Que symbolise le lion dans la Bible ? En quoi le lion est-il complémentaire à la figure de l'agneau ? Et Jésus dans tout ça ?
Zion est la traduction anglaise de « Sion ». Sion dans la Bible désigne Jérusalem, sa population, et l'ensemble du peuple élu. Le mot évoque la bénédiction divine, la Terre Promise, lieu célébré ou espéré à longueur de Psaumes et de Cantiques dans l’Ancien Testament.
Alors d’où vient ce Lion in Zion dont la force chantée par Bob Marley doit être un modèle ?
Réponse dans le texte biblique. Mais d'abord, redécouvrez ce titre légendaire du Jamaïcain.
Et Jacob appela ses fils et dit :
— Rassemblez-vous, et je vous annoncerai ce qui vous arrivera à la fin des jours.
Regroupez-vous et écoutez fils de Jacob
écoutez Israël votre père. [...]
Juda : tes frères te loueront ;
ta main sur la nuque de tes ennemis
ils se prosterneront devant toi, les fils de ton père.
Un petit de lion, Juda — de la proie mon fils, tu es monté !
Il a ployé les genoux, il s’est couché comme un lion et comme une lionne, qui le fera lever ?
Point ne s'éloignera le sceptre de Juda ni le bâton de commandement d’entre ses pieds jusqu’à ce que vienne Shiloh
— et à lui l'obéissance des peuples !
Alors un des vieillards me dit :
— Ne pleure point ! Voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu
de manière à pouvoir ouvrir le livre et ses sept sceaux.
Et je vis, et voici qu’au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards,
un Agneau était debout : il semblait avoir été immolé.
Pour être bien sûr que vous n’ayez rien raté, on refait le match et on retrace l'histoire de ces deux animaux symboliques dans les Écritures, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament.
Dans notre extrait du livre de la Genèse (le premier livre de la Bible) voilà ce qu’on trouve :
L’image du lion associée à la royauté a eu une postérité incroyable. Sans ce texte de la Genèse, on aurait sans doute été privé de notre Walt Disney préféré (Le roi Lion) et d’un air de reggae franchement kiffant (« Iron like a lion in Zion ») ! Bien sûr, le texte biblique n’explique pas tout.
Comme le souligne Marc Girard, éminent collaborateur de La Bible en ses Traditions, dans un ouvrage magistral*, le lion a bien des aspects qui symbolisent la royauté :
« Outre la force musculaire, trois aspects observables peuvent avoir influencé une telle transposition : la crinière, perçue comme une couronne; la tranquillité du mâle qui, bien couché, attend qu’on lui rapporte le fruit de la chasse ; et son rôle de gardien, de protecteur de la collectivité. »
Notre second texte, tiré du livre de l’Apocalypse (le dernier livre de la Bible), relate une vision au ciel et dévoile la fin des temps :
Ainsi, dans une alliance de mots aussi merveilleuse que déconcertante, l’auteur de l’Apocalypse peut-il désigner le Christ ressuscité par un double titre successif :
« Le lion de la tribu de Juda [...], l’agneau immolé » (Ap 5,5-6) ».
Cette double figure concentre le paradoxe de la vie de Jésus, à la fois :
Est ainsi dessiné un modèle de vie humaine où la force et la domination du lion doivent se fondre dans la douceur et la soumission de l’agneau.
Résumons l’alliance de l’agneau et du lion avec quelques lignes d’Alphonse Gratry, à une époque où l'exégèse savait aussi se faire poésie :
« Mais qu'est-ce que la douceur ? C'est la plénitude de la force !
Vous le savez, la foudre, c'est la force brisée, qui rugit et qui brise, qui brise un homme, un arbre ! Pauvre force ! La force entière c'est cette force douce qui porte notre globe et tous les astres en se jouant.
Celui qui a dans l'âme, par la présence de Dieu, cette force entière, cette force douce, celui-là seul soulève la terre et la possède. »
Alphonse Gratry, Commentaire sur l'Évangile selon saint Matthieu, Charles Douniol et J. Lecoffre et Cie, Paris, 1863.