Découvrez les liens entre Coran et histoire ! Comment le Coran et les événements historiques sont-ils articulés par les théologiens musulmans ?
Pour vous parler du rapport du Coran à l'Histoire, perçu de manière différente dans l'Islam, on a fait appel aux frères dominicains du Caire.
Basé dans cette ville incroyable, l’Idéo, Institut dominicain d’études orientales, est un repère d’érudits parlant l’arabe à merveille et disposant d’une des plus incroyables bibliothèques pour étudier l’Islam.
Les études coraniques peuvent, grosso modo, se classer en trois types d’approches pas tout à fait conciliables.
Une partie des lecteurs du Coran, une majorité dans l’Islam sunnite aujourd’hui, considère le Coran comme un point de départ. Tout ce qui s’est passé dans l’Histoire avant le Coran n’a pas vraiment droit de cité, ne compte pas et n’est pas digne d’intérêt.
Avec Muḥammad et ce que nous raconte le Coran, Dieu aurait fait un immense reset. Le point zéro de l’Histoire n’est plus Jésus-Christ. On étudie le Coran et la civilisation qu'il a suscitée, sans trop considérer ce qui l'entoure.
Une autre partie, surtout des universitaires en Occident, considère le Coran comme un point d’arrivée. Le Coran serait à considérer comme un réceptacle
de toutes les traditions philosophiques et religieuses qui viennent avant.
Ce qui suppose :
Bref, pour faire un travail sérieux avec cette approche, il faut être une bête de catégorie internationale.
Une dernière façon d’appréhender le Coran est de le faire sortir de l’histoire : on étudie le Coran, seulement le Coran, rien que le Coran.
Ce qui vient avant ou après ne rentre pas en compte. Le Sola Scriptura de la réforme luthérienne.
Vous avez compris, chez PRIXM, on insiste plutôt sur la nécessité d'étudier le contexte historique de la Bible pour mieux en percevoir le sens. Ce faisant, on est tombé sur cette réflexion du grand Milan Kundera qui nous alerte sur les limites de l'Histoire, qu'on ne peut jamais parfaitement saisir :
« Aujourd’hui déjà, l’Histoire n’est plus que le grêle filin du souvenir au-dessus de l’océan de l’oublié, mais le temps avance et viendra l’époque des millénaires avancés que la mémoire inextensible des individus ne pourra plus embrasser ; aussi des siècles et des millénaires tomberont par pans entiers, des siècles de tableaux et de musique, des siècles de découvertes, de batailles, de livres, et ce sera mauvais, parce que l’homme perdra la notion de soi-même, et son histoire, insaisissable, inembrassable, se rétrécira à quelques signes schématiques dépourvus de sens. »
Milan Kundera, La plaisanterie, Paris, Gallimard, 1968.