'occasion était trop belle de vous passer cette scène où Fabrice Luchini joue Monsieur Jourdain dans le film Molière de Laurent Tirard (2007). Romain Duris lui donne la réplique.
Et il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth de Galilée
et fut baptisé dans le Jourdain par Jean.
Et remontant aussitôt de l’eau il vit les cieux ouverts
et l’Esprit comme une colombe descendant sur lui.
Et il y eut une voix des cieux :
— Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me suis complu.
Souvent, on imagine le Jourdain comme un grand fleuve. C'est ce que montre l'illustration ci-dessous datant du XIe siècle.
(Remarquez la représentation du "dieu fleuve" Jourdain, homme étendu dans le coin à droite, à l'imitation des allégories mythologiques).
Or le Jourdain est en fait une rivière de taille modeste, qui se traverse très rapidement, comme l'a très bien représenté Le Pérugin dans le tableau plus bas dans l'article !
Toutefois, ce cours d’eau est hautement symbolique à trois niveaux (au moins) :
Géographiquement, le Jourdain se situe dans une faille naturelle qui part des grands lacs en Afrique et passe par la Terre Sainte. Cette faille place le Jourdain à près de 400 mètres au-dessous de la mer. C’est le lieu terrestre le plus bas du monde.
Quand Jésus se fait baptiser dans le Jourdain, il vient habiter les entrailles de la terre, il va au plus profond du monde. Comme si son baptême représentait topographiquement son abaissement au pied de l’humanité ! D’ailleurs en hébreu, JaRDeN qui a donné Jourdain, signifie « descente ».
Historiquement, le Jourdain est une frontière naturelle qui sépare la Terre promise du désert où, selon la Tora, le peuple élu a erré pendant 40 ans avec Moïse. C’est ce fleuve que le peuple a traversé pour entrer en Terre Promise.
En se faisant baptiser dans le Jourdain, Jésus récapitule donc l'histoire de son Peuple et rentre comme lui en Terre Promise.
Théologiquement, la frontière entre désert et Terre Promise symbolise la séparation entre la mort et la vie. En se faisant baptiser dans le Jourdain, Jésus quitte la terre de la mort et ouvre la voie vers le « Royaume » : une plénitude de Vie désormais accessible !
Le baptême devient alors l’entrée dans une vie nouvelle, où la mort n’est plus crainte comme le terme de la vie.
Ces symbolisations confèrent au lieu du baptême une grande profondeur de sens. Comme souvent dans la Bible, « un sens peut en cacher un autre », ici : la géographie contient toute une théologie !
Pour le découvrir, il ne faut pas cesser de lire la Bible, de s'y plonger comme dans un Jourdain qui fait entrer dans le Royaume : plus on plonge dans les Écritures, mieux se dévoile la surabondance de leurs significations.
Et pour terminer, on vous invite à visionner notre petite vidéo de la saga PRIXM in Paris, où nous décryptons le nom d'une station du métro parisien, à savoir... Jourdain !
Préfigurant la résurrection, le baptême de Jésus annonce déjà le passage de la mort à la vie. Et pour les croyants, ce n’est pas rien car comme le disait déjà Aristote :
« Ce qui est le plus effrayant, c’est la mort, qui est le terme final au-delà duquel il n’y a plus, semble-t-il, ni bien, ni mal. »
Aristote, Éthique à Nicomaque, trad. Garnier-Flammarion, Paris, 1965.