Qui est saint Michel, l’archange qui terrasse le dragon ?

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Qui est saint Michel dans la Bible ? Que signifie son prénom ? Qu’est-ce qu’un archange ? Que raconte l’Apocalypse à propos du combat contre le dragon ?

3 min et 36 secondes avec le Mont Saint Michel, Rubens, Van Lint et des petites galettes Saint Michel
Dernière mise à jour -  
14/6/2024

Saint Michel, patron des parachutistes

Saint Michel est sans doute l’une des plus grandes stars de la Bible et de notre culture. Il a une abbaye et un Mont à son nom classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, des galettes au beurre à son effigie, une palanquée de tableaux qui le représentent ou encore des chants à son honneur…

Une fois n’est pas coutume, la pépite d’aujourd’hui marche d’un pas militaire. Car, depuis 1945, saint Michel est le patron des parachutistes. 

Pourquoi ? Tout simplement parce que Michel est un ange couramment représenté sous les traits d’un chevalier descendant du ciel avec ses ailes. Et les parachutistes sont des soldats (un peu comme Michel) qui descendent du ciel avec leurs ailes (leur parachute). On vous laisse donc écouter l'hymne des paras, en l'honneur de saint Michel.

Maintenant, place au combat ! Sortons bouclier et épée, et lisons le texte biblique qui suit !

Le texte biblique qui raconte le combat entre Michel et le Dragon

Michel est tout particulièrement évoqué dans un célèbre passage du dernier livre de la Bible, l’Apocalypse. Il s’agit d’une vision où les images et métaphores foisonnent.

Et voici qu’un grand signe apparut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, et la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles. Et elle est enceinte, elle criait en accouchant, et [elle était] au supplice pour accoucher !

Et parut un autre signe dans le ciel et voici : un grand dragon rouge ayant sept têtes et dix cornes et sur ses têtes sept diadèmes. Et sa queue traînait le tiers des étoiles du ciel et les jeta sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter pour, quand elle aurait enfanté son enfant, le dévorer.

Et elle enfanta un fils mâle, qui doit diriger toutes les nations avec un sceptre de fer. Et son enfant fut arraché vers Dieu et vers son trône. [...]

Et il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges pour combattre avec [contre] le dragon, et le dragon combattait et ses anges. Mais ils ne prévalurent pas, et une place ne lui fut plus trouvée dans le ciel.

Et il fut jeté le grand dragon, le serpent ancien qui est appelé Diable et Satan qui séduit le monde entier. Il fut jeté sur la terre et ses anges furent jetés avec lui.

Et j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait :
— Maintenant sont arrivés le salut, la puissance et le règne de notre Dieu et le pouvoir de son Christ car il a été projeté, l’accusateur de nos frères qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit. [...]

Et quand le dragon se vit jeté sur la terre, il poursuivit la femme qui avait donné naissance à l’enfant mâle. Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme pour s’envoler au désert en son lieu afin qu’elle y soit nourrie un temps, des temps et la moitié d’un temps hors de la présence du serpent. [...]

Et le dragon fut en colère contre la femme et il alla faire la guerre au reste de ses enfants, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus.

Livre de l’Apocalypse, chapitre 12, versets 1-5 ; 7-10 ; 13-14 ; 17. Traduit de la version grecque byzantine par les équipes du programme de recherches La Bible en ses Traditions.

L’histoire de saint Michel dans la Bible : un archange qui envoie du pâté

Pieter van Lint (1609-1690), Saint Michel Archange (1669, huile sur cuivre, 35 x 28 cm), Collection privée. Domaine public.

L’archange Michel, un super-messager

Notre éclairage du jour se résume à une question : qui est Michel ?

Figure populaire, appelé saint dans les églises catholiques et orthodoxes, célèbre prénom porté par tant d'hommes depuis Delpech, Polnareff, Drucker et tous les autres… Michel est d’abord un personnage biblique du Livre de Daniel. 

Pour être précis, Michel est un ange. Et même, plus que ça, c’est un « archange ». Et un archange, c’est quoi ? Réponse, étymologie grecque à l’appui : 

  • archè signifie « commencement / commandement », autrement dit le chef ou le prince ;
  • angelos signifie « messager » ; ce mot grec est passé en latin et ensuite en français comme « ange » pour signifier seulement les messagers venant de Dieu (des êtres célestes).

Bref, Michel est donc une sorte de super-messager. Il est mentionné dès l’Ancien Testament, dans le Livre de Daniel, lors de ses visions apocalyptiques. 

« En ce temps-là se lèvera Michel, le grand prince qui se tient devant les fils de ton peuple, et il viendra un temps tel qu’il n’y en a pas eu depuis que les nations commencèrent à exister jusqu’à ce temps-là. » (Dn 12, 1)

La vague mention de « en ce temps-là » indique que Michel est nommé lors de « visions apocalyptiques », car il s’agit d’un futur mystérieux qui est connu et déterminé seulement par Dieu. 

Au passage, le mot « apocalypse » (au sens biblique du terme) désigne :

  • non pas des visions d’horreur et de catastrophe sur la fin du monde — ça, c’est la définition moderne du mot « apocalypse » ;
  • mais des visions symboliques relatives à la fin des temps (dans le vocabulaire théologique, on parle aussi de visions « eschatologiques »).
Galettes au bon beurre, les biscuits St Michel font le plaisir des papilles à l'heure du goûter ! Détail pour la route, sur la face de ces fameux biscuits figure un dessin... de l'archange saint Michel en train de terrasser le dragon !

