Shavouot est-il l'équivalent de la Pentecôte pour les Juifs ? Comment la tradition juive a-t-elle inspiré ces deux fêtes ?
Dans Knockin’ on Heaven’s Door, Bob Dylan chante qu’il frappe à la porte du Ciel. Le grand Bob (prix Nobel de littérature en 2016 quand même) fredonne en fait une idée assez répandue : à la fin de notre vie terrestre, l'homme se retrouverait à la porte d’entrée du Ciel avec deux options, rentrer ou rester à la porte.
Justement, à la Pentecôte, on célèbre un événement parfaitement inverse : c’est le ciel qui s’ouvre pour que l’Esprit céleste se répande sur notre bonne vieille Terre. Bref, pas besoin d’attendre le dernier jour pour Knocking on Heaven’s Door !
Et comme le jour de la Pentecôte était arrivé, ils étaient tous ensemble dans le même [lieu]. Et soudain il vint du ciel un bruit, comme provenant d’un coup de vent impétueux et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et leur apparurent des langues séparées, comme de feu et il s’en posa [une] sur chacun d’eux. Et tous furent remplis d’Esprit-Saint et ils se mirent à parler en d’autres langues selon ce que l’esprit saint leur donnait à prononcer.
Comme l'indique très clairement le texte des Actes des apôtres, le don de l'Esprit-Saint se déroule le jour de la Pentecôte juive (Shavouot). Or, dans la tradition juive, c'est pendant cette fête qu'on célèbre le don de la Torah (les cinq premiers livres de l'Ancien Testament), cinquante jours après la Pâque juive (Pessah') où l'on vient de célébrer la sortie d’Égypte.
Les événements du Nouveau Testament qui vont devenir des fêtes chrétiennes s'inscrivent donc dans le moule des fêtes juives :
Avec Shavouot, les Juifs font mémoire du don des tables de la loi au Mont Sinaï qui intervient après la libération physique de l'esclavage en Égypte.
Cette fête juive nous aide à voir ce qui se joue lorsque les disciples reçoivent l'Esprit-Saint à Jérusalem :
On pourrait tirer un peu en disant que le Premier Testament nous parle d'une libération temporelle et d'une loi de vie pour ce passage terrestre quand le Nouveau Testament évoque une libération de la mort et une loi intérieure pour aider le croyant à vivre d'ores et déjà de cette vie éternelle lors de son séjour sur Terre.
Dans la tradition chrétienne, l’Église naît le jour de la Pentecôte quand Dieu envoie le feu de son Esprit-Saint sur son peuple. Le peuple de Dieu, l'Eglise, devient alors un corps vivant d'un même esprit et d'une même âme.
Or, dans toute la Bible, l'alliance de Dieu et de l'homme est symbolisée par les épousailles. On trouve ce thème dans la tradition juive où le rouleau de la Torah est appelé ketoubah (contrat de mariage).
Voilà ce que dit un piyyut (poème liturgique juif) à propos de Shavouot (la Pentecôte juive) :
« Le 6 du mois de Sivan, en l'année 2448, depuis la Création du monde, le fiancé, prince des princes, chef des chefs, unique et incomparable, demande à sa fiancée bien-aimée de devenir sa femme et il lui donne comme ketoubah la Torah et ses 613 commandements positifs et négatifs et, comme complément, la Torah orale et tout ce que disciples et anciens seront amenés à renouveler dans l'avenir ».
« Piyyut Aqdamut »
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