Découvrez les retrouvailles de Tobie avec sa famille ! Comment l’ange guérit-il Tobit ? Comment interpréter cette guérison ?
12 juillet 1998, Saint-Denis : l’équipe de France remporte la Coupe du monde de football en battant le Brésil 3-0. Le commentateur de l’époque, Thierry Roland, exulte de joie : « Après avoir vu ça, on peut mourir tranquille ! Enfin le plus tard possible » !
Le rapport avec la Bible ? En fait, on retrouve cette phrase quasiment mot-pour-mot dans la bouche d’un personnage biblique de l’Ancien Testament : Anna, la mère de Tobie ! Voyant son fils revenir après des années d’absence… elle s’exclame (comme Thierry Roland) : « à partir de maintenant je peux mourir » !
Il n’y a aucun lien entre les 2, mais le rapprochement est tellement génial et savoureux qu’on n’a pas pu passer à côté ! Ah le foot !!
Le jeune Tobie rentre d’un long voyage loin du foyer familial. Après de nombreuses péripéties, il rapporte finalement un remède pour guérir la cécité de son père. Attention, séquence émotion !
S’approchassent de Ninive, Raphaël dit à Tobie :
— Ne sais-tu pas, frère, en quel état tu as laissé ton père ? Prenons de l’avance sur ta femme, et préparons la maison. Et emporte avec toi le fiel du poisson.
Ils pressèrent le pas et le chien les suivit derrière eux.
Anne alors était assise en cherchant des yeux sur la route son fils. Et elle l’aperçut qui arrivait et elle cria au père de ce dernier :
— Voilà ton fils qui arrive et l’homme qui est parti avec lui.
Et Raphaël dit :
— Je sais, moi, que ton père ouvrira les yeux. Fais couler donc sur ses yeux le fiel et, mordu par la souffrance, il se frottera avec force, fera tomber les taies et il te verra.
Or Anna qui s’était mise à courir, sauta au cou de son fils et elle lui dit :
— Je t’ai vu, mon enfant, à partir de maintenant je peux mourir et ils pleurèrent tous les deux.
Et Tobit était sorti sur le pas de la porte, il tomba et son fils s’élança alors vers lui. Et il releva son père et il fit couler le fiel sur ses yeux, disant à son père :
— Aie confiance, père.
Et pendant qu’ils cuisaient, il se frotta les yeux avec force et les taies se détachèrent de chaque coin de ses yeux comme des écailles. Aussitôt, en voyant son fils, il lui sauta au cou, pleura et dit :
— Béni sois tu, mon Dieu, et béni soit ton nom dans tous les siècles et bénis soient tous tes saints anges parce qu’après m’avoir châtié, tu as eu pitié de moi, voilà que je peux voir mon fils Tobie.
Et son fils entra tout joyeux et il raconta à son père les grandes choses qui lui étaient arrivé en Médie.
Et Tobit s’avança à la rencontre de sa bru, plein de joie et bénissant Dieu jusqu’à la porte de Ninive et les passants s’émerveillaient de le voir marcher parce qu’il voyait et Tobit se réjouissait en louanges devant eux parce que Dieu avait eu pitié de lui.
Et lorsque Tobit arriva près de sa bru Sara, il la bénit en disant :
— Que tu sois en bonne santé, ma fille ! Béni soit Dieu qui t’a conduite auprès de nous et bénis soient ton père et ta mère !
Et il y eut une grande joie à Ninive parmi tous ses frères [...] arrivèrent et le mariage de Tobie fut célébré dans l’allégresse pendant sept jours.
On se trouve ici dans l’un des derniers chapitres du Livre de Tobie. Beaucoup d’aventures et de rebondissements ont eu lieu depuis le début de l’histoire !
Tout est bien qui finit bien… Fin de l’histoire ? Non, pas encore ! On est donc au chapitre 12. Mais tout n’est pas terminé, il reste encore quelques nœuds à dénouer.
Heureux qui comme Tobie a fait un beau voyage.
Raphaël et Tobie sont partis sur les routes. Les voici de retour. Le tableau de Bernardo Strozzi (ci-dessus) représente magnifiquement la scène racontée dans ce chapitre. Il peint l’épisode sur le vif !
Voilà. Merci Strozzi, le décor est posé.
Tobie, Sara, Raphaël et le chien s’en retournent à Ninive rentrer chez Tobit et Anna. Le contexte est dramatique : les parents attendent le retour de leur fils unique depuis des semaines…
Et voilà le fils bien-aimé qui rentre au bercail. L’attitude d’Anna donne à voir la beauté de l’amour maternel !
L’attitude d’Anna ressemble d’ailleurs à celle du père dans une célèbre parabole de Jésus sur un fils parti loin qui revient ensuite à la maison (alias "parabole du fils prodigue") : « Tandis qu’il était encore loin, son père le vit et fut remué jusqu’aux entrailles et courant il tomba sur son cou, et le couvrit de baisers » (Lc 15, 20).Bref, de l’Ancien au Nouveau Testament, les scènes de retrouvailles familiales sont baignées de larmes, d’émotions, d’amour !
Jan Sanders van Hemessen (1500-1566), Tobie soigne la cécité de son père (1555, huile sur panneau, 140 x 172 cm), Musée du Louvre, Paris (France). Domaine public.
La ribambelle de tableaux qui illustre notre éclairage en atteste… cet épisode biblique a largement inspiré les artistes !
« Et Raphaël dit : "Je sais, moi, que ton père ouvrira les yeux. Fais couler donc sur ses yeux le fiel et, mordu par la souffrance, il se frottera avec force, fera tomber les taies et il te verra." » (Tb 11, 7-8)
Quelle est la signification de cette scène ? Tobit recouvre la vue après des années de cécité… and so what ? Comment peut-on interpréter symboliquement cette guérison ?
Détail capital : Tobit n’oublie pas de bénir Dieu aussitôt !
« Aussitôt, en voyant son fils, il lui sauta au cou, pleura et dit : “Béni sois tu, mon Dieu, et béni soit ton nom dans tous les siècles” » (Tb 11, 13-14)
Puis Tobit accueille sa belle-fille dans la famille. L’ambiance est festive et chaleureuse, les chants de joie retentissent. Tandis que Tobie lui raconte tout son périple, la scène se termine dans la joie — la joie la joie la joie partout ! Bref, un gigantesque happy end… et une fête de mariage qui dure 7 jours !
« Et il y eut une grande joie à Ninive [...] et le mariage de Tobie fut célébré dans l’allégresse pendant sept jours. » (Tb 11, 18-19)
Laissons à ce bon vieux Victor Hugo le soin de conclure ces belles retrouvailles familiales !
« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.
Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.
Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l’âme
Qui s’élève en priant ;
L’enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poëtes saints ! la grave causerie
S’arrête en souriant. [...]
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants ! »
Victor Hugo (1802-1885), « Lorsque l'enfant paraît », Paris, Les feuilles de l'automne (1831)
Sur les conseils de l’ange Raphaël, Tobie extrait un remède d’un poisson qu’il a tué. À son retour, il l’applique sur les yeux de son père Tobit qui recouvre alors la vue.
Cette guérison peut être interprétée symboliquement.
Les parents de Tobie l’attendant depuis des semaines laissent exulter leur joie au retour de leur fils !