La foule en délire, des Rameaux : l'entrée de Jésus à Jérusalem

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Découvrez ce qu'est le dimanche des Rameaux ! Que fabrique Jésus sur un âne ? Pourquoi est-il acclamé par une foule avec des rameaux ?

La réponse en 4 minutes avec Gabriel Fauré, Lorenzetti, Giotto di Bondone et du Pérugin.
Dernière mise à jour -  
21/11/2024

Une composition de moustachu pour des Rameaux en musique

On ne peut pas parler du dimanche des Rameaux chez PRIXM, sans penser au terme Hosanna (qu’on vous explique ci-dessous), repris dans chaque liturgie et à l’importance biblique considérable. 

On retrouve d'ailleurs le terme Hosanna dans le « Sanctus » du Requiem de Gabriel Fauré. Une œuvre sublime sans doute composée clope au bec...

Le texte biblique qui raconte l'entrée de Jésus à Jérusalem, célébrée à la fête des « Rameaux »

Quand ils s'approchaient de Jérusalem et qu'ils étaient venus à Bethphagé au mont des Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples en leur disant :
— Allez au village qui est en face de vous. Aussitôt vous trouverez une ânesse liée et un ânon avec elle, en les détachant amenez-les-moi. Et si quelqu’un vous dit quelque chose vous direz : "Le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les renverra."

Tout ceci arriva afin que soit accompli le mot dit par le prophète disant : "Dites à la fille de Sion : Voici que ton roi vient à toi doux et monté sur une ânesse et sur un ânon fils de bête de somme."

Les disciples allèrent et firent comme Jésus leur avait prescrit. Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, posèrent sur eux leurs manteaux et il s’assit au-dessus d'eux.

La foule nombreuse étendit ses manteaux sur le chemin, d’autres coupaient des branches des arbres et les étendaient sur le chemin.

Les foules qui le précédaient et qui suivaient criaient en disant :
— Hosanna au Fils de David ! Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les hauteurs !

Comme il entrait dans Jérusalem, toute la ville fut secouée, disant :
— Qui est celui-ci ?

Les foules disaient :
— Celui-ci c'est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée.

Chapitre 21, versets 1 à 10 de l'Évangile selon Saint Matthieu, dans l'Ancien Testament. Traduit du texte grec par les équipes de notre programme de recherches La Bible en ses traditions.

La fête des Rameaux : l'entrée de Jésus à Jérusalem

Bethphagé Jérusalem-est chemin colline de l'Ascension Andrew Edward Breen
Andrew Edward Breen (1863-1938), Bethphagé (photographie, 1906), Un journal de ma vie en Terre Sainte, Imprimerie J.P. Smith Rochester, New York, États-Unis. Domaine public.
Jérusalem, la petite église franciscaine de Bethphagé au premier plan, sur la colline l'église russe de l'Ascension, à l'arrière-plan, l'église du Pater Noster.

Une scène de liesse d'une portée théologique immense

Le texte de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem est riche en termes bibliques qu'on décrypte pour vous. Au-delà d'un récit apparemment pittoresque, se jouent un drame profond et une affirmation théologique d'importance.

D'où vient l'expression « Dimanche des Rameaux » ?

La tradition chrétienne parle du « Dimanche des Rameaux » en raison de cet épisode où l’Évangile mentionne des gens qui accueillent Jésus en déposant sur son passage « des feuillages coupés dans les champs » (Mt 21,8).

Et comme le terme « rameau » désigne une tige de branche d'arbre (souvent, il s’agit de buis), on en est venu à parler du Dimanche des Rameaux. Simple comme bonjour finalement.

peinture très colorée silhouette homme sur un ane entourée de personnes grand paysage de couleurs mais formes indistinctes
Wilhelm Morgner (1891-1917), L'entrée de Jésus à Jérusalem (1912, huile sur toile, 119 x 171 cm), Museum am Ostwall, Dortmund (Allemagne). Domaine public.

Jésus entre à Jérusalem sur le dos d'un âne symbolique

Pour le lecteur contemporain, qu’un roi fasse une entrée triomphale sur un âne est un peu étonnant...

