Qui a écrit la Bible et comment ? Quel est le rôle du prophète Isaïe dans la rédaction de son livre ? Y a-t-il plusieurs auteurs du Livre d'Isaïe ?
Le film Les chariots de feu, sorti en 1981 et qui reçut de nombreux Oscars en 1982, place un texte d’Isaïe au cœur de son intrigue :
En plus d'être pasteur, Eric Liddel est un athlète hors pair. Il participe aux Jeux Olympiques de 1924. Alors que la course du 100 mètres a lieu un dimanche, ce champion refuse d’y participer et se rend à l’église écossaise de Paris, où il proclame un texte du livre d'Isaïe (Is 40,15), qui éclaire sa propre destinée.
Vision d’Isaïe fils d’Amos qu’il a vue au sujet de Juda et au sujet de Jérusalem aux jours d'Ozias, de Ioatham, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Juda :
– Cieux écoutez et toi, terre prête l’oreille car le Seigneur parle : « J’ai nourri des enfants et je les ai élevés — mais eux se sont révoltés contre moi »
Ainsi parle le Seigneur à mon oint, Cyrus, que j’ai pris par la main droite pour terrasser devant lui les nations et pour mettre les rois en fuite pour ouvrir devant lui les portes afin que les entrées ne lui soient pas fermées. […]
C’est moi qui l’ai suscité dans ma justice et j’aplanis toutes ses voies. C’est lui qui rebâtira ma ville et renverra mes captifs sans rançon ni présents, dit Dieu Sabaot.
Récemment, nous vous avons parlé de
Nous continuons notre making-off de la Bible en essayant de répondre à une nouvelle question : comment la Bible a-t-elle été écrite ?
Revenons au livre d'Isaïe. Spontanément, on pense que s'il s'appelle « livre d’Isaïe », c'est parce qu'il a été écrit par le prophète qui porte ce nom.
Isaïe vécut au huitième siècle avant Jésus-Christ à Jérusalem et fut le contemporain du roi Ozias de Juda, comme en témoigne notre premier texte. Or, notre second texte, extrait lui aussi du livre d'Isaïe, raconte des événements qui se déroulent deux siècles plus tard, lors de l’exil à Babylone sous le roi Cyrus. Par conséquent :
Avec ces deux extraits, nous rencontrons un phénomène assez courant dans la Bible : un texte écrit une première fois, est relu par les générations suivantes qui l'approfondissent, le réécrivent en intégrant des événements historiques dont elles sont témoins. Cette pluralité des écrivains ne nuit pas à l’unité de l’ensemble, décelable par exemple dans une certaine constance des images et des thèmes principaux sur plusieurs siècles.
À cause de cette unité d'inspiration, l'ensemble est placé sous l'autorité d'un seul « auteur » : ici, Isaïe.
Au fil de l'histoire sainte, chaque époque a entendu des échos de la Parole divine. Tandis que les scribes inspirés préservent la pureté des textes qui répercutent ces échos, le peuple de Dieu s'efforce de les entendre aussi dans la vie des hommes, dans les événements historiques. C'est pour cela que les textes sacrés eux-mêmes sont transmis non pas comme des lettres mortes, mais comme des textes vivants, qui évoluent jusqu'à la dernière étape de la révélation.
Le processus de rédaction de la Bible, cette mémoire sans cesse interrogée et renouvelée, cette révélation historique de Dieu nous parle du rapport profond entre le passé, le présent et l’avenir.
« Car le passé éclaire le présent qui tient en lui-même
l’essentiel de l’avenir.
Dans la suite des temps et la succession des hommes,
il n’y a pas d’acte isolé, de destin isolé.
Tout se tient.
Il faut croire à la force du passé,
au poids des morts, au sang et à la mémoire
des hommes. »
Hélie de Saint-Marc, allocution lors de la remise de ses insignes de Grand Officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur le 28 novembre 2011.
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