Découvrez comment Le Greco représente la Pentecôte, la réunion des disciples cinquante jours après la résurrection du Christ. Décryptons le tableau !
La fête de la Pentecôte célèbre chez les chrétiens l’envoi de l’Esprit-Saint qui descend du ciel sur les disciples.
Dans son Spirit in the Sky, Norman Greenbaum espérait lui monter dans l’Esprit au ciel après sa mort. Un bon vieux son sixties pour ouvrir la voie en mélodie.
Après avoir traversé la passion du Christ, rencontré le Ressuscité et contemplé son ascension, les disciples reçoivent un Esprit qui les fait entrer dans une ivresse nouvelle :
Comme le jour de la Pentecôte était arrivé, ils étaient tous ensemble en un même lieu. Tout à coup vint du ciel un bruit semblable à un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent paraître comme des langues de feu qui se séparèrent et se posèrent sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint et ils se mirent à parler en différentes langues, selon ce que l’Esprit leur donnait de proférer.
Or il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs pieux de toutes les nations du monde. La rumeur se répandit : la foule s’assembla et fut bouleversée parce que chacun les entendait parler en sa propre langue. Stupéfaits tous s’étonnaient :
— Tous ces gens qui parlent, ne sont-ils pas des Galiléens ? Parthes, Mèdes, Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de la Libye cyrénaïque, Romains résidant ici, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes nous les avons entendus dire dans nos langues les merveilles de Dieu.
Et ils étaient tous stupéfaits et ne savaient que penser, se disant l’un à l’autre :
— Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?
Mais d’autres se moquaient :
— Ils sont pleins de vin doux !
Pour couronner notre cycle Passion-Résurrection-Ascension-Pentecôte, Sixtine Vié guide à nouveau notre contemplation à l'école d'un grand peintre.
La Pentecôte du Greco est une œuvre monumentale qui, à l’origine, faisait partie d’un retable.
Qu'est-ce ? Un retable est une construction verticale portant des œuvres sculptées ou peintes au-dessus des autels dans les églises catholiques latines. En voici un exemple magnifique :
Avec sa composition religieuse flamboyante et extravagante, Le Greco bouscule les conventions artistiques de l’époque :
Les personnages sont éclatants de vie : la palette de couleurs est chatoyante, les visages sont tous plus expressifs les uns que les autres.
Dominé par la colombe le tableau exalte la puissance de l’Esprit Saint, venu emplir la Vierge et les disciples. Tous les regards sont ainsi dirigés vers cette colombe à l'exception de deux disciples qui regardent la Vierge Marie et un dernier qui regarde le spectateur.
Le Greco choisit de montrer l’événement de la Pentecôte dans sa double réalité :
En conclusion, du bon Paul Ricœur :
« La résurrection, c’est le signe que la promesse est désormais pour tous ; le sens de la résurrection est dans son avenir, la mort de la mort, la résurrection de tous d’entre les morts. […] Connaître la résurrection de Jésus-Christ, c’est entrer dans le mouvement de l’espérance de la résurrection d’entre les morts, c’est attendre la nouvelle création ex nihilo, c’est-à-dire hors de la mort. »
Paul Ricœur (1913-2005), « La Liberté selon l’espérance » (1968), Le conflit des interprétations, Paris : Seuil, 1969, p. 393-415.
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