Quand la Bible a été écrite ? Qui en sont les auteurs ? Y a-t-il un original du texte écrit ? Que représentent les Écritures pour les chrétiens ?
Si on dit James Cleveland, on est nombreux à penser instinctivement à LeBron James, légende du basket américain, numéro 23 lorsqu'il jouait pour la ville de Cleveland...
Mais James Cleveland est surtout l'un des pères fondateurs du Gospel américain des années 1950-1960 ! Et là, le lien avec la Bible est plus évident !
James Cleveland & The Southern California Community Choir interprètent ici God Is, titre-phare de l’artiste, issu de son album A New Day sorti en 1979.
Et c’est bien simple, James Cleveland (1931-1991) est tout simplement devenu un classique du répertoire gospel américain, à tel point que Kanye West lui dédie tout bonnement une sublime reprise de God Is dans son album Jesus is King sorti en 2019.
L’affirmation que « Dieu est Roi » et sauveur vient scander le morceau. Et le point de départ de cette révélation sur l’action de Dieu… se trouve dans les récits bibliques.
On est allé chercher dans ce texte la raison d’être de PRIXM. On ne peut pas lire les Écritures sans être accompagné. C'est la Bible elle-même qui le dit dans le récit qui suit.
L’ange du Seigneur s’adressa à Philippe et lui dit :
— Pars et va-t’en, à l’heure de midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte.
Il partit donc et s’y rendit. Justement un Ethiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d’Ethiopie, et surintendant de tous ses trésors, qui était venu en pèlerinage à Jérusalem, s’en retournait, assis sur son char, en lisant le prophète Isaïe.
L’Esprit dit à Philippe :
— Avance et rattrape ce char.
Philippe y courut, et il entendit que l’eunuque lisait le prophète Isaïe. Il lui demanda :
— Comprends-tu ce que tu lis ?
Il répondit :
— Et comment le pourrais-je, si personne ne me guide ?
Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir près de lui. Le passage de l’Ecriture qu’il lisait était le suivant : « Comme une brebis il a été conduit à la boucherie ; comme un agneau muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre pas la bouche. Dans son abaissement la justice lui a été déniée. Sa postérité, qui la racontera ? Car sa vie est retranchée de la terre. »
S’adressant à Philippe, l’eunuque lui dit :
— Je t’en prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même ou de quelqu’un d’autre ?
Philippe prit la parole et, partant de ce texte de l’Ecriture, lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus.
« [l’eunuque d’Ethiopie] assis sur son char, lisant le prophète Isaïe »
Les personnages des récits bibliques lisent les Écritures et en font régulièrement mention. Autrement dit, la Bible se cite elle-même. Et cela arrive très souvent.
L’exemple éminent de cette structure d’échos et de réponses, ce sont les évangiles et les lettres de saint Paul. En effet, presque chaque verset fait référence plus ou moins explicitement à l’Ancien Testament.
Et pour cause : les évangélistes, tout comme saint Paul, premier grand théologien survenant après la Résurrection de Jésus… sont tous des Juifs ayant reconnu Jésus comme le Messie, ce Messie annoncé par toutes les Écritures.
Les premiers chrétiens sont donc tout logiquement pétris et façonnés par la culture juive, qui est le cadre nécessaire à la compréhension de la vie de Jésus.
Le mot « bible » est issu du terme grec biblia (le pluriel de biblos) et signifie « les livres ». Il désigne le livre retraçant l’histoire de l’alliance de Dieu avec l’humanité.
Mais à vrai dire, la Bible n’est pas véritablement un livre mais plutôt « des livres » comme le montre son étymologie. C’est en effet une immense bibliothèque polyglotte et variée : la Bible existe en plusieurs langues et adopte différentes formes littéraires, comme on en parle ici.
Et pourtant, en dépit de cette gigantesque variété, une unité demeure : tous ces écrits composent un livre unifié.
Pour les Chrétiens, le garant de cette unité n’est autre que Dieu Lui-même, en la personne de l’Esprit-Saint. L'Esprit-Saint a inspiré les auteurs bibliques, aussi divers soient-ils.
Au moyen de formes diverses et variés, les auteurs bibliques racontent ou commentent l’histoire du peuple juif. Ce peuple historique, élu par YHWH, a une responsabilité particulière et est l’instrument du projet divin d’alliance avec l’humanité.
L’accomplissement de l’histoire d’Israël survient avec la venue de Jésus-Christ, Juif dans son humanité et Dieu en personne. Le « Nouveau Testament » débute donc avec la naissance de Jésus.
Allez, en route pour un joyeux listing bien exhaustif ! Cette sublissime énumération un peu relou à lire a tout de même au moins 3 mérites :
L’Ancien Testament regroupe 46 livres, eux-mêmes structurés en quatre parties :
La Torah (ainsi appelée dans la tradition juive) que les Chrétiens nomment le Pentateuque. Il s’agit des 5 premiers livres, fondamentaux, racontant la création, l'histoire des patriarches et surtout l’histoire de Moïse :
Les livres historiques racontant l’histoire d’Israël depuis son entrée en Terre Promise jusqu’au temps des Maccabées (2e siècle avant J-C) :
Les livres poétiques et sapientaux, contenant les Psaumes et les écrits de sagesse
Les livres prophétiques, avec 4 grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Daniel, Ezéchiel) et 12 petits (du coup, tous les autres).