« Qui est semblable à Dieu ? » : Michel, un prénom-question

Penchons-nous maintenant sur le nom « Michel ». Issu de l’hébreu mi-kha-el, on peut le traduire comme tel :

  • mi = qui
  • ka = comme
  • El = Dieu (Elohim)

Donc : qui est semblable à Dieu ! Euh, oui… Sauf que si on veut être vraiment fidèle à la traduction hébraïque, son prénom est une question ! Littéralement, Michel signifie : « qui est comme Dieu ? », sous forme d'une question rhétorique.

Comme souvent dans la Bible, le nom donne une indication sur la vie et la mission du personnage. En l’occurrence, pour Michel, son prénom-question indique… que personne n’est égal à Dieu ! Car la question « qui est comme Dieu ? » appelle implicitement la réponse : personne ! 

Autrement dit, le nom même de Michel rappelle que personne n’est égal à Dieu.

Maestro de Zafra (XVe siècle), Saint Michel Archange (vers 1500, 242 x 143 cm), Musée du Prado, Madrid (Espagne). Domaine public.

Michel et Lucifer, deux anges que tout oppose

Michel est donc un ange et son nom signifie « qui est semblable à Dieu ? ». À ce titre, on peut faire un parallèle entre deux anges aux trajectoires opposées : Michel et Lucifer. 

En effet, Lucifer désigne un ange lui aussi, mais un ange déchu. Il était le plus beau et portait la lumière… mais, bouffé par l’orgueil, il a voulu prendre la place de Dieu ! On en a fait un super article et un super podcast, si ça vous intéresse. Si on résume :

  • à Lucifer qui veut prendre la place de Dieu…
  • Michel rappelle que personne n’est égal à Dieu.

Autrement dit : Michel, c’est l’anti-Lucifer, celui qui rappelle que tout vient de Dieu, que personne ne peut égaler Dieu. D’ailleurs, dans le texte de l’Apocalyspe, Michel se bat contre un dragon, symbole du diable :

« Et il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges combattirent le dragon. Et le dragon riposta, avec ses anges. Mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. Et il fut jeté le grand dragon, le serpent ancien qui est appelé Diable et Satan qui séduit le monde entier. Il fut jeté sur la terre et ses anges furent jetés avec lui. » (Ap 12, 7-9)
Peter Paul Rubens (1577-1640), Saint Michel expulsant Lucifer et les anges rebelles (1622, huile sur toile, 149 x 126 cm), Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid (Espagne). Domaine public.

Michel et le dragon, un grand classique de l’histoire de l’art

Évolution maximale du serpent, le dragon est le symbole du diable — aussi appelé Satan. Pour mieux comprendre les différents noms du diable, lisez notre article « qui est le diable et comment le nommer ? »

Pour en revenir au texte, la description met en scène 3 personnages : 

  • 1) une femme est en train d’accoucher d’un garçon : « Elle [était] enceinte, elle criait en accouchant » (Ap 12, 2)
  • 2) le dragon guette cette scène, prêt à tuer le nouveau-né sitôt la naissance survenue : « Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter pour, quand elle aurait enfanté son enfant, le dévorer. » (Ap 12, 4)
  • 3) enfin, Michel se charge de défendre cette femme et son enfant en terrassant le dragon : « Il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges pour combattre avec le dragon. » (Ap 12, 7)

L’image de Michel trucidant le dragon est donc non seulement un symbole du combat contre le mal et contre le diable, mais aussi un symbole du défenseur qui protège la femme enceinte et l’enfant qu’elle porte, menacé de mort avant même sa naissance. En ce sens, Michel est l’ange protecteur par excellence, et ça en a inspiré plus d’un ! 

Pas étonnant que les artistes se soient précipités pour représenter ce passage ! Maintenant, si au musée vous croisez un type ailé avec une lance, une armure, un bouclier et surtout un dragon écrabouillé sous le pied, vous saurez que c’est saint Michel, que la ref vient du Livre de l’Apocalypse… et qu’il vaut mieux ne pas s’y frotter.

Artiste inconnu, Saint Michel et le dragon (vers 1405, tempera sur bois, 105 x 103 cm), Metropolitan Museum of Art, New York (États-Unis). Domaine public.

Le mot de la fin

Finalement, la figure de Michel est d'abord une figure d’humilité et de courage : il bat en brèche la violence du Dragon et ses séductions. On laisse donc la parole au philosophe Gabriel Marcel pour conclure notre numéro :

« Cette lumière, nous avons à la rayonner les uns pour les autres, tout en sachant bien toujours que notre rôle consiste avant tout et même peut-être exclusivement à ne pas faire obstacle à son passage à travers nous. 

Malgré les apparences, c’est un rôle actif : parce que le moi est prétention, et que cette prétention est tenue de se surmonter ou de se briser elle-même, ce qui n’est possible que par la liberté, ce qui est la liberté.

Le meilleur de moi ne m’appartient pas, je n’en suis aucunement propriétaire, mais seulement dépositaire. Ce qui importe, c’est de savoir quelle attitude j’adopterai par rapport à mes dons. Si je les regarde comme un dépôt que je suis tenu de faire fructifier, c'est-à-dire, au fond, comme l’expression d’un appel qui m’a été lancé, ou même parfois d’une question qui m’a été posée – je ne songerai pas à m’enorgueillir et à parader devant autrui, c'est-à-dire devant moi-même. »

Gabriel Marcel (1889-1973), Tu ne mourras pas, Paris, Arfuyen, 2005, p. 48

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