Qui est le roi Hérode, le tyran qui poursuit Joseph et Marie avec leur nouveau-né Jésus ? Pourquoi fait-il tuer les enfants de Bethléem ?
Au premier siècle de notre ère, Hérode le Grand fut un grand bâtisseur. Cette vidéo de la maquette de Jérusalem à son époque et produite par le musée d’Israël donne une idée de la splendeur de son palais.
Jésus était né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode. [...] Alors Hérode, ayant fait appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l'apparition de l'astre. Et les envoyant à Bethléem il leur dit :
— Allez, informez-vous précisément au sujet de l’enfant. Quand vous aurez trouvé, faites-moi l'annonce afin que moi aussi j’aille l’adorer.
Quant à eux, ayant entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’astre qu’ils avaient vu à l’orient les devançait jusqu’à ce qu'il soit placé au-dessus de là où était l’enfant. [...] En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, tombant, ils l’adorèrent ; et, ouvrant leurs trésors, ils lui présentèrent des dons : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Et ayant été avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode ils regagnèrent leur région par un autre chemin. Alors qu'ils s'en étaient retournés voici qu’un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit :
— Lève-toi, prend l’enfant et sa mère et fuis en Égypte et reste là-bas jusqu’à ce que je te dise ; car Hérode va chercher l’enfant pour le faire périr. » [...]
Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, fut très en colère et il envoya tuer tous les enfants de Bethléem et de toute sa région depuis l’âge de deux ans et au-dessous, d’après le temps qu'il s'était fait préciser par les mages.
Alors fut accomplie la parole dite par le prophète Jérémie disant :
— Une voix en Rama a été entendue, beaucoup de pleurs et de désolations : Rachel pleure ses enfants ; et elle ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont pas.
Cité au tout début des évangiles, Hérode est un roi qui se passe de présentation : Matthieu ne précise même pas qui il est ! Le lecteur est supposé le connaître et avoir, à l'image des sources anciennes, une idée suffisamment négative de lui.
La principale source extra-biblique qui permet de dresser une biographie d'Hérode le Grand est Flavius Josèphe (37 -100 après J.-C.). Son ouvrage, les Antiquités Juives, permet de dater avec une grande probabilité le règne d'Hérode entre 40 et 4 avant J.-C.
Jésus serait donc né environ 6 ans avant la date traditionnellement retenue pour sa naissance et qui sert de référence au calendrier occidental. C'est toujours classe de pouvoir dire : Jésus est né en – 6 avant lui-même !
De cette source, nous pouvons retenir 3 traits caractéristiques du règne d'Hérode le Grand :
Dans le monde complexe de l'empire romain en orient, il sait se concilier les amitiés qui lui permettent non seulement de se maintenir sur le trône, mais aussi d'agrandir son royaume. Le royaume d'Hérode est probablement le plus grand qu'Israël ait connu.
Le visiteur moderne peut aujourd'hui encore s'en rendre compte. Outre un certain nombre de forteresses (Machéronte, Jéricho, Hyrcania, Hérodium...), Hérode a construit le port de Césarée (en Nord-Galilée).
Son plus grand chef-d’œuvre, le temple de Jérusalem, est l'une des plus grandes constructions de l'Antiquité. Il a été détruit en 70 après Jésus-Christ (c'est ce qu'on appelle « la destruction du Second Temple »).
Si le massacre des enfants relaté par la Bible n'est pas rapporté par Flavius Josèphe, l'événement correspond bien à sa personnalité.
Hérode a fait tuer au moins trois de ses fils. Il ordonne plusieurs massacres, dont celui d'un grand nombre de notables, au jour de sa mort, pour s'assurer que le pays pleurera le jour de sa disparition.
En quatrième de couverture du livret de sa pièce de théâtre, Massacre des innocents, Fabrice Hadjadj relaie cette interrogation profonde d’Hannah Arendt :
« Ô mon Dieu comment,
Comment se fait-il,
Comment cela s’est fait que, de ces petits qui ne savent point parler,
Le massacre soit votre premier témoignage
Et qu’ainsi le premier témoignage
Soit aussi la première objection ? »
Fabrice Hadjadj, Massacre des innocents, Les provinciales, 2006, Paris