Rebelotte, on vous glisse une superbe liste exhaustive des livres composant le Nouveau Testament selon le canon de l’Eglise catholique. Le plaisir de la rigueur et de la précision...
Les 4 évangiles, racontant la vie de Jésus
Les Actes des Apôtres, récit de la vie des tout premiers chrétiens.
Les épîtres de saint Paul : des lettres envoyées par saint Paul (géographie du premier siècle bonjour) :
Les épîtres catholiques, d’autres épistoles et correspondances des premiers chrétiens :
L’Apocalypse : révélation sur le sens de l’histoire.
Dans quelle langue la Bible est-elle écrite ? Réponse : plein ! Et c’est même un révélateur de sa richesse !
En effet, comme le disait le Frère Olivier-Thomas Venard de l’Ecole Biblique et Archéologique française de Jérusalem, dans un entretien en 2016 :
« Toutes les Bibles actuellement disponibles présentent un texte qui est paradoxalement artificiel : c’est en gros une reconstitution du texte « original » faite par des savants. Le problème est que l’original est introuvable et, dans certains cas, n’a peut-être jamais existé. Car la Bible est moins un livre qu’une bibliothèque qui a recueilli progressivement des livres écrits, édités et remodelés, en deux ou trois langues, pendant près d’un millénaire. Saisies dans l’histoire réelle, les Ecritures se donnent donc d’emblée comme diverses. De même que les Chrétiens ont quatre Evangiles qui racontent la même histoire, mais avec bien des différences entre eux, presque un tiers de l’Ancien Testament se présente à nous en plusieurs versions : en hébreu, en grec, en latin, en syriaque, elle-même diversifiées, sans que l’on puisse donner de priorité absolue ni systématique à l’une d’entre elles. Or ceci n’est pas un défaut à corriger, c’est une richesse ! »
C’est ce que dit l’auteur du Psaume 62 (on en avait déjà parlé) :
« Dieu a dit une chose, j’en ai entendu deux »
Autrement dit : quand le vrai Dieu parle aux hommes dans leur langage, sa parole produit d’emblée de la pluralité.
C’est la question que pose Philippe à l’eunuque tandis qu’il lit le Livre d’Isaïe dans l’Ancien Testament
— Comprends-tu ce que tu lis ?
— Et comment le pourrais-je, si personne ne me guide ? (Ac 8, 31)
S’il faut un guide pour lire les Ecritures, ce n’est pas seulement parce que les textes sont compliqués. C’est parce que la Bible ne peut être interprétée, sans risque, qu’à l’intérieur de la communauté qui l’a écrite et qui en est l’intendante (comprendre ici : la tradition juive et, à sa suite, les traditions chrétiennes).
L'un des ressorts profonds de compréhension et de révélation de l’inspiration à l’œuvre dans la Bible, c’est l’histoire de sa réception.
On laisse à nouveau la parole au Frère Olivier-Thomas :
« Nous ne sommes pas les premiers à lire les Ecritures et, que nous en soyons conscients ou non, notre lecture n’est jamais naïve et toujours pleine d’images, d’interprétations de ces textes qui peuplent notre mémoire, individuelle et collective. Pour bien comprendre un récit biblique, il vaut donc la peine d’en prendre conscience, et de découvrir non seulement la manière dont les religieux juifs et chrétiens l’ont commenté à travers les siècles, mais aussi celle dont les auteurs littéraires s’en sont inspirés, les peintres l’ont représentés, les musiciens mis en musique, les cinéastes en film, etc. On doit donc étudier aussi la peinture de Fra Angelico, le Nabucco de Verdi, les sculptures de Michel-Ange ! »
Et c’est exactement ce qu’on fait avec PRIXM, en donnant toute sa place à la musique, la peinture, la littérature ou la philosophie, pour enraciner la compréhension de la Bible dans les compréhension successives que les hommes établissent.
D'ailleurs, c’est là ce qu'on appelle un « cercle herméneutique », comme on en parlait avec Tolkien.
Pour répondre très simplement à la question de savoir si la Bible a inauguré des « religions du Livre », la réponse est claire : non. De fait, le judaïsme et le christianisme ne sont pas des religions « du » livre, mais des religions « avec » livre.
Car l’expression « religion du livre » est relative à l’islam dans son rapport au Coran, mais ne s’applique pas aux religions juives et chrétiennes.
A la question de savoir quelle est la valeur de la Bible, le Frère Olivier-Thomas Venard nous offre une réponse lumineuse : il s’agit tout bonnement d’un gigantesque aide-mémoire de l’histoire humaine et divine.
« Pour les catholiques, l’Ecriture a statut d’aide-mémoire. D’aide-mémoire sacré, peut-être, que l’on embrasse, que l’on encense dans la liturgie, mais d’aide-mémoire. Pour le dire autrement : je ne crois pas que le Christ est ressuscité parce que c’est écrit dans le livre, mais cela a été écrit dans le livre parce qu’au point de départ des témoins ont raconté leur rencontre avec lui et qu’on a voulu garder une trace ! Le cœur, dans le christianisme, n’est pas un livre, mais la personne de Jésus-Christ : Dieu venu dans la chair pour se manifester, se dotant de cordes vocales, de poumons, d’une bouche, de tout un corps pour parler, en mots et en actes, et transmettre un message vital, crucial aux hommes. »