Quels sont les liens qui unissent les peuples juifs et chrétiens ? Partagent-ils des symboles artistiques et architecturaux en commun ?
À la fin des années 60, on se passionne pour les kiboutzim ; on chante, on danse et on prie pour la paix à Jérusalem. Dalida est de la partie ; elle chante le vivre ensemble irénique du Psaume 133 : « Qu’il est doux, qu’il est bon pour des frères de vivre ensemble… » 🎵
Dans la Bible, le peuple d’Israël, fidèle à Dieu, est comparé à un figuier, à une vigne, ou à un olivier. C’est cette image que l’apôtre Paul a choisie pour exprimer en métaphore les liens qui unissent les disciples du Christ aux juifs. Les chrétiens sont des branches greffées sur l’olivier franc d’Israël.
Si la racine de l’arbre est sainte, les branches le sont aussi. De ces branches, quelques-unes ont été coupées, alors que toi, olivier sauvage, tu as été greffé parmi les branches, et tu as part désormais à la sève que donne la racine de l’olivier. Alors, ne sois pas plein d’orgueil envers les branches ; malgré tout ton orgueil, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte.
Sur de nombreuses représentations (par exemple aux cathédrales de Strasbourg, Reims et Paris), l’Église triomphante tourne le dos à la Synagogue, parfois voilée, aveugle, incapable de reconnaître Jésus comme le Messie d’Israël. Les artistes, de cette manière, expriment une théologie dite « supersessioniste », selon laquelle l’Église a remplacé Israël, dont l’alliance est désormais révoquée.
La Synagogue n’a alors plus qu’à se lamenter.
Pour les 50 ans de Nostra Aetate* en 2015, l’Université de Saint-Joseph aux États-Unis a commandé à l'artiste Joshua Koffman une sculpture exprimant les nouvelles relations entre l’Église catholique et le peuple juif. Il réalise alors une sculpture intitulée Synagoga and Eclesia in Our Time : il désire transformer un signe traditionnel d’hostilité en un signe témoignant de l’estime mutuelle. L’Église scrute le rouleau des Écritures tandis que la Synagogue a les yeux fixés sur la Bible chrétienne : il n’y a plus de vainqueur ou de vaincu mais deux personnages semblables qui apprennent patiemment à se connaître et à s’apprécier.
*: Ce symbole est un astérixm. Juste pour dire que Nostra Aetate est une déclaration du concile Vatican II sur les relations entre l'Église catholique et les religions non-chrétiennes. Franchement, allez le lire, c'est magnifique.
Le bon Pape François conclut en beauté :
« Dieu continue à œuvrer dans le peuple de la première Alliance et fait naître des trésors de sagesse qui jaillissent de sa rencontre avec la Parole divine. Pour cela, l’Église aussi s’enrichit lorsqu’elle recueille les valeurs du Judaïsme. »
Pape François, Evangelii Gaudium, 2013, n° 249.