« Délivre-nous du Mal » : c'est quoi le mal ?

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La prière du Notre-Père dit à Dieu : « Délivre-nous du Mal ». Qu'entend-on par là ? Quelle est cette délivrance et qu'est-ce que le Mal ?

4 minutes et 28 secondes avec le Notre Père en Swahili, Cosimo Rosselli et Irénée de Lyon
Dernière mise à jour -  
20/11/2024

« Baba Yetu » signifie « Notre Père » en Swahili, et vous allez adorer

À écouter direct ! Un orchestre philharmonique qui accompagne les voix pour chanter Baba Yetu, le « Notre-Père » en Swahili : shot de bonne énergie garanti !

Le texte biblique où Jésus enseigne la prière du Notre Père à ses apôtres

Jésus se trouve sur une montagne au bord du lac de Tibériade et il enseigne les disciples et les foules :

Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi :

Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Remets-nous nos dettes,

comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs.

Et ne nous laisse pas entrer en tentation,

mais délivre-nous du Mal.

Chapitre 6, versets 5 à 13 de l’Évangile selon saint Matthieu dans le Nouveau Testament. Traduit par les équipes de notre programme de recherches La Bible en ses traditions.

Qu'est-ce que le mal et pourquoi dit-on « Délivre-nous du mal » dans le Notre-Père ?

photographie notre père en occitan
Petite traduction du Notre-Père en VO occitan !

La prière du Notre-Père et la signification de l'expression « Délivre-nous du Mal »

Dans la prière du Notre-Père, enseignée par Jésus à ses apôtres, le final dit : « Délivre-nous du Mal ». Mais de quel « mal » s’agit-il ? Et pourquoi la traduction liturgique officielle lui met-elle une majuscule ?

Force est de constater que le mal tient en échec les systèmes de pensée purement humains : il est peut-être même dangereux de vouloir tout dire du mal, l'expliquer, le rationaliser, au risque de le justifier. Le mal reste avant tout un mystère

Sermon montagne discours foule Jésus disciples Cosimo Rosseli
Cosimo Rosselli (1439-1507), Le Sermon sur la montagne (fresque, 1481-1482), Chapelle Sixtine, Vatican. Domaine public.

L'interprétation des métaphysiciens : le mal comme « trou »

Paradoxalement, les métaphysiciens nous disent que « le mal est, et n'est pas » :

  • Il est, en tant qu'il existe autour de nous… Je le vois dans les souffrances qui m'entourent, les malheurs qui me touchent, etc.
  • Mais il n'est pas : ce n'est pas quelque chose dans le monde, ce n'est pas une substance. — C'est-à-dire ? On vous explique en dessous.

À la suite des Pères et notamment de saint Augustin, constatons que le mal est absence de bien : il relève d'un manque, du non-être. Il est plus exactement une privation. Pour prendre une image, il est comme un trou : comment décrire un trou, sinon par rapport à la substance qui l'entoure, et dont il est le défaut d'être ?

Le mal est toujours relatif au bien dont il prive, il est toujours second.

L'inverse n'est pas vrai, car le bien ne se définit pas par rapport au mal, mais par rapport à lui-même. Le mal ne peut être saisi en lui-même : le bien jouit donc d'une primauté sur le mal. Par exemple, l'aveugle souffre de la privation de la vue, la vue étant le bien premier permettant de définir le mal par contraste.

Icône Notre Père prière sept demandes
Icône du Notre-Père (fin du XVIIe siècle), Russie. Domaine public.

Le mal, inspiré par le Malin

L'interprétation des métaphysiciens peut nous aider à approcher la question du mal en général, mais la prière Notre-Père a une toute autre dimension. Le mal dont nous supplions le Père de nous délivrer est bien identifié par l'Écriture : c'est le diable ou le Malin (avec sa majuscule), un ange déchu, créature plus forte que l'homme, et qui est à l'origine du mal. La puissance de cette créature explique pourquoi le mal semble parfois submerger l'humanité.

Mais Jésus nous fait demander au Père de nous en délivrer — mieux : par sa croix et sa résurrection, Jésus lui-même est la délivrance envoyée par le Père.

Pour aller plus loin, retrouvez trois autres numéros :

  • Et comme le mystère du mal culmine sur la Croix, on vous propose de relire le contrepoint entre son interprétation coranique et l'enseignement authentique du christianisme. 

Le mot de la fin

« La vue non plus ne serait pas pour nous si désirable, si nous ne savions quel grand mal est la cécité ; la santé aussi est rendue plus précieuse par l’épreuve de la maladie, tout comme la lumière par le contraste des ténèbres et la vie par celui de la mort. Ainsi le Royaume céleste est-il plus précieux pour ceux qui connaissent celui de la terre; et plus il sera précieux, plus nous l’aimerons. »

Saint Irénée de Lyon, Contre les hérésies (188), Livre IV, 22,2, « Sources chrétiennes », Paris : Cerf, 1969.

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