Quelle est l'origine et le sens de la fête de Hanoukka ? Qu'est-ce que les Juifs célèbrent à Hanoukka ? Qu'est-ce qu'un chandelier à 7 branches ?
Asseyez-vous entre le Père Noël, Holiday Armadillo et SuperMan pour écouter Ross Geller, célèbre membre de la série Friends, vous raconter l'histoire de Hanoukka (la fête de la lumière) !
Alors Judas et ses frères dirent :
Voici nos ennemis écrasés, montons purifier le lieu saint et en faire la dédicace. [...] Et ils prirent des pierres brutes, conformément à la loi et bâtirent un nouvel autel conforme au précédent. Ils rebâtirent le lieu saint ainsi que l’intérieur de la Maison, et ils sanctifièrent les parvis. Ils firent un nouveau mobilier sacré et introduisirent dans le temple le candélabre, l’autel des parfums et la table. Ils brûlèrent de l’encens sur l’autel et ils allumèrent les lampes du candélabre et elles éclairaient dans le temple. Ils déposèrent des pains sur la table et suspendirent les rideaux. Et ils achevèrent tous les travaux qu’ils avaient entrepris. [...]
Au temps et au jour où les nations l’avaient profané, en ce [jour] on en fit la dédicace au son des cantiques, des cithares, des lyres et des cymbales. Tout le peuple tomba sur la face et ils adorèrent et bénirent dans le ciel celui qui les avait fait réussir. Ils firent la dédicace de l’autel pendant huit jours et ils offrirent des holocaustes avec allégresse, et firent un sacrifice de salut et de louange. Ils ornèrent la façade du temple de couronnes d’or et d’écussons restaurèrent les entrées et les chambres et les munirent de portes.
La fête mentionnée ici s’appelle « Hanoukka », ou fête des lumières. Elle tombe toujours en décembre, au cœur de l’hiver.
Hanoukka signifie en hébreu « dédicace » en référence à l’événement fêté en ce jour.
Au temps où ils avaient envahi Jérusalem, les Grecs profanèrent le Temple en y installant une statue de Zeus (au IIe av. J.C.). Une poignée de résistants juifs, les Maccabées (pas les morts-vivants, c’est juste leur nom qui signifie en hébreu « marteau ») décidèrent de prendre les armes pour aller libérer le Temple, le purifier et consacrer un nouvel autel, ce que l’on appelle la Dédicace.
Cette histoire nous est racontée dans le premier livre des Martyrs d’Israël (ou Livre des Maccabées) qui fait partie de la Bible chrétienne, mais pas de la Bible juive.
La suite de l’histoire, qui constitue le cœur de la fête, nous est rapportée par le Talmud de Babylone qui rassemble la tradition orale d’Israël :
C’est la mémoire de ce miracle que les Juifs perpétuent de génération en génération. Étonnamment, la Bible ne parle pas de ce miracle : les Maccabées sont les seuls responsables de cette libération, deviennent alors des héros nationaux. Ce n'est qu'au Vème siècle après J.-C., dans le Talmud, que ce miracle -bien sûr d'origine divine- apparaît et donne à la fête sa légitimité religieuse: on peut la célébrer comme une fête religieuse, en faire mémoire puisque c'est une action divine.
Bien sûr, cette fête d'Hanoukka existait bien avant le Talmud mais avait sans doute un sens un peu différent, commémorant avant tout un haut fait national.
Ainsi, le Nouveau Testament rappelle cette fête que Jésus célébrait, cette fête qu’il connaissait comme en témoigne le chapitre 10 de l’Évangile selon Jean :
Alors arriva la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. (Jn 10, 22)
Pendant huit jours, au coucher du soleil, on allume progressivement les huit bougies d’un chandelier appelé « Hanoukia », que l’on place au bord des fenêtres pour qu’on puisse les voir du dehors. Le premier jour, on allume une bougie, le second, une deuxième, et ainsi de suite.
Cette coutume n’est pas sans évoquer d’autres célébrations de la lumière à l'approche du solstice d'hiver, à commencer par Noël, fête de la lumière venue dans le monde au cœur de l’hiver. À Rome, le 25 décembre, on fêtait le « sol invictus », soleil invaincu, ce moment où la lumière gagne sur les ténèbres, où les jours recommencent à grandir.
Sur la hanoukia, se trouve une bougie spéciale, au centre. Elle ne peut servir qu’à allumer les autres, et on l’appelle en hébreu « shamash », qui signifie « serviteur » mais qui vient en fait du mot « soleil ». Ainsi, en allumant chaque jour une nouvelle bougie, on manifeste l’attente du retour du soleil dans le monde, cette grande lumière qui se lève dans les ténèbres.
On a rédigé ce numéro de PRIXM avec nos copains de Nostra Aetate 4 ! Ils font un travail incroyable et continuent leur œuvre magnifique, qui consiste à initier le grand public chrétien à la richesse et la profondeur de la pensée juive - pour mieux connaître les sources de la foi chrétienne et mieux comprendre le judaïsme dans son authenticité.
Cet attachement à la mémoire a été magnifié par Romain Gary dans ce petit échange entre un vieil homme et un enfant :
« – Monsieur Hamil, pourquoi vous avez toujours le sourire ?
– Je remercie ainsi Dieu chaque jour pour ma bonne mémoire, mon petit Momo.
Je m’appelle Mohammed, mais tout le monde m’appelle Momo pour faire plus petit.
– Il y a soixante ans, quand j’étais jeune, j’ai rencontré une jeune femme qui m’a aimé et que j’ai aimée aussi. Ça a duré huit mois, après, elle a changé de maison, et je m’en souviens encore, soixante ans après. Je lui disais : je ne t’oublierai pas. Les années passaient, je ne l’oubliais pas. J’avais parfois peur car j’avais encore beaucoup de vie devant moi et quelle parole pouvais-je donner à moi-même, moi, pauvre homme, alors que c’est Dieu qui tient la gomme à effacer ? Mais maintenant, je suis tranquille. Je ne vais pas oublier Djamila. Il me reste très peu de temps, je vais mourir avant. »
Emile Ajar (Romain Gary), La vie devant soi, Paris, Mercure de France, 1975, coll. Folio ; p. 11