Pourtant, si Jésus choisit cet animal, c’est qu’il tient à accomplir la prophétie de Zacharie (Za 9,9) dans l’Ancien Testament où le prophète annonce l'arrivée du roi à Jérusalem :

« Tressaille d’une grande joie, fille de Sion ! Pousse des cris d’allégresse, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi. Il est juste, lui, et protégé de Dieu, il est humble, monté sur un âne et sur un poulain, petit d’une ânesse. » (Za 9,9)

Et c’est peu dire qu’une telle entrée ne peut passer inaperçue des juifs. Ces derniers, lecteurs des prophètes, connaissent bien l'importance symbolique de cet animal comme en témoigne le midrach :

« L'âne qu'Abraham a sanglé [Gn 22,3] avec tant de dévouement, c'est ce même âne qui a transporté Moïse le libérateur en Égypte, et c'est lui encore qui apportera le rédempteur à ses descendants. » Pirqe de Rabbi Eliezer, ch. 31, VIIIᵉ-IXᵉ s. après Jésus-Christ.

Jésus âne Jérusalem foule rameaux Pietro Lorenzetti
Pietro Lorenzetti (1280-1348), Arrivée du Christ à Jérusalem (1320), Basilique Saint-François, transept sud, Assise, Italie. Domaine public © Wikicommons.

La foule acclame Jésus comme le Messie

« Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les hauteurs ! » (Mt 21,9)

En criant « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », le peuple de Jérusalem reprend les paroles du Psaume 118, ce qui nous indique deux choses :

  • Le peuple de Jérusalem connaît par cœur le livre des psaumes. Ce qui, pour un connaisseur de la liturgie juive n'est pas très surprenant : le psaume 118 est utilisé lors de plusieurs grandes fêtes (à la Pâque, à Pentecôte, et à la Fête des tentes). C'est donc avec une prière archi-connue que Jésus est accueilli.
  • L'autre info majeure, c'est qu'en reconnaissant Jésus comme le fils de David, venant au nom du Seigneur, le peuple de Jérusalem reconnaît sa messianité. Ce Jésus qui entre sur un âne accomplit la promesse divine, récompensant l'attente de ce peuple.
Entrée à Jérusalem âne Jésus rameaux foule auréoles Giotto di Bondone
Giotto di Bondone (1266-1337), L'entrée à Jérusalem (fresque), Église de l'Arena, Padoue, Italie. Domaine public.

Que signifie le mot « Hosanna » crié par la foule ?

L’évangéliste Matthieu, comme tous les auteurs du Nouveau Testament, écrit son Évangile en grec. Pourtant, il ne prend pas la peine de traduire le terme Hosanna et se contente de transcrire ce terme hébreu.

Et que ce soit le latin, ou toutes les langues postérieures, toutes préserveront ce terme sans lui trouver d’équivalent. Il n’est donc pas inutile de se pencher sur sa signification. Deux possibilités s’offrent à nous :

  • L’étymologie d’abord. Hosanna signifie littéralement « sauve ! ». L’appel à un salut de la part du Fils de David est d'une grande portée dans le cadre d’une entrée messianique à Jérusalem.
  • Déjà à l'époque, ce chant est une acclamation liturgique, un chant de gloire et de joie. Dans notre texte le fait que l’on colle « au fils de David » au datif (on passe sur ce mode de déclinaison grec…) nous incite à voir le terme « Hosanna » comme une acclamation faite à Jésus et à Dieu.
croix Jésus mort linge couronne d'épine Marie Jean prière Le Pérugin
Le Pérugin (1448-1523), La crucifixion (1482, huile sur toile), Galerie nationale d'art, Washington (États-Unis). Domaine public.

En conclusion

Jésus arrive à Jérusalem monté sur un animal royal et messianique (l’âne), acclamé par une foule qui, en proclamant un psaume, l’identifie au fils de David venu au nom du Seigneur.

Déjà reconnu par certains comme le Messie, Jésus finira cette semaine conspué et cloué sur une croix…

Le mot de la fin

On a relu cette histoire incroyable et méconnue qui s'est passée lors d'un autre dimanche des Rameaux. Alors on la partage avec vous.

En 1937, le pape Pie XI, véritable pourfendeur du nazisme veut se faire entendre de tous les catholiques allemands. 

Problème : son encyclique, Mit brennender Sorge, rédigée en allemand (et non en latin, ce qui est exceptionnel) est jugée illégale par le Reich hitlérien.

S’ensuit alors une des aventures éditoriales les plus fabuleuses qui soit : son texte circule sous le manteau pour être distribué à chaque paroisse allemande dans le plus total secret. La Gestapo n’intercepta que quelques courriers et fut bernée.

Le but ? Que ce texte qui condamne lourdement le nazisme soit lu en chaire, par chaque prêtre en pleine messe des Rameaux, le dimanche 21 mars 1937, afin que chaque catholique sache bien que cette idéologie est incompatible avec la foi chrétienne en un « roi humble, monté sur un âne. ».

On vous propose de suivre des cours aux Bernardins

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