Découvrez l'épisode de Jésus et à la femme adultère. Cette femme est-elle réduite à son péche ? Comment se manifeste le pardon de Jésus ?
L’histoire de la rencontre entre la femme adultère et Jésus, c’est une histoire de rédemption. Et en écoutant la voix vibrante et pleine d'émotion de la chanteuse américaine Lauren Daigle dans son titre You Say, on y a vu un moyen d’aborder le texte biblique tout en délicatesse et en douceur. On vous donne directement la traduction :
Tu dis que je suis aimée quand je ne peux rien ressentir / Tu dis que je suis forte quand je pense que je suis faible / Tu dis que je suis retenue quand je tombe / La seule chose qui compte maintenant, c'est tout ce que tu penses de moi / En toi je trouve ma valeur, en toi je découvre qui je suis.
Mieux ! À bien écouter les paroles, on pourrait presque les attribuer à la femme de l’épisode biblique : Jésus lui tend la main, lui sauve la vie, lui pardonne et lui redonne une identité personnelle, comme on le montre dans l’Éclairage qui suit !
L'épisode qui suit intervient au cours de la vie publique de Jésus. Il est ici à Jérusalem.
[Jésus] s’en alla sur le Mont des Oliviers. À l'aube, il se présenta de nouveau dans le Temple. Et tout le peuple venait à lui. Et, s’étant assis, il les enseignait.
Mais les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en [flagrant délit d']adultère. Ils la firent se tenir au milieu. Il disent à Jésus :
— Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider celles-là. Toi, donc, que dis-tu ?
Or ils disaient cela pour l'éprouver afin d'avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait de son doigt sur la terre, sans y faire attention.
Comme ils persistaient à l’interroger, il se redressa et leur dit :
— Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre. Et de nouveau, se baissant, il écrivait sur le sol.
Entendant, ils se retirèrent un par un, en commençant par les plus vieux jusqu’aux derniers. Et Jésus resta seul, ainsi que la femme debout au milieu.
Se redressant, Jésus lui dit :
— Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ?
Elle dit :
— Personne, Seigneur.
Et Jésus dit :
— Je ne te condamne pas non plus. Va, et désormais ne pèche plus.
Comme on l'annonçait la semaine dernière, cet épisode de l'évangile est tellement dense qu'on a préféré réaliser plusieurs numéros. Aujourd'hui, on s'attarde sur le personnage de la femme adultère, et sur l'attitude de Jésus.
Au cours de cette scène, tout est fait pour réduire la femme à un objet :
La femme adultère que l’on amène à Jésus semble réduite à n’être rien d’autre que son péché :
« Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider celles-là. Toi, donc, que dis-tu ? »
Or ils disaient cela pour l'éprouver afin d'avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait de son doigt sur la terre, sans y faire attention. (Jn 8, 4-6)
Tandis que cette femme est accusée avec violence... Jésus baisse les yeux et écrit sur le sable. D'ailleurs, on ne sait pas ce que Jésus écrit sur le sol.
Mais, indépendamment du contenu même de ce que Jésus trace du doigt sur le sol, il semble indiquer un détachement, un retrait souverain à l’égard de la vindicte populaire qui habite la foule unanime dressée contre cette femme adultère.
Au cours de la scène, le contraste est flagrant entre deux types d’attitude :
Face aux regards méprisants de la populace qui condamne cette femme, les yeux baissés de Jésus sont le geste le plus fin et le plus respectueux que l’on puisse témoigner à ce moment-là à cette femme.
Enfin, Jésus se redresse. Dans ce mouvement du Christ s’adressant à la femme, deux éléments sont particulièrement remarquables :
En outre, Jésus lui pose non pas une mais deux questions et l’invite à parler :
« – Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ?
– Personne, Seigneur » (Jn 8, 10-11)
La phrase de Jésus n’est pas dénuée d’humour... Et elle est plus que bienvenue après la séquence dramatique tout juste passée. Jésus renverse la situation : l'accusée doit se prononcer sur ses juges.
La tension était à son comble, et Jésus coupe court à cette tension d'un trait d’esprit bien placé. En lui rappelant avec humour que personne n’était en l’état de la condamner, Jésus lui fait comprendre qu’elle n’est peut-être pas meilleure que les autres, mais pas pire non plus. Cependant, il la responsabilise : « Va, ne pèche plus ! »
En une phrase, la voilà pardonnée, réintégrée dans la communauté.
Le philosophe français Michel Henry analyse ce passage comme l’expression éclatante de l’autorité du Christ, miséricordieuse et rédemptrice :
« Où sont-ils ? Personne... Devant le vide laissé par cette retraite, qui ne signifie rien de moins que la débâcle de leur prétendu savoir et, avec elle, celle de la Loi, une sorte de transfiguration se produit. La figure du Christ s'auréole d'un pouvoir qu'aucun homme ne détient. »
Michel Henry (1922-2002), Paroles du Christ, Paris : Seuil, 2002 ; p. 78