Comment bien lire les Écritures ? Comment les Pères de l'Eglise peuvent-ils nous aider à les interpréter avec justesse ?
Bob Marley, Bach, Schubert, Pink Floyd… Les plus grands ont composé des partitions sur le Psaume 23 pour le mettre en musique !
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Tiré directement du grec, le mot « psaume » désigne un poème destiné à être chanté, normalement avec accompagnement musical. Jésus lui-même a chanté et prié les psaumes, notamment lors du dernier repas (Mt 14,26). Plusieurs fois, dans les Évangiles, il cite mot à mot un verset de psaume. Dans ses paroles, on a repéré onze psaumes distincts explicitement cités.
YHWH me faisant paître je ne manque pas [de quoi que ce soit].
Dans des pâturages d'herbe il me fait m'étendre,
près d'eaux de repos il me conduit, il fait revenir ma gorge.
Il me guide dans les traces de la justice à cause de son nom.
Même si je vais dans la vallée de l'ombre de la mort je ne crains pas le mal,
car toi [tu es] avec moi : ton bâton et ta houlette, eux, me réconfortent.
Tu prépares en face de moi une table
devant mes adversaires tu as graissé avec de l'huile ma tête
ma coupe [est] surabondance.
Oui, le bien et la loyauté me poursuivent tous les jours de ma vie
et je suis revenu de YHWH pour une longueur de jours.
Dans la tradition chrétienne, on appelle "Pères de l'Eglise" les auteurs d'autorité (le plus souvent, ils sont devenus évêques) des premiers siècles après Jésus-Christ, dont les écrits et interprétations bibliques ont participé à élaborer les fondements de la doctrine chrétienne et de sa compréhension des Ecritures.
Parmi eux, citons par exemple : Irénée de Lyon (140-208), Clément d'Alexandrie (150-220), Origène (185-254), Cyprien de Carthage (200-258), Ambroise de Milan (339-394), Basile de Césarée (330-379) Grégoire de Nazianze (329-390), Jean Chrysostome (345-407), Augustin d'Hippone (354-430) ou encore Jérôme de Stridon (347-420).
Depuis Origène au troisième siècle, les Pères de l'Église ont distingué différents sens de l'Écriture. Voici leur aide pour aborder l'interprétation de la Bible avec puissance, justesse et saveur.
La forme médiévale la plus classique en dégage quatre. Voici comment ces quatre sens se déploient pour l'expression « quand je vais dans la vallée de l'ombre de la mort. » :
Quand le texte du Psaume 23 parle des « vallées de l’ombre de la mort », on songe tout naturellement aux dangereux oueds envahis soudain par de forts torrents qui, au Proche-Orient, submergent et engloutissent en un clin d'œil hommes et bêtes. La photo du Wadi Qelt en est la meilleure illustration.
Les Pères de l'Église lisent l'Ancien Testament comme une annonce des grands moments de la destinée de Jésus-Christ. Ainsi Irénée de Lyon perçoit dans « la vallée de l'ombre de la mort » une référence à la descente de Jésus-Christ aux enfers lors de la résurrection des morts.
C'est l'enseignement moral du texte. La phrase « Même si je vais dans la vallée de l'ombre de la mort je ne crains pas le mal » invite les croyants de tous les temps à traverser les épreuves de leurs vies avec confiance.
Pour les Pères de l'Église, le texte ne fait pas seulement référence aux réalités historiques et géographiques, il ne se contente pas de dessiner la figure et la vie du Messie ou d'instruire les croyants de chaque époque, il évoque aussi les événements de la fin des temps.
Ici, le texte ouvre un horizon : la fin de la vie n'a pas le dernier mot, il existe une vie dans l'éternité pour celui qui fait confiance à Dieu :
« Même si je vais dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. »
Ce Psaume 23 a très profondément marqué la mémoire du judaïsme et du christianisme. Il a surtout habité le cœur des croyants qui le récitent au temps de l’épreuve comme le dit le philosophe Henri Bergson : « Les centaines de livres que j’ai lus ne m’ont pas donné autant de réconfort que le Psaume 23 ». Cette citation se trouve dans The lord is my sheperd (New York, 2006), de Leonardo Boff qui rapporte également cette histoire :
« Le Psautier a toujours servi de livre de consolation et de source de sens, particulièrement lorsque l’humanité fut assaillie par l’impuissance, la persécution, l’injustice et la menace de la mort. Un juif à Auschwitz, entouré par ses enfants, était poussé à l’intérieur des chambres à gaz. Il savait qu’il allait à l’extermination. Malgré tout, il avança en murmurant le Psaume 23 : " Le Seigneur est mon berger… Même si je vais dans la vallée de l'ombre de la mort je ne crains pas le mal, car toi [tu es] avec moi."»
Leonardo Boff, The lord is my sheperd, 2006, New York.