YHWH : en quatre lettres, le nom de Dieu dans la Bible hébraïque

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Qu'est-ce que ces quatre lettres signifient ? Quelle est la symbolique du tétragramme YHWH dans la Bible hébraïque ? Quel est le lien avec « Jehovah » ?‍

4 minutes et 38 secondes avec Jeff Buckley, Grégoire de Nazianze et quatre lettres mystérieuses
Dernière mise à jour -  
15/2/2024

Ecoutez le grand Jeff Buckley chanter l'Hallelujah

La première lettre du tétragramme YHWH (on vous explique tout dans L’éclairage pas de panique) se prononce /ya/.

Or le mot alléluia (« hallelujah » en anglais) signifie littéralement Louez Ya, autrement dit : « Louez Yahvé ». Comme ça vous y penserez la prochaine fois que vous le prononcerez ou que vous entendrez cette reprise fameuse de Jeff Buckley !

Le texte biblique qui raconte comment Dieu révèle son nom à Moïse

Cet épisode intervient peu après le buisson ardent.

Moïse dit à Dieu :
— Voici, j’irai vers les fils d'Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. Mais ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirai-je ?

Et Dieu dit à Moïse :
— Je suis celui qui suis. Il dit : Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : « Je-suis » m’a envoyé vers vous.

Dieu dit encore à Moïse :

— Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : YHWH, le Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous — c’est mon nom pour toujours, c’est mon mémorial de génération en génération. Va, rassemble les anciens d’Israël et tu leur diras : YHWH, le Dieu de vos pères, s’est fait voir à moi, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

Chapitre 3, versets 13 à 16 du Livre de l’Exode dans l'Ancien Testament. Traduit par les équipes de notre programme de recherches La Bible En Ses Traditions.

Pourquoi Dieu est-il appelé « YHWH » dans la Bible ? Faut-il le prononcer "Yahvé" ?

Comment appeler Dieu ?

Si on vous demande quel est le nom de Dieu dans la Bible, vous allez peut-être simplement répondre : Dieu. Et bien non. Dans les traductions de la Bible, le nom commun « dieu »* est devenu un nom propre, « Dieu », mais ce n'est pas le cas dans la Bible en hébreu.

*Ce nom commun « dieu » vient du latin deus. Des comme le grec Zeus semblent vouloir dire originellement « lumière », « jour ».

Sculpture Zeus-Ammon assis trône flanqué béliers calcaire
Artiste inconnu, Zeus-Ammon assis sur un trône flanqué de béliers (calcaire, début du IIIe siècle av. Jésus-Christ), Musée du Louvre, Paris, France.

Alors du coup on s’est posé la question :

Quel est le nom de Dieu dans la Bible en hébreu ?

On attribue de nombreux noms à Dieu dans la Bible hébraïque, en voilà au moins trois :

  • L’Ancien Testament parle aussi de élohim, un nom commun, que l’on traduit la plupart du temps en français par « Dieu ».
  • Mais, le nom propre qui revient le plus souvent s'écrit en quatre lettres (pour faire chic, on parle de tétragramme) : YHWH.

YHWH : connaître le nom divin

C'est une même conception du nom divin qui traverse toute la haute antiquité en Orient et au Proche-Orient : si quelqu'un connaît le nom de son dieu, il peut s'adresser à lui, le rendre présent et bénéficier de son pouvoir. Pour cette raison, la révélation du nom divin est une grâce.

Sur l’impossible connaissance du nom de Dieu : Eschyle s’exclame : « Zeus... quel que soit son vrai nom, si celui-ci lui agrée, c’est celui dont je l’appelle » (Agamemnon, Invocation à Zeus pendant la parodos).

Or, quand Moïse demande à Dieu son nom au buisson ardent, la réponse a de quoi laisser pantois : « Je suis celui qui suis » Puis Il donne son nom : « YHWH ».

Moïse buisson ardent épreuves fresque Synagogue
Attention, on parle d'une représentation du troisième siècle après Jésus-Christ : Moïse et le Buisson ardent, fresque, panneau 1 latéral vertical du mur ouest, Synagogue de Doura Europos, ©Wikicommons.

Tout en paradoxe : Dieu dit qui il est sans vraiment donner son nom

L’une des interprétations juives est que Dieu lui-même ne donne pas son nom, ineffable, et se dévoile en se voilant. Cette révélation serait marquée d’une ironie profondément pédagogique.

Le « Nom » est tout ensemble (attention deux termes très compliqués mais très stylés) cataphatique et apophatique :

  • À la fois une réponse positive (Dieu accepte de se dire) => cataphatique
  • Et un refus de répondre (il se voile en se dévoilant) => apophatique.

Si Dieu donne son nom, la tradition rabbinique assure cependant que ce nom ne pouvait être prononcé hors de l’enceinte du Temple. Voilà pourquoi on continue d’écrire sans les vocaliser ces 4 lettres : YHWH.

Alors les Français, incorrigibles, ont quand même tenté des vocalisations : Yahweh Yahvé ou sont les reconstitutions les plus communément admises.

De Yahvé à Jehovah

Autre vocalisation du tétragramme : « Jéhovah ». Cette vocalisation problématique a été popularisée en particulier dans les traductions anglaises de William Tyndale, de la King James Version ou de la Bible de Genève.

Buisson ardent flamme Moïse mains mosaïque basilique Ravenne
Anonyme, Le Buisson ardent, (mosaïque, 538-545), basilique Saint-Vital, Ravenne, Italie. Domaine public ©wikicommons

On pourrait conclure en vous disant que vous savez tout. Mais ce serait vous mentir tant il y aurait à dire pour continuer à découvrir les interprétations innombrables que ces 4 lettres ont suscité depuis des siècles.

Le mot de la fin

Impossible de ne pas laisser le mot de la fin, à l’immense Père de l’Église Grégoire de Nazianze qui vécut au IVème siècle en Cappadoce (Turquie actuelle) :

« Ô Toi l’au-delà de tout,
Comment t’appeler d’un autre nom ?
Quel hymne peut te chanter ?
aucun mot ne t’exprime.
Quel esprit peut te saisir ?
nulle intelligence ne te conçoit.
Seul, tu es ineffable ;
tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable ;
tout ce qui se pense est sorti de toi.
[…]
L’universel désir, le gémissement de tous
aspire vers toi.
[…]
Tu n’es pas un être seul, tu n’es pas l’ensemble :
Tu as tous les noms,
comment t’appellerais-je ?
Toi, le seul qu’on ne peut nommer ;
quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui voilent le ciel lui-même ?
Aie pitié, ô Toi, l’au-delà de tout ;
comment t’appeler d’un autre nom ?
"

Grégoire de Nazianze, « Poèmes dogmatiques », recueillis dans Quand les hommes parlent aux Dieux, Ed. Bayard, 2003.

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