Découvrez le texte sublime écrit pas Jean-Paul Sartre sur la naissance de Jésus dans la crèche. Joyeux Noël !
Les merveilleux Dei Amoris Cantores chantent Emmanuel, pièce inédite qui célèbre la nuit de la Nativité, c'est-à-dire la naissance de Jésus à Noël.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville.
Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth
vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem
— parce qu’il était de la maison et de la famille de David —
pour se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
Or, comme ils étaient là, furent accomplis les jours où elle devait enfanter.
Et elle mit au monde son fils, le premier-né et elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
On pourrait vous raconter beaucoup de choses sur la crèche. On pourrait vous dire :
Jean-Paul Sartre a écrit le plus merveilleux passage sur la Crèche. Lisez-le à votre femme, votre mère, votre fille ou votre sœur, ou même à la première femme qui passera car ce texte est admirable :
« Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici.
La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : 'mon petit' !
Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : 'Dieu est là', et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères.
Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments-là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.
Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. »
Ce texte est extrait de Bariona ou le fils du tonerre, pièce de théâtre rédigée par Sartre à l'occasion de Noël en 1940, lors de sa captivité dans un camp allemand.
C'est ainsi que Gerrit Van Honthorst a peint Joseph dans le tableau que nous vous présentons ici. L'aviez-vous remarqué ?